S’il est bien un lieu emblématique d’une certaine France agricole et conviviale de la première partie du 20° siècle, c’est assurément les Bars, Cafés et Restaurants des petites communes des campagnes profondes. Dans certains villages de notre Département on a compté parfois un débit de boissons pour 100 à 150 habitants.
Grâce au témoignage de Madame Eliane Fontaine, que nous remercions, et dont la mère était elle même tenancière d’un de ces établissements, nous tentons de faire ici un récapitulatif des débits de boissons de Sepmes jusqu’aux années 1950. C’est à partir de cette période que le monde agricole traditionnel français a été englouti dans la mondialisation et ses mutations profondes: effet collatéral, là où on dénombrait 9 Bars et Cafés il n’en reste qu’un.
Avant de faire l’inventaire de ces lieux de socialisation où la population pouvait se retrouver (en dehors des lieux de cultes), rappelons que si certains établissements se présentaient comme des commerces bien individualisés, d’autres n’occupaient qu’une partie d’une maison privée où la femme était la responsable de la distribution des boissons. Sans parler des bars où l’épouse officiait mais qui étaient jumelés avec le commerce du mari exerçant une autre profession.
Nous indiquons sur un plan de Sepmes les emplacements des différents établissements mais nous ne sommes pas en mesure d’indiquer pour chacun la date de création ni sa date de fermeture; en gros, ces débits de boissons ont été en activité depuis la fin de la première guerre mondiale (et parfois avant) jusqu’aux années 50 ou 60. Tous n’ont pas été simultanément en activité. (Fig 1)
- 1 Le Café de la Gaité. Situé sur la route de Draché. Il était tenu par le père Philibert (Blanchard?) qui y jouait de l’accordéon. Il datait d’avant 1936. Le local a été repris par la famille Barillier charpentiers, menuisiers.
- 2 Le Café Prosper Gaudron, actif dès les années 1920, sur la route de Bossée, face au gîte.
- 3 Le Café de la Paix. Situé face à l’église, actif dès les années 20-30, et tenu par l’épouse d’Albert Roy. Celui-ci était bourrelier et son commerce jouxtait le Café de la Paix. (Fig2)
Une photo existe mettant en scène les acteurs de ces commerces dont les noms ont été conservés. De gauche à droite: Paul Arnaud, maçon, habitant sur la route de Sainte Maure, son ouvrier Doury, habitant les Côteaux, « Gaby » Destouches, ouvrier agricole avec sa canne, son voisin de gauche n’est pas identifié. En haut des marches sur le perron du café, la serveuse (dite « torticul »), puis Madame Roy avec sa fille Yvette devant elle (née en 1933; ce qui permet de dater la photo de 1934 ou 35). Albert Roy bourrelier est à ses cotés, entre deux licols. Vient ensuite Raphaël Poitevin, brûleur à l’alambic, et père de « tintin » qui était facteur à la poste de Descartes. Debout à sa gauche, « Bedu », père Guérin, agriculteur qui exploitait la ferme qui était dans le bâtiment derrière la Mairie et aujourd’hui proposé comme gîte. Derrière « Bedu » un ouvrier agricole. (Fig3)
A cet emplacement un autre bar, tenu par Alfred Auger, avait existé avant la première guerre mondiale.
- 4 La Croix Blanche était un Café, Hôtel, Restaurant tenu, après son père, par Mell. Duvigneau (dite « Maria », née vers 1880) qui épousa Maurice Bourgueil. A noter que la Croix Blanche proposait un service de voiturier depuis 3 générations. Cet établissement fut fermé en 1966 puis repris par les fabricants de chaussures Gounin, d’Amboise, qui y établirent pendant quelques années un atelier de fabrication. (Fig 4 à 6)
- 5 Le Café de l’Agriculture. Situé sur la rue principale, il était tenu entre les deux guerres par Emma Marchand, de Sepmes, épouse d’Eugène Fontaine, maréchal ferrant dont l’atelier jouxtait le débit de boissons. (Fig 7)
- 6 Le café du Centre, était sur la Rue de la République, après avoir tourné vers Sainte Maure. Lui aussi était un établissement double: une bourrellerie, tenue par Mr Cogneau Victor, et un café tenu par sa femme Victoria, qui vendait aussi de la presse et des cartes postales de Sepmes éditées par les commerçants eux-mêmes. Au début du 20° siècle la bourrellerie était sur la rue principale, à coté de la Boucherie; elle fut déplacée avec la création du café, vers la Route de Sainte Maure. Ce café est le seul encore en activité en 2022. Après la famille Cogneau il fut tenu par Clément Picault puis les Gouais. (Fig 8 à 10)
- 7 Le Café de l’Union, tenu par Laura Fontaine, sur la route de Sainte Maure, sur le trottoir d’en face du Café du Centre. Avant 1938, ce café était tenu par Mme Grison.
- 8 Mme Déroze, tenait un petit débit de boissons dans sa maison située sur la droite de la route de Descartes en partant de l’église.
- 9 Le Café de la Promenade, tenu par Madame Sassier, dans les pittoresques coteaux, face à la salle de bal. Il fut en activité entre les deux guerres et dans les années suivantes.
C’est donc 100 ans au moins de la vie de Sepmes qu’on pourrait faire défiler en se penchant sur les bars, et cafés de la communes: les femmes et les hommes, les activités et métiers, les unions entre les différentes familles, la permanence de l’urbanisation malgré la disparition des commerces, les bouleversements de la vie quotidienne et le changement de monde…
La mémoire est un devoir si l’on veut éviter que des erreurs du passé ne se perpétuent.
Nous remercions toutes celles et ceux qui voudraient bien compléter ou rectifier les informations de ce post; ou apporter de nouvelles illustrations.
Encore Merci pour tous ces articles fort intéressants sur le passé sepmois !
Ci-joint, des cartes postales et des photos d’un ami lochois.
Et hier !
Toujours hier !
Hier, toujours et encore !
…Et aujourd’hui !
Merci. J’ai effectivement encore beaucoup de cartes postales de Sepmes et je les utiliserai petit à petit en fonction des thèmes créés.