Dans tous les villages, autrefois, des commerçants tenaient des boutiques de fournitures alimentaires ( pain, viande, épicerie…) et proposaient les biens les plus courants (mercerie, tabac, presse…)
Mesdames Raymonde Janvier et Marcelle Saulquin, lors d’un travail approfondi sur l’histoire de la Chapelle Blanche Saint Martin, ont récapitulé jusqu’en 1921 les types de commerces et artisans qui étaient autrefois établis dans le bourg. Leurs travaux sont disponibles sur le site de la commune et contiennent des informations très intéressantes.
A partir des « trente glorieuses », les commerçants et artisans de la commune ont pratiquement tous disparu et c’est pourquoi il nous semble important de rappeler leur épopée qui illustre un siècle (1861-1973) qui a vu la France passer du statut de première ou seconde puissance mondiale, à celui de province d’une Europe décadente.
Nous proposons de localiser sur un plan de la commune les emplacements des commerces et ateliers pour la période citée. Pour ce faire, nous faisons appel aux informations du site de la commune, que nous complétons par de plus récentes (issues d’un annuaire départemental de 1928 fourni par un fidèle lecteur de ce blog), et surtout par les souvenirs de Mme Marcelle Saulquin que nous remercions.
C’est en 1861 qu’apparaissent la première boucherie (Mr. Armand Croué) et la première épicerie (Mr. L. Guimpier) à la Chapelle Blanche. Et malgré le déclin de la population, les décennies suivantes voient une forte augmentation du nombre des commerçants et artisans dans le bourg.
En 1896, le bourg comporte une soixantaine de maisons pour 210 habitants (alors que la campagne en accueille encore 668). On y trouve 5 aubergistes, 6 épicières, 2 boulangers, 1 boucher, 1 huilier, 1 marchand de grains, 1 marchand de porcs, 1 marchand d’engrais, 1 buraliste et un chiffonnier.
En 1901 on compte pour les commerçants: 6 aubergistes débitants de boissons (Joseph Bérrué, François Delhommais, Louis Gentilhomme, Mr Lauriu, Mr Martineau, et Madame veuve Michaud) 2 hôteliers (Louis Gentilhomme pour l’Hôtel du Commerce, et Mr Laurin pour l’hôtel de Bellevue), 1 boucher (toujours Armand Croué), 2 boulangers (Mrs Penneret et Boireau), 4 épicières- mercières (Mmes Cathelin, Chevreuil, Cormier, Guimpier et Saulquin), 1 Débit de tabac (Mr Félix Bernier), 1 marchand d’engrais (Joseph Julienne dit Léon), 1 marchand de grains (Louis Gentilhomme), et 1 marchand de porcs (Mr Viou)
Les artisans répertoriés en 1901, sont: Mr Gauthier bourrelier, Mr Moreau cordonnier, Mrs Guimas et Lussault, sabotiers, Mrs Félix Bernier et Mr Deschères, menuisiers, Mrs Berlault, Bertrand, Ondet et Martineau, charpentiers, Mrs Jules Gagneux et Mr Chevreuil, charrons, et Mrs Guimpier et Montes, maréchaux ferrants.
En 1921, vingt ans et une guerre mondiale plus tard, on retrouve quelques noms bien connus de la commune:
- Le boucher est encore un Croué (André). Il dispose d’un abattoir proche de sa boutique
- Le boulanger est toujours Mr Penneret (mais il est tout seul)
- Il y a encore 5 épiceries avant tout tenues par des femmes (Mme Chrétien apparentée à Naullet, qui vend aussi le tabac et la presse, Mme Granger- Boireau, Mme Guimpier, Mme Saulquin et Mme Cathelin-Biziou qui vend aussi de la mercerie.
- C’est Gabriel Saulquin qui fait le commerce des grains, des engrais et de l’huile.
- Mr Naullet tient l’Hôtel du commerce et Mme Guimpier- Roullet l’Hôtel de Bellevue. Des auberges sont associées aux hôtels: André Croué à l’Hotel du commerce (qui jouxte sa boucherie), Mme Gaultier à la gare, Mme Guimpier-Roullet à l’Hotel Bellevue, Monsieur Jouteux au café du Centre et Ernest Martinaud au « Café Martinaud ».
- Les journaux sont disponibles chez Mrs Granger, Lussault et Saulquin,
- Le tabac est distribué chez Mr Neau
- Mme Dubois et Mme Doucet sont lingères
- Il y a 8 femmes couturières à façon et travaillent surtout dans les familles (Mesdemoiselles Berleau, Bernier, Charcelay, et Mmes Déchères, Léger, Martineau, Saulnier et Sybilleau)
- Mr Déchères est ébéniste (il travaille chez les clients)
- Mrs Bodier et Moreau sont cordonniers,
- Mrs Lussault et Rossignol sont sabotiers.
- Mr Saulnier est coiffeur
- Un horloger (Arsène Sauvé) travaille dans la commune,
- Une scierie (Mr Martineau) est installée dans le bas-bourg (route de Bournan
- C’est Mr Ondet qui est charron
- Les maréchaux ferrants sont Mrs Guimpier et Martineau. Mr Guimpier s’occupe aussi des machines agricoles.
- Les charpentiers sont Mrs Berlault, Martineau Abel et Ondet.
En 1928 l’annuaire départemental d’Indre et Loire confirme une situation qui semble immuable (fig 1) même si pparaissent des maçons: les frères Signolet Ernest et Gaston, ainsi que Mrs Arnault, Saulnier et Sybilleau. On signale aussi des distillateurs. D’abord Bourreau père et fils installés au bas-bourg, avant la rue du Paradis, puis Caillau et Cathelin, installés en sortie de bourg sur la route de Ligueil en face de la ferme Naullet.
1- Boucherie Croué. 2- Epicerie Madame Guimpier. 3- Mr Guimpier Maréchal ferrant. 4- Hotel Bellevue (Mr Guimpier) et café tenu par Mme Guimpier. 5- Boulangerie Penneret. 6- Maréchalerie Gangneux après reprise de la maréchalerie Guimpier (et transfert de 3 à 6). 7- Café de Jules Martinaud (également associé dans la scierie de Mr Berlault). 8- Huilerie Saulquin. 9- Epicerie Saulquin. 10- Grains Saulquin Gabriel. 11- Première poste télégraphe. 12- Mr. Bodier cordonnier. 13- Epicerie Mercerie Boireau. 14- Gauthier Joseph Bourrelier. 15- Epicerie Cathelin-Biziou. Local repris entre les deux guerres par Gabriel Martinaud charpentier (fils de Jules). 16- Presbytère. 17- Second bureau de poste. 18- Café Jouteux (Café du centre). 19- Mr Saunier coiffeur. 20- Mr Ondet Charron. 21- Maréchalerie Abel Martinaud. Son épouse est couturière. 22- Café Martinaud. 23- Hotel du Commerce et auberge Croué. 24- Abattoir Croué. 25- Ferme Baron (anciennement Perret). 26- Ferme Gallier. 27- Ferme Naullet route de Ligueil. 28- Scierie Berlault jusqu’en 1938. 29- Scierie Berlault après 1938. 30- Café de la gare Mme Gaultier. 31- Epicerie presse Mme Chrétien. 32- Distillateurs Bourreau. 33- Distillateurs Caillau puis Cathelin.
Ci dessous des photos anciennes ou cartes postales montrant les commerces évoqués (Fig 4 à 9)
Il suffit de cliquer sur les images pour les agrandir. Les refermer en cliquant sur la croix à droite.
Les noms propres sont parfois orthographiés de plusieurs manières. Sachant que des erreurs de recopie se produisent et que des noms de famille assez proches existent dans la commune, nous avons respecté les orthographes que nous avons trouvé sans chercher à les rectifier. Si des lecteurs disposent d’informations à ce sujet, ou constatent des erreurs, nous les remercions de nous les faire connaître.
Merci pour cet article très intéressant! C’est Incroyable d’imaginer tous ces commerçants dans un petit village comme La Chapelle Blanche.
Merci de votre commentaire.
Oui, je trouve fascinant de penser que tant de personnes furent actives dans tous ces bourgs, émanations de structures sociales vivantes et appuyées sur tant de siècles d’histoire. J’ai le sentiment que tout ce petit monde, reproductible dans doute à l’échelle de toute l’Europe, était capable de vivre et créer par lui même, au rythme des saisons, bonnes ou mauvaises, sans épuiser la nature. Tout a basculé. Que seraient nos villages aujourd’hui sans les directives européennes, sans les plans d’investissements pour les énergies renouvelables, les décisions des communautés de communes, les choix des multi-nationales? On a sous les yeux la disparition des artisans, commerçants et professions indépendantes. On voit chaque jour les réductions d’effectifs chez les agriculteurs. Aux villages sans activité commerçante ou artisanale, répondra la campagne sans agriculteurs. Un bourg de 60 habitations deviendra une cité dortoir de centaines de logements. Les parcelles de vignes et les zones humides deviendront des « champs d’éoliennes »…
L’avenir du monde, la protection de l’environnement, la sauvegarde des populations menacées ne peuvent pas se payer de la mort de nos territoires. Reconnaissons nos erreurs. Mais il y a des complices de ce massacre, et ils en tirent profit. Ne les lâchons pas des yeux et n’oublions rien.
Un grand MERCI pour toutes ces compilations ! J’imagine mieux la vie de mes arrière grands-parents et de mes grands-parents parents ont qui habité dans le hameau de La Voltière !