S’il n’existe pas de moulin sur la Riolle (il semble ne jamais y en avoir eu) les 4 communes de la Riolle profitent d’autres cours d’eau qui ont vu l’installation de nombreux moulins: la Ligoire, l’Esves et la Manse. A Bournan, un lieudit, situé sur la Ligoire, porte le nom de moulin de Saint Paul car un moulin y fonctionnait jusqu’à la fin du XIX° siècle. Selon Carré de Busserolle, il aurait existé, avant la révolution, une chapelle portant le vocable de Saint-Paul tout près de ce moulin. Actuellement ne subsistent que quelques bâtiments et des élargissements de la rivière. Mais le moulin en lui même disparu. (Fig 1 à 4)
– En 1683, Nicolas Cagner, journalier et Antoine Fouquet, meunier, exploitaient le moulin de Saint-Paul. (Archives Départementales d’Indre et Loire – A.DI.L.- Série 3 E 33 liasse 563)
– Le 14 décembre 1750, René Bernier, fermier du moulin de Saint-Paul baille à titre de ferme ledit moulin à Jean Leblanc et Madeleine Bernier. (A.D.I.L.Série 3 E 33 liasse 114
– En 1754, René Bernier meunier, exploitait ce moulin avec Jean Delaunay, maître meunier. (ADIL Série 3 E 33 liasse 622)
– A la veille de la révolution, le Moulin de Saint-Paul appartenait à la famille d’Angé d’Orsay, dont nous reparlerons.
– Le recensement de 1836 nous apprend que c’est une famille Chartier qui exploite ce moulin. Dix ans plus tard les mêmes exploitent toujours ce moulin avec leur fils François marié à Jeanne Leblanc. En 1851, François Chartier et Jeanne Leblanc succèdent à leur parents avec leurs deux enfants Louis et Jean.
– 1948, à la suite de l’arrêté préfectoral du 1er juillet instaurant un nouveau règlement hydraulique aux moulins de la Ligoire, un plan détaillé du moulin de Saint Paul, de ses abords ainsi que des profils, est dressé par l’ingénieur hydraulique en Mars 1855. (Fig 5 à 8)
Le plan du moulin montre que la roue motrice a un diamètre de 4,56 m et une largeur de 0,55m.
– En 1855 c’est un Monsieur Fournier qui exploite le moulin de Saint Paul. De nouvelles propositions viennent modifier le rapport précédent. Une nouvelle enquête est envoyée au Préfet qui l’entérine le 22 juin 1855: « Le sieur Fournier est autorisé à maintenir en activité une usine destinée à moudre le blé qu’il possède sur la Ligoire à Bournan. (Fig 9)
sous réserve que des travaux d’amélioration soient effectués dans un délai d’un an. (A.D.I.L. Série S 5554)
– En 1860, la veuve Dissart est propriétaire de ce moulin. Le 6 avril 1860, le conducteur des Ponts-et-Chaussées du service hydraulique vérifie si les travaux prescrits, et notamment la pose d’une borne repère a bien été réalisée: « Après examen et vérification, nous avons reconnu que la veuve Dissart s’est bien conformée dans les prescriptions de l’arrêté précité. Le repère consiste en une borne en pierre de taille scellée dans le mur du bajoyer et entourée de maçonnerie. Elle est placée sur la rive droite à 4,40 m en amont de la vanne motrice et a une cote de 0,31. Elle fait saillie de 0,13 m sur le nu du mur et elle porte sur la face en regard du bief un trait horizontal de 0,01 m de large sur0,01 de profondeur gravé dans toute la face de cette pierre et qui correspond au zéro indiquant le niveau légal de la retenue et le dessus de cette pierre est placée à 0,13 m au-dessus du niveau légal de cette retenue. » (ADIL Série S 5554)
– Le 16 Juin 1860, le Préfet « considérant que les travaux sont exécutés conformément aux dispositions prescrites, est d’avis qu’il y a lieu d’en accorder la réception définitive » ( A.D.I.L. Série S 5554)
– En 1876, Henriette Leblanc et son mari François Bouquet exploitent le moulin avec leurs enfants Henriette, Henri, Marie et François. Ce moulin à farine avec une roue à pales de côté avait un débit de 0,240 m3/ seconde, une hauteur de chute d’eau de 2m, une puissance brute de 4,75 KW, une puissance utile de 2,25 KW.
– Les recensements de 1886 à 1901 nous montrent que les meuniers en titre sont Joseph Destouches et Marie Gardereau, leurs 3 enfants Joseph, Louise et Mathilde.
– En 1902 Louis Amirault et Marie Gatillon sont les nouveaux métayers du moulin et le sieur Brault propriétaire. Mais bien des déboires sont observés. Le 7 novembre 1902 ils adressent aux services hydrauliques de Tours une lettre les informant que leur usine ne fonctionne plus… (Fig 10)
Le 2 décembre 1902 la réponse est claire: « Il convient de faire connaître au sieur Brault qu’il ne pourra être déchargé des obligations que lui imposent l’ordonnance du 7 juillet 1824 et l’arrêté préfectoral réglementant l’usine qu’à la condition de supprimer complètement toutes les vannes de décharge et ouvrages de retenue du moulin de Saint Paul ». ( A.D.I.L. Série S 5554)
C’est ce que font les propriétaires: c’en est donc fini du Moulin de Saint Paul en tant qu’usine pour produire de la farine.
Un certain nombre de bâtiments ont été conservés et ont abrité des familles: en 1921 Louis Robin et son épouse Léontine; en 1926 c’est Victor Brunet et Marie Barroux et leurs 2 enfants Edmond et Robert qui y demeuraient; en 1936 c’était André Magne et ses 3 enfants André, Jean et Claudette. Actuellement les bâtiments sont habités et un plan d’eau jouxte la Ligoire.
L’ensemble des informations ci dessus proviennent du fond réuni par Henri Detroussel à partir des documents des Archives Départementales d’Indre et Loire, au sujets des moulins du Ligueillois.
Merci ! Je ne savais pas que les règlements étaient aussi stricts pour les moulins !
En fait, les documents d’Henri Detroussel donnent encore plus d’informations sur les réglementations. Les consignes sont détaillées sous forme d’articles, comme pour une loi. C’est très précis et dirigiste. Sans doute est-ce le prix pour que les cours d’eau soient correctement entretenus.