Le puits du château de Sepmes

Les puits sont toujours des lieux qui stimulent l’imagination. Entrées vers le centre de la terre, réserves d’eau, risques d’accidents, ou menaces de mise à mort…trop d’histoires fantastiques ou de témoignages historiques sont liés aux puits, pour que nous ne soyons pas happés par les divagations dès qu’on s’y penche pour en observer le fond. D’autant que le vérité en sortirait…

Combien de dizaines de puits dans la vallée de la Riolle? Combien d’histoires à découvrir ?

Le château de Sepmes, dans sa cour intérieure, coté nord, présente une grande margelle de puits. Au centre de cette margelle, au niveau du sol, une grille interdit qu’on puisse y faire tomber des objets.

André Montoux, dont on connait le sérieux du travail, a écrit en 1974, dans le chapitre de ses « Vieux logis de Touraine » consacré au château de Sepmes (1):

« Dans la cour, trois têtes monstrueuses ornent la margelle d’un puits. A 35 mètres de profondeur, l’eau, paraît-il, recouvre une porte de fer qui n’a pas encore livré son mystère. » (Fig 1 à 3)

Qui nous dira si cette porte existe vraiment? Si cette porte existe, elle ne peut être installée que dans la paroi verticale du puits. Sous l’eau? Vers quel souterrain plus ou moins inondé, cette porte donnerait-elle accès? Quel bâtiment ce souterrain rejoindrait-il? De quand daterait cette porte mystérieuse?

Nous devrions le savoir, puisque que le fond du puits du château de Sepmes a été l’objet de visites « officielles », durant le troisième quart du XXe siècle.

• Le 2 janvier 1944, la résistance de Sepmes (réseau sous l’autorité de l’abbé Péan), reçoit du Royaume-Uni des containers chargés d’armes et de matériels de communication, largués de nuit, par avion, sur un terrain au dessus de la Roche-Ploquin. La vicomtesse de Poix, et bien d’autres sepmois, participent à cette opération. Il faut citer ces personnes: Cellier, Pierre Renard, Alphonse Cathelin, Robert Marquant, Mesdames de Poix et Simon, seront déporté(e)s. François Xavier Schmidt, Pascal Rentien et Marius Saint Aubin parviennent à s’échapper. L’abbé Péan sera torturé et exécuté à Tours.

Le matériel récupéré a été distribué ou caché: au château de la Roche Ploquin, dans la maison voisine de celle de Marius Saint Aubin (le garagiste), dans une cave à l’entrée de Sepmes, où dans divers endroits dont certains tenus secrets par l’abbé Péan. « Une caisse de pistolets mitrailleurs américains, neufs, encore emballés de papier gras, a été vue dans un grenier du centre de la commune de Draché dans les années 1990 » (2)

Le 16 février, les allemands découvrent la cave où certaines armes avaient été cachées. Pour éviter d’autres découvertes  par les allemands, « Raoul Bourgueil, propriétaire du vieux château (château de Sepmes), jette dans le puits, dans la cour, deux pistolets-mitrailleurs, des cartouches et un poste-émetteur. Si ce dernier, qui s’est écrasé au sol, est hors-service, les armes seront récupérées au moment du débarquement de Normandie par André Fauvel, qui, aidé par la propriétaire, descendra au fond du puits » (2)

Ce témoignage semble indiquer qu’il n’y avait pas d’eau au fond du puits du château de Sepmes. La porte indiquée par A. Montoux apparait alors plus vraisemblable. Mais elle n’est pas évoquée.

• En 1970 (peut être en 1971, selon certains), une filette qui jouait avec des amis, est tombée dans ce puits. La hauteur de la chute ne lui a laissé aucune chance. C’est Monsieur Dugué qui avait retiré son cadavre du puits. Il semble qu’il n’y avait pas d’eau au fond du puits. Un article a dû paraître dans la Nouvelle République à cette occasion. Il serait interessant de le retrouver.

Quels autres évènements se sont produits, autour, ou dans ce grand puits depuis les siècles qu’il existe?

Bibliographie

1- Montoux A. Vieux logis de Touraine, CLD éditeur 1974

2- La vicomtesse Marie-Thérèse de Poix, au coeur de la Résistance. Anovi édit, 2015.