De nombreuse cartes postales, plus ou moins anciennes, montrent divers endroits des communes de la Riolle. Pourquoi ne pas utiliser ces cartes postales pour objectiver les changements réalisés dans la vie des villages? D’autant que de nombreux indices peuvent être relevés: les bâtiments, les routes, les arbres, les publicités affichées, les véhicules à moteur ou à cheval, les gens eux mêmes et leurs habits, les commerces, et tous les objets qui sont visibles. Divers éléments aident aussi à dater les cartes postales, que ce soient les timbres ou des équipements de voirie.
Régulièrement ce blog publiera des face-à-face entre une carte postale d’un lieu de la Riolle, et le même endroit photographié au présent; pour matérialiser les différences et identifier les invariants. A un siècle d’écart parfois.
- Ce premier essai concerne Civray sur Esves, avec une carte postale prise en venant vers le village par le chemin du Moulin. Deux personnes y sont visibles: une femme souriante et un garçon, de profil. Tous deux semblent en bottes. (Fig 1)
Le clocher domine la photo, peut être en meilleur état qu’aujourd’hui. Un gros arbre (peut être deux?) se trouve sur la droite, pratiquement à l’embranchement de la route de Bournan. Un chêne vraisemblablement; il a disparu.
Et puis sur la gauche, un long mur: celui du cimetière, couvert de lierre à son sommet. Il est toujours là et le petit cimetière aussi. Juste à la verticale de la femme souriante, dépassant du mur du cimetière, on distingue un crucifix métallique dressé sur une tombe. Il est toujours là, mais la tombe correspondante ne mentionne plus aucun nom ni aucune date.
Sur la droite de l’image on voit deux barriques qui ne semblent pas être destinées à du vin, et elles paraissent ouvertes. Des barriques pour stocker quoi?
La carte postale, en réalité, pourrait être une photo de chantier, en fin de journée d’hiver: l’élagage et le débitage des arbres (des peupliers?) qui avaient grandi le long du chemin, sur le talus longeant le mur du cimetière. On devine des souches et on voit, au sol, de grosses billes de bois issues des troncs abattus. En arrière plan de la femme, un appentis léger est adossé sur le mur du cimetière, des branches soutenant l’auvent de fortune. Sous cet appentis sont rangées les longueurs du bois récupéré, d’environ 1 mètre. Mais on ne remarque aucun outil. S’agit-il vraiment d’un chantier d’entretien de voirie?
A la gauche de la femme, un peu en arrière, au sol, parmi des pierres, on distingue ce qui pourrait être une grande bassine.
Pour les bâtiments, on distingue ceux qui entourent le cimetière et ceux qui, de l’autre coté de la route de Descartes, sont situés plus près de l’église; sans pouvoir en évaluer l’état.
- Si l’on observe une photo du même endroit, prise autant que possible sous le même angle, quelles sont les différences et les choses maintenues? (Fig 2)
Il faut observer tout d’abord que le chemin a du être creusé: le talus le long du cimetière est plus volumineux et la pente est plus raide en remontant vers le centre du village. Ce n’est pas qu’un effet d’optique lié à l’objectif de l’appareil photo.
Les arbres qui étaient en cours d’abattage n’ont pas été replantés; le talus est nu. Il faut dire qu’une ligne électrique a été installée et semble passer juste au dessus du talus. Les arbres ont-ils été enlevés pour permettre l’électrification du bourg? Au dessus du mur du cimetière on aperçoit le crucifix métallique qui était sur la carte postale. (Fig 3) Dans le cimetière, comme sur le talus extérieur, des arbres ont disparu.
L’église domine toujours les quelques bâtiments qui étaient visibles sur la carte postale: ils semblent n’avoir pas été modifiés à deux exceptions près: des fenêtres de toit ont été ajoutées sur la maison accolée au sud du cimetière, et le mur (ou le bâtiment) qui jouxtait la maison d’angle sur la route de Sepmes, a été réduit de hauteur.
Des panneaux indicateurs fixés sur un poteau normalisé ont été ajoutés à l’angle de la route de Descartes. Une première série de plaque directionnelles, directement apposée sur la maison, n’est pas distinguable sur la carte postale mais existaient peut être. Ces plaques ont été conservées et c’est une heureuse idée.
Est-ce de l’absence d’arbres que nait cette impression de nudité sur la photo d’aujourd’hui, comme si le village était immobile? Sont-ce la présence des deux personnes et les marques de l’activité d’élagage qui donnaient ce coté dynamique à la carte postale? Il faut dire aussi que la population de Civray, depuis l’époque de la carte postale, a sans doute été divisée par deux. 430 habitants en 1809, 406 en 1911 et 203 en 2018.
Peut-être certains lecteurs auront-ils des informations complémentaires sur le Civray de la carte postale? Si ces photos vous inspirent des commentaires ils seront les bienvenus.
Par ailleurs, si vous avez d’autres cartes postales de Civray sur Esves nous serons heureux de les publier ici.
Ce post est dédié au grand père de Michel Lhéritier