Depuis 10 ans notre petite Riolle se gonfle de crues qui semblent de plus en plus fréquentes. Le tapage médiatique invoquera bien entendu le « changement climatique ». Peut être. En tout cas si l’on prend les chiffres de la pluviométrie en Touraine de 2010 à 2020 (inclus), la moyenne annuelle est de 682 mm de pluie. Les variations extrêmes pour cette décennie sont de +13% (775,8 mm en 2012) et de – 18% en 2017 (551,7 mm), ce qui ne semble pas extraordinaire. Mais les agriculteurs le savent bien: autant que la quantité d’eau qui tombe, ce qui importe c’est la période à laquelle arrive la pluie et le rythme des averses; une trombe de 8 mm n’a rien à voir avec une semaine de pluie apportant tranquillement ces 8 mm! Il y a des pluies utiles et des pluies dramatiques, celles qui provoquent le lessivage des sols, des dommages aux cultures et créent des inondations stérilisant les sols.
Mais, pour limiter les calamités incontrôlables il faut entretenir la Riolle. (Fig 1 à 6)
La Riolle est un cours d’eau privé. Cette courte affirmation appelle deux explications.
Qu’est ce qu’un cours d’eau? Il n’existe pas de définition légale du « cours d’eau ». Les cours d’eau sont caractérisés par la présence et la permanence d’un lit naturel à l’origine; par l’écoulement d’un débit suffisant durant une majeure partie de l’année; et s’y ajoutent des critères complémentaires comme par exemple la présence d’espèces aquatiques comme des poissons, des crustacés, des invertébrés ou des plantes .
Que signifie cours d’eau privé? « Privé » veut dire que les riverains de ce cours d’eau en sont propriétaires de la moitié du lit qui jouxte leur terrain. Cela veut dire aussi qu’ils en sont responsables de l’entretien.
Comment entretenir un cours d’eau? Les informations étaient disponibles sur le site ONEMA qui a été incorporé à l’organisme dénommé » Office Français de la Biodiversité »
L’entretien a pour objectif « de maintenir le cours d’eau dans son profil d’équilibre, de permettre l’écoulement naturel des eaux et de contribuer à son bon état écologique, notamment par enlèvement des embâcles, débris, et atterrissements, flottants ou non, par l’élagage ou recépage de la végétation des rives » (Code de l’environnement).
On voit bien qu’il s’agit là d’un travail considérable, et permanent, que les agriculteurs ou propriétaires forestiers, ou riverains auront rarement le temps de faire: faucher, déblayer les branchages tombés ou emportés par le courant, tailler ou élaguer la végétation des rives, remonter les talus endommagés par les ragondins ou les castors, évacuer la terre amenée par les crues…Le matériel nécessaire et le temps à consacrer sont considérables alors que la main d’oeuvre et les moyens diminuent. (Fig 7)
On peut lire que si le propriétaire ne peut se charger de l’entretien il peut le faire réaliser par des collectivités locales (communes, syndicat de rivière, après validation par le Préfet). Mais, les moyens et les hommes sont-ils, là, vraiment plus importants?
Et puis, il y a un certain nombres de travaux d’entretien qui nécessitent, même si le propriétaire riverain peut les réaliser, de déposer un dossier préalable auprès de la DDTM. Ces travaux assujettis à la dépose d’un dossier concernent le curage du lit, la modification de l’état naturel des berges sur plus de 20 m, un busage de plus de 10m, aménager un ouvrage de plus de 20 m qui pourrait constituer un obstacle à l’écoulement des crues, réaliser un remblai supérieur à 400 m2, assécher une zone humide supérieure à 0,1 ha, drainer des terres sur une surface de plus de 20 ha. (Fig 8)
Entre l’entretien indispensable que le riverain est sensé faire, et l’établissement des dossiers préalables nécessaires aux aménagements, les difficultés ne sont pas minces. Elles expliquent peut être que certains endroits de la Riolle soient l’objet de crues dommageables.
Et puis, il y a bien des questions qu’on peut se poser quand on voit lia diminution du nombre d’arbres au bord de la Riolle. (Fig 9 et 10)
La conservation des arbres le long du cours d’eau favorise -t-il, par la présence de leurs racines, le maintien des rives? Ces arbres sont-ils au contraire, par leurs branches mortes, responsables d’embâcles et d’obstructions?
La présence d’arbres sur les bords du cours d’eau, par l’absorption de l’eau dont ils ont besoin, favorisent-ils la limitation des crues?
La suppression des arbres pour faciliter la circulation d’engins agricoles de plus en plus importants, ne contribue-t-elle pas à accélérer le ruissellement qui gagne le cours d’eau?
Les propriétaires riverains et les collectivités chargés de l’entretien de la Riolle ont-ils les moyens de cet entretien?
Avant de pousser à l’injection de milliers de tonnes de béton aux pieds d’éoliennes de 175 m de haut, le ministère de « l’écologie » ne pourrait-il pas s’occuper de l’entretien des cours d’eau?
Très intéressant et la question finale me semble souligner de manière tout à fait appropriée à quel point ce ministère s’intéresse à l’écologie de manière pour le moins étrange.
Oui, on se demande si le mot « écologie » n’est pas préempté par des idéologues qui imaginent qu’il n’a qu’une vocation politique. Mais la protection de l’environnement, n’importe quel homme, n’importe quel animal, a ce souci inscrit dans ses gènes. « L’écologie » au sens politique ou médiatique est une façon de tordre la réalité pour tenter de la faire rentrer dans un dogme. Or nous savons bien que les dogmes ont été créés pour établir des pouvoirs humains et non protéger la nature.