La riolle: un beau nom qui vient de loin !

La Riolle: c’est vrai que le nom, déjà, est plaisant!

Riolle est un nom propre, féminin, équilibré et dynamique. Trois consonnes et trois voyelles. Le R qui lance le nom peut être guttural et rappeler la terre lourde, ou roulé entre la langue et le palais avant de s’envoler avec les deux l: la Riolle agraire et la Riolle aérienne.

Riolle est un nom fort utile pour les poètes car il peut compter pour une, deux ou trois syllabes: « riol », « ri-ol » ou « ri-ol-le ».

Mais quelle est l’origine du mot Riolle? La latin, comme souvent dans notre région, est-il la source du mot? Faut-il aller plus loin et remonter aux racines celtes ou indo-européennes de nos langues?

Carré de Busserolle indiquait en 1880 que le Cartulaire de Noyers**, au XII° siècle, citait le ruisseau « Rivulus qui dicitur Rodiola ».  Rodiola, origine de Riolle? Le même auteur précisait clairement que ce ruisseau « prend sa source près de Grillemont, commune de la Chapelle- Blanche, traverse les communes de Bournan et de Sepmes, et se jette dans l’Esves, près du moulin de Feschau, commune de Civray ».

Dans le grand Littré le mot Riolle est absent.

Et pourtant, au XIX° siècle Balzac, tourangeau s’il en est, et coutumier de nos vallées du sud Touraine, utilise le mot riolle, comme substantif féminin, argotique ou populaire, en particulier dans l’expression « en riolle » ou « être en riolle » qui signifie débauche, partie de plaisir, ivresse légère et gaie.

« En le tambourinant par un bon charivari s’il [le curé] était pris en riolle, son évêque serait forcé de l’envoyer ailleurs (Balzac, Paysans, 1844, p. 237)

«  Où donc est Jacques? − Jacques, il est en riolle! Personne ne savait où le drôle était allé (Balzac, Drame bord de mer, 1835, p. 190).

C’est en argot populaire surtout que le mot est attesté (dictionnaire Argoji de l’argot français classique) comme substantif féminin, en particulier sous son orthographe « riole », avec des sens qui vont toujours vers les notions de gaité, de plaisir, de divertissement alcoolisé:

  • «  Se mettre en riole », faire bombance, bonne chère en 1829 chez Raban et Saint Hilaire
  • « Être en riole » c’est être en train de s’amuser. « Se mettre en riole » c’est se griser.  En Wallonie, « être en riolle, ou riotte, c’est se quereller. (Delvau 1867)
  • « Etre en riole, se mettre en riole, faire riole » c’est s’amuser, se mettre en gaité, en ribote pour Rigaud en 1881.
  • « Etre en riole » c’est être pochard pour Hayard en 1907.

Mais au XIX° siècle le mot riole a aussi, en argot des voleurs, un second sens qui nous convient particulièrement: celui de ruisseau, rivière. (Delveau 1867; Hayard 1907)

Pour le dictionnaire CNRTL du CNRS la première attestation du mot « riole » daterait de 1200, au sens de partie de plaisir (Renaut de Beaujeu). Le mot « riolle » est aussi indiqué dans une oeuvre de 1725, Vice puni, de Grandval, sous la forme « faisons riolle », c’est à dire «  faisons bonne chère ».

Le mot pourrait venir de rire auquel aurait été ajouté le suffixe -ole.

Au total, et dans l’attente d’informations plus complètes, je crois qu’on peut être heureux que le nom de notre cours d’eau, celui qui fonde l’intérêt de notre blog, le place sous les signes conjoints de plaisir, de bonne chère, d’amusement,…et de rivière!

Voyez vous meilleurs parrainages? Avez vous d’autres informations quant aux sens du mot Riolle?

 

** Cartulaire de Noyer

Le Cartulaire de l’abbaye de Noyers, si important pour l’histoire de la Basse-Touraine et du Châtelleraudais, avait, au siècle dernier, attiré l’attention de deux érudits bénédictins qui s’occupaient avec un grand zèle à recueillir de toutes parts les matériaux d’une histoire de la Touraine et d’une histoire du Poitou. Dom Housseau a copié lui-même ou analysé les pièces les plus intéressantes de cette riche collection, et il y a ajouté une foule de notes extraites du martyrologe-obituaire du monastère ou des chroniques du couvent. Son travail se trouve à la bibliothèque nationale, où André Salmon l’a copié en partie, pour le léguer, avec tous ses autres manuscrits, à la bibliothèque municipale de Tours. M. E. Mabille nous a donné une brève analyse des quarante chartes capitales du même Cartulaire dans son Catalogue analytique de D. Housseau, publié dans le tome XIV des Mémoires de la Société archéologique de Touraine. D’un autre côté, Dom Fonteneau, qui préparait une histoire du Poitou, a fait faire sous ses yeux et collationné avec soin une autre copie du Cartulaire de Noyers, laquelle est aujourd’hui déposée parmi les manuscrits de la bibliothèque municipale de Poitiers. Quant au Cartulaire original, il paraît avoir été détruit à la Révolution, comme tant d’autres documents historiques. D’après les notes de D. Fonteneau, il aurait été écrit à la fin du XIIe siècle ou au commencement du XIIIe et dans cet état primitif, il se serait composé d’environ 650 chartes, auxquelles plusieurs autres pièces avaient été ajoutées postérieurement.  (Abbé C. Chevalier)

Aujourd’hui, Bernard Danquigny a mis en page et édité la traduction faite par Paul Letort (du latin au français) du texte de l’abbé Chevalier.

1 réflexion sur “La riolle: un beau nom qui vient de loin !”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *