L’église Saint-Martin de La Chapelle-Blanche Saint-Martin (1)

Des 4 communes de la Riolle, deux voient leurs églises paroissiales dédiées à Saint Martin ; dont celle de la Chapelle-Blanche-Saint-Martin qui sera l’objet de nos prochains posts. Il parait donc indispensable, au préalable, d’évoquer la personne et l’histoire de Saint Martin, un des patrons de la France, né en 316 en actuelle Hongrie (province de Pannonie dans l’Empire romain), mort à Candes le 8 novembre 397, et enterré à Tours le 11 novembre 397, jour retenu pour la signature de l’armistice de la guerre de 1914-1918. (1)

La vie de Martin a été décrite dès 396-397, par Sulpice-Sévère, qui fut l’un de ses disciples, et Grégoire de Tours (538-594) qui relate les débuts de son culte dans son livre Les Miracles de saint Martin, et dans son ouvrage  de référence l’Histoire des francs. Le père de Martin, officier supérieur chargé de l’administration dans l’armée romaine, déplace son fils au gré de ses affectations. Alors que l’âge légal de l’enrôlement est de dix-sept ans, son père contraint Martin, âgé de quinze ans, à entrer dans l’armée. Il y est chargé de mener la ronde de nuit et d’inspecter les postes de garde de la garnison. Affecté en Gaule, à Amiens, un soir de l’hiver 334 le légionnaire Martin (alors âgé de 18 ans) partage son manteau militaire avec un déshérité transi de froid. Cet épisode fameux a été représenté dans de très nombreux tableaux et vitraux. La nuit suivante le Christ lui serait apparu en songe, vêtu de ce même pan de manteau. Le reste de son manteau, appelé « cape » sera placé plus tard, à Tours, près de sa tombe, dans une pièce dont le nom est à l’origine du mot Chapelle (cappella en italien, chapel en anglais, Kapelle en allemand). La Chapelle-Blanche-Saint-Martin indique donc, dans son intitulé, deux fois le nom de celui qui fut patron des dynasties mérovingiennes et carolingiennes. Après s’être fait baptisé et ayant pu quitter l’armée en 356, il se rend à Poitiers pour rejoindre Hilaire évêque de la ville. Martin s’installe en 361 sur un domaine que la tradition situe comme l’abbaye de Ligugé, où il est rejoint par des disciples. Il y crée la première communauté de moines en Gaule, accomplit ses premiers miracles, et se fait reconnaître comme un saint homme. En 371, les tourangeaux l’enlèvent et le proclament évêque le 4 juillet, sans son consentement. Martin se soumet mais ne modifie en rien son train de vie. Il crée l’abbaye de Marmoutier avec pour règle la pauvreté, la mortification et la prière. Marmoutier sert de centre de formation pour l’évangélisation et la conquête spirituelle des campagnes ; c’est la première base de propagation du christianisme en Gaule. Martin a aussi largement sillonné le territoire de la Gaule, et y a envoyé ses moines. Il remplace les sanctuaires païens par des églises et des ermitages. Marmoutier comptait 80 frères vivant en communauté, issus pour la plupart de l’aristocratie, ce qui permettait à Martin de jouir d’une grande influence et de se faire recevoir par les empereurs eux-mêmes. Martin meurt à Candes, le 8 novembre 397. Sa dépouille est subtilisée par les tourangeaux qui la ramènent sur la Loire jusqu’à Tours où il est enterré le 11 novembre. L’évêque Brice fait construire en 437 un édifice en bois pour abriter le tombeau. Constatant le rayonnement de ce sanctuaire, la première basilique Saint-Martin hébergeant le tombeau de Martin, a été créée le 4 juillet 470.

Carré de Busserolle, dans son Dictionnaire géographique, historique et bibliographique d’Indre et Loire et de l’ancienne province de Touraine, publié dans les années 1870, faisant référence au Dictionnaire de l’arrondissement de Loches, de Dufour, publié en 1812, explique la fondation de l’église et du bourg de la Chapelle Blanche par un fait rapporté dans une chronique du XIe siècle « Narratio de reversione B. Martini a Burgundia » qui évoque les nombreux miracles observés sur le passage des reliques de Saint Martin, ramenés en grande pompe d’Auxerre à Tours en 884. Un de ces miracles se produisit dans un endroit considéré comme faisant partie d’un lieu nommé « Chapelle-Blanche »: « Porro incolae mansionis, in qua signum hoc sanitatis celebratum est in nomine signi potentis Martini, ecclesiam condidere quae usque hodie Capella Alba nominatur ».

Nous réservons pour un prochain post l’histoire particulière du miracle observé.

Cependant il est utile de faire état ici des contestations qui ont eu lieu au sujet de la localisation exacte de ce miracle imputé à Saint Martin. Pour certains auteurs, la « Chapelle-Blanche » du lieu du miracle aurait été la commune du bord de Loire dénommée la Chapelle-sur-Loire, appelée autrefois, elle aussi, « Chapelle-Blanche ».

C’est Alphonse Marcault, curé de notre commune de La Chapelle-Blanche depuis le 1er janvier 1885 jusqu’à son départ en 1921, qui montra que, si le premier village qui remonte du Xe siècle était nommé San Petri Capellae (Chapelle-Saint-Pierre), à partir du XIIIe siècle il prit le nom de Capella Alba. (Chapelle-Blanche). Les avis des historiens convergent ensuite pour dire que le miracle attribué à Saint Martin s’est bien déroulé dans notre village de « Capella Alba ». Et, c’est en 1918 que, par décision préfectorale, il devint « La Chapelle-Blanche-Saint-Martin » afin de le différencier de celui qui devint concomitamment « La Chapelle-sur-Loire ».

Carré de Busserolle, en 1878, avait précisé « L’église actuelle de la Chapelle-Blanche, placée sous le vocable de saint Martin, était autrefois dédiée à saint Pierre. Rebâtie au XIIIe siècle, elle a été réparée en 1520, en 1666-68 et en 1751. Le droit de présentation au titre curial appartenait au doyen de Saint-Martin. Le curé était nommé par le Chapitre de cette collégiale. Les seigneurs de Grillemont, fief situé dans la paroisse, étaient patrons-fondateurs de l’église et y avaient droit de sépulture et de litre funèbre. Divers actes constatent qu’à ce titre ils avaient l’obligation de faire réparer à leurs frais le choeur et le clocher. En 1751, on démolit une chapelle attenant à l’église et qui était placée sous le vocable de saint Wast. A la fin du XVIIIe siècle, il n’existait qu’une seule chapelle domestique dans la paroisse. Elle dépendait du château de Grillemont et était dédiée à saint Saleboeuf. » (2)

Bibliographie

4 réflexions sur “L’église Saint-Martin de La Chapelle-Blanche Saint-Martin (1)”

  1. Merci pour toutes ces précisions historiques et étymologiques très intéressantes à propos de la légende de St. Martin largement répandue en Europe, concernant particulièrement notre région et surtout l’origine de votre Chapelle Blanche St. Martin.

  2. Bonjour,
    il y a un trou dans la raquette
    pourquoi des reliques remontent de Auxerre (884)alors que St Martin est enterré à Tours (397)
    de quelles reliques s’agit il???
    merci de la réponse

    1. Merci de votre vigilance et de votre demande de précision.
      Comme souvent au cours de l’histoire de France des évènements violents et dramatiques ont poussé les populations à mettre à l’abri les reliques auxquelles elles tenaient le plus. Ce fut le cas par exemple pour les reliques de saint Gratien (mort sur la Riolle selon la légende) qui furent transférées à Loches et que l’église de Sepmes eut de grandes difficultés à récupérer.
      Pour saint Martin il en est de même. Ses reliques ont été déplacées vers Auxerre pour échapper à des évènements troubles. C’est sur le chemin de retour de ces reliques que ce serait produit le « miracle » décrit dans notre commune de la Chapelle Blanche Saint-Martin. Nous ferons un jour, au moins un post sur ce sujet.

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