L’église Saint-Martin de La Chapelle-Blanche Saint-Martin (2)

L’église paroissiale Saint Martin appartient à deux époques différentes. (Fig1)

Sa nef romane date du 12e siècle, tandis que le choeur gothique, à chevet plat à l’orient, est du 13e siècle. Des modifications ont été faites au 16e siècle ainsi que dans les années 1686 à 1688. La nef du 12e siècle a été reprise en 1520 et les ouvertures des murs goutterots refaites à cette occasion. A la même date, la façade occidentale romane, fut épaulée par deux contreforts obliques. La porte en arc brisé date aussi de cette époque. La base rectangulaire du clocher, installée au nord, date du 12e siècle. La partie supérieure a été détruite et remplacée par une tour carrée charpentée et recouverte d’ardoises. (Fig 2 à 13) (Les chiffres et les flèches, sur le plan ci dessus, correspondent à l’endroit et l’orientation des Fig portant le même numéro: la Fig 2 est prise à l’extérieur en direction de l’église)

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Le choeur, de deux travées rectangulaires, est accompagné de deux collatéraux. Le vaisseau central et le bas-côté nord datent du 13e siècle. Ils sont remarquables par leurs hautes voûtes d’ogives qui furent retaillées au 16e siècle. Leurs grosses colonnes sont surmontées de chapiteaux sculptés. Le collatéral sud fut rajouté au 16e siècle, en même temps que furent restaurés le choeur et son collatéral nord. Il a été remanié au 18e, et a été couvert de voûtes de briques modernes au 19e siècle. Un grand mur plat, à l’est, termine le choeur et les deux collatéraux. Ce chevet plat du XV siècle est percé de trois fenêtres en arc brisé, divisés en deux lancettes trèfles par leurs réseaux de pierre. (1) (2) (Fig 14 à 18)

Au nord, une petite chapelle seigneuriale a été édifiée au 16e siècle. On y trouve la groupe statuaire désigné comme la Piéta. L’église a été restaurée au 17e siècle et une fausse voûte a été ajoutée dans la nef en 1922.  L’édifice, propriété de la commune, est inscrit aux monuments historiques depuis le 14 septembre 1949. (Fig 19 et 20)

Nous avons signalé dans le post précédent que les châtelains de Grillemont, fondateurs de l’église, avaient obligation de l’entretenir. Il semble évident que les seigneurs qui agrandissaient ou aménageaient leur châteaux se préoccupaient en même temps des églises des villages concernés. C’est vraisemblablement, ce qui est advenu dans la seconde moitié du XVI siècle lorsque la famille Lescoët, a acheté et entrepris de grand travaux à Grillemont, en particulier par son fils Bertrand, vers 1470, à l’origine du château actuel. L’église de la Chapelle-Blanche aurait alors été agrandie par la construction du collatéral sud du choeur, et décorée dans le goût de l’époque, c’est à dire par l’ajout de fresques qui devaient recouvrir une grande partie des murs. Il reste des vestiges de ces fresques, en trois endroits, et une restauration récente a permis de les sauver et de les expliquer (3) (4)

Le morceau de fresque situé à droite du maître autel. Ses traits colorés et ses aplats permettent de distinguer un saint, jeune et imberbe, avec une main bénissant et un livre dans l’autre. Plus bas le donateur est à genoux. Un démon est au dessus de lui. Deux lettres apparaissent: « S + AB ». Il n’a pas été possible jusqu’à présent d’identifier les personnages ; même si les lettres font pencher pour saint Abdon dont la légende dorée fait état et qui est associé à saint Sennen. Ils furent suppliciés à Rome en 253. (Fig 21)

A gauche de la sacristie figure un deuxième panneau de fresque, lui aussi placé à environ 2m du sol et haut d’environ 1m. C’est sainte Radegonde qui est représentée (520 – 587), deuxième reine de France. Elle est identifiable à ses attributs traditionnels, le sceptre et la couronne, et à l’inscription en lettres gothiques qui la surmontent. Fille du roi de Thuringe, vaincu par les Francs, elle fait partie du butin destiné à Clothaire 1er qui l’épousa. Il était le quatrième fils de Clovis. Il réussit à réunir les territoires que ses frères avaient reçus en héritage. Radegonde, très pieuse, parvint à se séparer de son mari et à mener une vie de prière et de charité. Elle fonda l’abbaye de Sainte-Croix à Poitiers, premier monastère pour femmes en Europe. A la Renaissance, elle était admirée comme étant une des premières femmes ayant su s’affirmer dans un monde d’hommes. (Fig 22)

A droite de la porte de la sacristie, le panneau de fresque permet de distinguer un morceau du « dict des trois morts et des trois vifs », scène morale souvent représentée au Moyen-Age. On y voit trois chevaux : un tourné vers la droite et monté par un cavalier portant un arc, les deux autres regardant vers la gauche et montés par un cavalier dont l’un porte une épée. Trois jeunes chevaliers menaient une vie de luxure, de paresse et de cruauté. Un jour à la chasse, ils se trouvent devant trois squelettes, représentation de la noirceur de leurs âmes. Saisis et bouleversés, ils rentrent chez eux et changent de comportement du tout au tout. Ce dict incite les vivants à faire acte de contrition. (Fig 23)

Après cette description de l’architecture de l’église nous présenterons dans un prochain post ses autres caractéristiques.

Bibliographie

1- L’Eglise Saint-Martin de La Chapelle-Blanche Saint-Martin. Document quadrichromie, élaboré avec le concours du Conseil général, de la commune et de l’association Mémoire et Patrimoine en Ligueillois, pour l’Office de Tourisme du Grand Ligueillois

2- Ranjard R. La Touraine archéologique. Floch édit. 1958

3- Carré de Busserolles X. Dictionnaire géographique, historique et biographique de l’Indre et Loire. 1878

4- Document communal de la Chapelle-Blanche Saint-Martin, établi en Juin 2018 à l’attention des visiteurs de l’église Saint-Martin.

5- Flohic. Patrimoine des communes d’Indre et Loire, Flohic Edit. 2001

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