L’église Saint-Martin de La Chapelle-Blanche Saint-Martin (3)

Après avoir décrit succinctement les caractéristiques architecturales de l’église Saint-Martin de la Chapelle-Blanche Saint-Martin, ainsi que les fresques remarquables qui ornent encore certains de ses murs, attachons nous aux autels, aux vitraux qui décorent les fenêtres, à la belle cuve baptismale ainsi qu’à la chapelle où est exposée la Piéta.

L’organisation du choeur est parfaitement définie par les 2 colonnes qui soutiennent les voûtes et délimitent les deux collatéraux : au nord du coté de la statue de Saint Martin, et au sud du coté de la chaire.

Le maître autel et son retable (inscrits aux monuments historiques) occupent tout l’espace dans l’axe de la nef, sous un vitrail que nous décrirons ultérieurement. (Fig1) Ce retable et cette clôture du choeur constituent un travail de fonderie et de menuiserie polychrome datant de 1823. (Fig 2)

L’autel et le retable sont peints en faux-marbre ; certaines parties sont dorées. Une croix de malte est figurée sur la face principale de l’autel qui est surmonté d’un tabernacle à ailes rectangulaires. Le retable-lambris, partant du sol, est de forme concave. Il est formé d’un socle, puis d’une élévation symétrique. Le panneau central du retable est orné d’une représentation symbolique de la Trinité ; de chaque côté du panneau central sont placés deux pilastres doriques cannelés ; un pilastre semblable orne le retour. La partie supérieure est formée d’un entablement classique composé d’une frise, d’une architrave ornée et d’une corniche moulurée. La grille de communion est articulée en cinq pans. Les dimensions de ces éléments ont été communiqués dans le post que nous avions consacré aux trésors de la Chapelle-Blanche Saint-Martin.

Le retable de la Vierge (orient du collatéral nord) (Fig 3), et celui du Sacré Coeur (orient du collatéral sud) (Fig 4), ainsi que l’autel et le tabernacle du Sacré-Coeur datent du 18e siècle. Menuiserie et sculpture en bois peint. Les retables de la Vierge et du Sacré-Coeur ont chacun une niche centrale entourée d’un filet et de denticules dorés. Peints en faux marbre, ils sont encadrés chacun de deux colonnes blanches, au socle et au chapiteau ionique dorés. Ces colonnes supportent un entablement blanc, décoré d’une frise de rinceaux dorés, dans lesquels se trouvent trois têtes d’angelots ailés dorés.Ils sont inscrits au patrimoine.

Les vitraux sont récents, fabriqués par les derniers maîtres de la maison Lobin de Tours: Julien Prosper, Florence et Etienne Lobin. Ils furent posés entre 1900 et 1912. Les trois vitraux du chevet, au dessus des autels, relatent des miracles accomplis par saint Martin.

Le vitrail du choeur (Fig 5) évoque le miracle qui eut lieu lors du retour des reliques (réversion) en 887 après les invasions barbares. C’est le vitrail le plus ancien et il s’inspire d’un tableau conservé au château de Grillemont. Deux paralytiques qui demandaient l’aumône furent subitement guéris au passage de la châsse. Alors que la scène se passe en hiver on rapporta que les arbres se mirent à reverdir et fleurir. En haut à gauche le château de Grillemont et l’église du village sont représentés.

Le vitrail du collatéral sud (Fig 6), dit vitrail des repentis, montre deux brigands qui attaquèrent saint Martin qui venait de passer près d’une ferme au lieu dit « Montfouet » à la Chapelle-Blanche Saint-Martin. D’un coup, au moment de l’attaque, un violent orage éclata. A l’endroit où saint Martin posa son pied blessé, jaillit une fontaine pour laver ses plaies. Les brigands pris de frayeur implorent saint Martin de leur pardonner.

Le vitrail du collatéral nord (Fig7) évoque le miracle de l’Arbrepinière où saint Martin, au cours de sa mission d’évangélisation, obtient l’abattage d’un pin objet d’un culte païen. Au moment de l’abattage, saint Martin se place sous l’arbre qui, miraculeusement, tombe du coté opposé, épargnant le saint. Est également représentée la destruction du temple païen du Louroux dont on peut apercevoir le clocher de l’église en haut à droite. Pour agrandir les images, cliquer dessus. cliquer sur la croix en haut à droite de l’image pour la refermer

Par la réalisation de ces 3 vitraux, l’abbé Marcault, curé de la Chapelle-Blanche, cherche à affirmer que c’est bien dans sa paroisse que se sont produits les miracles attribués à Saint-Martin: une mauvaise lecture de Sulpice Sévère et de Grégoire de Tours voulait faire croire que ces miracles auraient pu se produire à la Chapelle-sur-Loire.

Deux autres vitraux peuvent être signalés. Le premier (Fig 8) représente saint Edouard et sainte Philomène, et orne la fenêtre du mur sud du collatéral sud ; au dessus de la sacristie. Le second, (Fig 9) décore la fenêtre juste au dessus de la porte principale de l’église. Il est visible depuis le balcon intérieur.

Les fonts baptismaux. (Fig 10) C’est une sculpture en pierre taillée et bois du 17e siècle. (Certains datent cette cuve du XVI ou du XVIe siècle). Sur un socle de plan carré, le pied tronconique est rehaussé d’un cordon mouluré de section circulaire. La cuve de section circulaire est formée d’une partie évasée surmontée d’un col droit. Des godrons décorent la naissance de la cuve. Le col est orné de petites arcatures entrelacées couronnées d’arc brisés, formant une frise. Le couvercle, en bois, se compose d’un plateau et d’une croix soutenue par plusieurs accolades.

Une piéta est une statue ou un tableau, représentant la Vierge tenant sur ses genoux le corps du Christ mort. C’est donc exactement la définition qu’il faut attribuer au groupe sculpté qui se situe dans une minuscule chapelle ouvrant sur le coté nord de la nef (Fig 11), et dont l’histoire mérite d’être rappelée. Bien qu’on ne sache pas exactement où était placée cette statue lors de son installation, on en estime la date vers 1450 ou 1500. Au moment des guerres de religions (vers 1570), les exactions entre les habitants de la Chapelle-Blanche, qui était occupée par les protestants (il y avait un cimetière protestant près de l’ancienne gare), et ceux de la ville fortifiée de Ligueil (qui était tenue par les catholiques), furent très violentes. Des paroissiens chapellois décidèrent de sauvegarder cette Piéta en la dissimulant dans une niche de 1,20m de haut et de 0,9m de haut. Pour ce faire la statue fut endommagée en rognant une partie de sa base, ainsi que d’une partie de la tête et des pieds du Christ. Puis, les années passant, la statue fut oubliée. L’abbé Marcault qui fit entreprendre des travaux dans l’église à partir de 1896, retrouva cette statue en 1902, emmurée dans sa niche de l’escalier du clocher, depuis plus de trois siècles. Ce curé entreprit alors une restauration « de son cru », en ajoutant des personnages en plâtre (St jean, St Joseph et Ste Madeleine) et peinturlura le tout. Mr Duchazeau, conservateur des antiquités et objets d’Art en Indre et Loire, signala à la fin du XXe siècle le mauvais traitement fait à cette statue, et qu’en particulier les adjonctions de personnages en plâtre n’avaient rien à voir avec les personnages de la Vierge et du Christ sculptés dans un beau tuffeau. Finalement, en 1994, une restauration polychrome de qualité fut entreprise par des professionnelles de l’école des Beaux Arts de Tours. Les deux têtes du Christ et de la Vierge sont particulièrement expressifs. L’une des têtes en pierre qui avait été dégagée se trouve aujourd’hui conservée à la mairie. L’autre tête avait été volée avant la restauration. Ces deux têtes sont classées au titre des Monuments historiques comme éléments du groupe classé en 1948. (Fig 12,13 et 14)

La petite chapelle de la Pièta contient deux autres pièces remarquables. D’une part une stèle funéraire, dressée contre le mur opposé à la Piéta. (Fig 15) Elle ne comporte aucune inscription mais est sculptée en relief. Il s’agit du moulage d’une des deux dalles qui ferment l’ossuaire de l’actuel cimetière (situé sous le calvaire récupéré de l’ancien cimetière de la Place Janin). Sur la stèle funéraire, de part et d’autre de la croix, on remarque, à gauche une forme évoquant des pots superposés, et à droite un instrument qui pourrait s’apparenter à une épée.

D’autre part, posé au sol, sous la stèle, un mouton (ou joug) daté de 1867, est exposé. Il s’agit d’une pièce de bois situé au dessus des cloches pour équilibrer le lancer et faciliter le battement des cloches. (Fig 16)

Dans le prochain post nous évoquerons les objets plus liturgiques de l’église, que ce soient les autels et statues et autres objets remarquables.

Les descriptions des objets sont des reprises complètes ou partielles de textes dus à Frantz Schoenstein et figurant sur la Plateforme Ouverte du Patrimoine du Ministère de la Culture

Bibliographie

  • Site Plateforme ouverte du Patrimoine du Ministère de la culture. https://www.pop.culture.gouv.fr/
  • L’Eglise Saint-Martin de La Chapelle-Blanche Saint-Martin. Document quadrichromie, élaboré avec le concours du Conseil général, de la commune et de l’association Mémoire et Patrimoine en Ligueillois, pour l’Office de Tourisme du Grand Ligueillois
  • Document communal de la Chapelle-Blanche Saint-Martin, établi en Juin 2018 à l’attention des visiteurs de l’église Saint-Martin.

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