Léon Julienne, personnalité de la Riolle (1)

Léon Julienne est né à Sepmes, le 29 novembre 1832, où son père était menuisier. Louis Philippe est Roi. C’est l’époque de la conquête de l’Algérie par la France. C’est l’année de la naissance de Gustave Eiffel et de la mort de Goethe. (Fig1) Léon avait au moins une soeur, Julie, née en 1839. (cliquer sur les images pour les agrandir. Les refermer en cliquant sur la croix en haut à droite)

C’est une personnalité originale et complexe qui a marqué la commune de la Chapelle-Blanche Saint-Martin par son travail et ses prises de positions originales. Il y fonda un commerce de négoce d’engrais qu’il confia à sa soeur après le décès précoce de son mari en 1870.

Dans ce premier texte nous donnons à connaître quelques éléments professionnels et familiaux de la vie de Léon Julienne. Dans un second texte nous évoquerons son engagement en franc-maçonnerie et sa façon d’exprimer son engagement dans la commune.

Léon Julienne aurait quitté Sepmes à 12 ans « sans grand bagage intellectuel, pour conduire des moutons à Tours » (1) On ne sait pas comment il arriva finalement à Nantes où il fut embauché dans la maison A. Grignon, entreprise d’import-export et de commerces variés. Le papier à entête de la firme A. Grignon, en 1857 signale des activités dans la chaux hydraulique, le ciment romain, les bois de teintures, la droguerie, les produits chimiques, la consignation de kaolin et le riz. En outre cette entreprise propose une machine à vapeur pour effiler et varloper les bois de teintures. C’est dans ce domaine des bois de teintures que Léon Julienne semble avoir été embauché à l’entreprise Grignon, dès les années 1850. (Fig 2) Le plus vieux document matérialisant cette activité est un courrier du patron de l’entreprise, daté d’octobre 1857. (Fig 3)

La collaboration fut sans doute féconde puisque nous disposons de lettres de l’entreprise jusque dans les années 1880. Son papier commercial récapitule l’ensemble de ses activités et productions (Fig 4).

Léon Julienne est officiellement « représentant »  ou « voyageur de commerce » et son rôle consista à voyager pour prendre des commandes et vendre les produits de l’entreprise. Il sera le lien entre le siège nantais de la firme et nombreux de ses clients répartis dans tout l’ouest et le centre de la France. Il fréquentait donc beaucoup de monde et tissa sans doute un réseau important de relations.

A une époque où le train n’est pas encore devenu le moyen de communication habituel, où l’usage de la malle poste est le plus commun, il faut imaginer ce que peuvent représenter ces déplacements permanents. Aux difficultés de déplacements et d’hébergement, s’ajoutaient celles de la transmission des informations. Bien sûr, ni le téléphone ni le télégraphe n’étaient disponibles et l’échange des courriers postaux nécessitaient des délais variables. De plus, Léon Julienne devait anticiper les lieux dans lesquels il aller séjourner pour s’y faire adresser, en poste restante, les courriers et informations diverses dont il avait besoin (tarifs, délais, disponibilités…) en même temps qu’il visitait ses clients. La recherche d’auberges, d’hôtels et des lieux de commerces où il négociait, sans oublier la manutention des bagages, devaient nécessiter une grande qualité d’organisation. Confiné chaque soir dans une chambre d’hôtel, où il se faisait souvent servir le souper comme en témoignent certaines de ses factures (Fig 5), Léon Julienne devait rédiger ses document commerciaux, contrôler ses commandes et autres compte-rendus, destinés tant à son patron qu’aux clients qu’il visitait.

Des « centaines de lettres et de factures » (1) de Léon Julienne ont été conservées. Il devait aussi organiser ses prochains rendez-vous, les trajets, réserver les hôtels, et récupérer les courriers en « poste restante » qui l’attendaient dans chaque ville. Le timbre poste a été créé en 1849. (Fig 6) L’enveloppe postale n’existait pas encore. Chaque courrier, de ou à Léon Julienne, est constitué d’une feuille A4 (parfois A5 pliée) en papier pelure, repliée en 3 dans le sens de la hauteur comme de la largeur, de telle sorte qu’une fois fermée elle détermine une surface qui puisse porter l’adresse du destinataire et le timbre. Bien souvent l’adresse de Julienne correspond à une « poste restante » dans la ville de ses clients. ( Fig 7 à 12)

La liste de ses déplacements est tout aussi impressionnante que celle des entreprises qu’il fréquentait ou des très nombreux produits qu’il vendait. (Fig 13 à  24)

Le métier de « voyageur de commerce » était donc très exigeant en cette période de grand développement économique qui marque la France du Second Empire. Les déplacements continuels limitaient les possibilités de s’installer pour fonder une famille. Pourtant, en 1863 Léon Julienne se marie avec une femme de « bonne famille ». Mais elle refusa de le suivre dans ses déplacements. On ne leur connait pas d’enfant. D’ailleurs le couple divorça, laissant, à ce qu’on en sait, un mari meurtri. On dit aussi qu’une dette, non remboursée par son beau-père à Léon Julienne, les aurait durablement fâchés. On raconte encore que Léon Julienne, de retour d’un de ses voyages aurait retrouvé son épouse en compagnie d’un de ses associés. Médisance ?

Dans les arbres généalogiques de chapellois apparentés, de loin, à Léon Julienne, on trouve un Joseph Julienne (né en 1800) qui aurait épousé Julie Poirier (1808-1885). Ils auraient eu une fille, elle aussi prénommée Julie, née en 1839 et décédée en 1914. Joseph et Julie seraient donc les parents de Léon Julienne (1832).

Les informations qu’on peut recueillir sur les tombes du cimetière de la Chapelle Blanche St. Martin sont parcellaires. Deux tombes de forme identique, placées dans la partie la plus ancienne du cimetière, sont considérées comme les tombes de Léon Julienne et de son épouse. Les époux Julienne divorcés ont été enterrés dans deux tombes séparées. Madame Julienne aurait été croyante alors que Léon Julienne était notoirement athée. L’une des tombes porte une grande croix tandis que la seconde ne porte aucun signe. La tradition veut que la tombe sans signe distinctif soit celle de Léon Julienne. (Fig 25 à 28)

Des plaques ont été secondairement accolées à ces pierres tombales. Sur la tombe supposée de Madame Julienne figure une inscription au sujet Julie Poirier, veuve Julienne, décédée à 75 ans en 1883. La mère et la fille seraient donc dans cette tombe. Sur la tombe voisine, supposée être celle de Léon Julienne, la plaque stipule le nom de Joseph Julienne 1832-1915. Y a-t-il eu deux Joseph Julienne, l’un né en 1800 et l’autre en 1832, la même année que Léon ? Vraisemblablement Léon Julienne a porté deux prénoms, celui de son père, Joseph, en plus de celui de Léon. C’est l’hypothèse qu’on peut retenir car sur les registres municipaux il figure sous la dénomination de Jospeh Julienne. Pourtant, sa vie durant, ses courriers en témoignent, on l’appela Léon et il signait Léon. (Fig28)

A ce jour seule une caricature de Léon Julienne était connue, datant de 1867, publiée par R. Janvier dans le bulletin municipal. (Fig29)

 

Janvier R. Documents historiques du site de la commune de la Chapelle Blanche St Martin. https://www.la-chapelleblanche-saintmartin.fr/

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