Comment devient-on une championne du monde sportif à 86 ans ?
Avec 3 séances d’entraînement hebdomadaires à la salle de sport de Civray sur Esves, Madeleine Guillon, 60 kgs, a pris 5 kgs de muscles. C’est sa famille qui lui a offert son inscription au club. Il faut dire que la retraitée qui s’ennuyait un peu a eu envie d’essayer le sport. Et le soutien de son entraîneur Quentin Mathieu était bien réel. Les séances, outre le travail au rameur comportaient des échauffements et lancer de balles lourdes, des poids à soulever, des pompes… l’engagement physique était intense. « Le coach a vu que j’étais bonne en rameur, il m’a poussé un peu ».
Un peu beaucoup, car il a purement et simplement proposé à Madeleine de travailler pour se présenter au championnat du monde d’aviron indoor qui devait se tenir à Paris les 7 et 8 Février 2020. Le record à battre était de ramer 2 km en moins de 10 mn et 23 secondes.
Le grand jour est arrivé et, accompagnée par un bus de sympathisants, Madeleine Guillon s’est présentée à la salle parisienne du XVIe arrondissement qui accueillait les championnats du monde. « Ce fut une journée formidable. Un car de 50 personnes m’a accompagné avec mes 6 enfants…Je devais faire 2 Km en 10 minutes ». Ce fut le cas et Madeleine Guillon est devenue championne du monde de rameur en salle pour sa catégorie … à 86 ans ! Bien sûr la presse locale et les médias destinés aux personnes âgées se sont fait l’écho de cette très belle victoire.
Madeleine, sagement, décida ensuite de mettre un terme aux compétitions tout en maintenant ses entraînements, car « du point de vue santé, tout va beaucoup mieux qu’avant ». Elle participa encore à des challenges ou démonstrations, comme à Descartes le 30 octobre 2021, jusqu’à 88 ans. Après y avoir soulevé une barre de 75 kg, elle a enchaîné avec une « marche paysanne », portant 12 kg à chaque main sur 16 allers et retours, et termina par 18 pompes homologuées. « J’avais envie de continuer mais il faut bien s’arrêter à un moment ou un autre ». Aujourd’hui, avec de l’arthrose dans les mains, Madeleine Guillon ne peut plus s’entraîner. « La gym me manque, dit-elle, car il me faut de l’activité ».
Comment ne pas être admiratif de notre championne du monde de la Riolle ? Comment ne pas penser que tous les efforts de sa vie de paysanne, et la volonté qui l’a toujours animée, sont les sources de son exceptionnel record ? Et quelles médailles d’or aurait-elle gagnées à 20 ans si sa vie lui en avait laissé l’occasion ?
La modestie et le courage, trop souvent, sont des vertus que la vie de la campagne ne récompense pas.
Nous tenons à remercier très sincèrement Madeleine Guillon pour la gentillesse avec laquelle elle nous a reçu et pour la confiance qu’elle nous a témoignée en mettant sa mémoire et ses documents à notre disposition.
- La photo d’entête est une photo de Denis Guey (Radio France).