Selon Gérard Fleury (1) dont nous avons cité la publication relative à Notre-Dame de Sepmes dans notre dernier post, l’architecture de cette église s’inscrit dans ce que A. Mussat (2) décrit comme le style gothique de l’Ouest de la France, et dont on trouverait un groupe tourangeau caractérisé par des éléments qu’on retrouve à Sepmes: nef unique couverte d’ogives, clocher primitif encastré dans le collatéral nord du choeur, colonne cylindrique qui reçoit les retombées médianes et méridionales, une abside centrale qui fait saillie à l’est, les voûtes bombées sans liernes, la sculpture des chapiteaux…
L’architecture extérieure, assez austère, permet de deviner le plan général de l’édifice (Fig A)
Une nef unique de 2 travées, s’ouvre sur une grande salle de 3 vaisseaux de 2 travées, et se poursuit par une courte abside à l’orient, pour donner la forme classique de croix à l’édifice. Dans le vaisseau septentrional, une partie de la travée la plus longue est occupée par la base du clocher. Ce clocher est composé de 3 étages gothiques ajoutés sur la base romane. Il est actuellement coiffé d’un beffroi de bois. Une flèche de pierre, plus ancienne, à pu exister. Une tourelle d’escalier hors-oeuvre est située à l’angle nord-est du clocher. Ce clocher abrite une grosse cloche de bronze ( hauteur 80 cm, diamètre 90cm, poids 400 kgs) du XVIIe siècle, baptisée Anne (fondeur François Moreau). Anne de Rohan-Montbazon, princesse de Guéméné, seigneur, de Sainte-Maure, est la donatrice. L’inscription sur le cerveau précise sur deux lignes : EN 1674 ANNE DE ROHAN PRINCESSE DE GVEMENEE DVCHESSE DE MONTBAZON DAME DE CE LIEV M’A NOMMEE ANNE. Mre DE LA CRDV CVRE. Au bas de la robe, on lit : FRANCOIS MOREAV M’A FAICT. Une autre cloche, plus petite (fondeur Bollée Orléans), datant de 1891 est baptisée Honorine-Eugénie.
La petite abside à 5 pans, éclairés de fenêtres hautes, fait saillie sur le pignon oriental. Partout sur les façades de l’édifice se rencontrent les mêmes fenêtres étroites et hautes, ébrasées, avec un arc en plein cintre sommital clavé; typiques du gothique de l’Ouest.
Quelques traces de petit appareil et d’une porte rebouchée sur la façade nord, ainsi que d’autres pans d’appareillage de moellons sur les murs gouttereau, signalent un bâtiment antérieur à l’église des XIIe et XIIIe siècles, et dont la dimension de la nef était approximativement identique.
Une chapelle latérale, coté nord, a été ajoutée à la Renaissance (1533) (Fig 1 à 10)
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L’architecture intérieure est illustrée par des prises de vues dont le lieu et l’orientation de chacune d’elles figurent sur la Fig B.
Les voûtes gothiques sont typiques de la deuxième vague de construction du gothique de l’ouest, avant l’apparition des liernes. Il n’y a pas de différence, ni structurelle ni dans la réalisation entre le choeur et la nef. Tout à fait remarquable, est la colonne qui reçoit les retombées des nervures des croisées d’ogives médianes et méridionales. L’élégance et la finesse de cette colonne cylindrique, qui contraste avec l’aspect massif de pilier de soutènement du clocher qui reçoit symétriquement les autres retombées, est particulièrement remarquable. Par ailleurs, les colonnes s’appuient sur des consoles sculptées de têtes ou de bustes couronnés placés à mi-hauteur.
La Chapelle Renaissance, dite du Crucifix, s’ouvre dans la nef par une double baie surmontée de deux frontons en forme de coquille Saint Jacques – Sepmes était sur la route de Saint Jacques de Compostelle. Cette chapelle aurait été financée par Louis Dubois, seigneur du Puy et du Puisard, de Sepmes, et Jean Dubois, son neveu curé de Rivarennes. Elle présente une voûte en caissons et clefs suspendues polychrome. (Fig 11 à 23)
La restauration générale de l’église a été menée selon les plans de l’architecte diocésain Gustave Guérin entre 1858 et 1862 : toitures, reprise des maçonneries extérieures et surélévation de certains murs. Une seconde campagne de travaux a été menée au milieu des années 1860 par l’architecte Raimbault. Une dalle de ciment a malheureusement endommagé les sols et l’équilibre de l’édifice. Le portail de la façade ouest a été refait à partir de 1885, probablement à l’identique. Une nouvelle sacristie fut également aménagée entre les piliers du mur sud de la nef. Enfin, la réfection totale de l’intérieur de l’église fut entreprise entre 1882 et 1927.
1 Bibliographie
1- Fleury Gérard: Observations archéologiques sur l’église Notre-dame de Sepmes.
2- Mussat A. Le style gothique de l’ouest de la France, 1963