A la recherche de Saint Gratien – 1

L’abbaye de Noyers (Nouâtre), fondée en 1030, est à l’origine de documents, écrits en latin, très importants pour l’histoire de la Touraine: le Cartulaire de Noyers. (Fig 1) Le Cartulaire disparut à la Révolution, mais deux bénédictins l’avaient recopié au XVIII ième siècle: Dom Housseau et Dom Fonteneau. En 1872 l’abbé Chevalier publia la copie de Dom Fonteneau, et 110 ans plus tard, Paul Letort traduisit ce Cartulaire en français. Bernard Danquigny en 2011 se chargea d’éditer ce document si important pour notre région. Qu’il soit ici remercié des informations capitales qu’il met à notre disposition.

Marcel Baudot (1902-1992), Inspecteur général des archives de France, publia en 1955 un mémoire visant à proposer une datation et une une localisation plus précise de la bataille dite de Poitiers où Charles Martel vainquit les sarrasins d’Abd al-Rahman. Pour ce faire il s’appuya sur un bréviaire du XIII ième siècle attribué à l’abbaye de Noyers (Fig 2) comprenant un « office de Saint Gratien ».

Ce texte, en partie légendaire, raconte que Gratien, évêque breton revenant d’un pèlerinage à Rome, atteignit la Touraine au moment où les musulmans attaquaient l’Aquitaine et remontaient vers Tours. Gratien et ses compagnons furent pris dans les combats et succombèrent dans ce qu’on peut considérer comme l’épilogue de la « bataille de Poitiers ».

Marcel Baudot, après avoir datée cette bataille du 14 octobre 733, écrit:

« Gratien fut inhumé sur le champ de bataille aux abords de la Riolle, dans le territoire de la paroisse de Sepmes, à près de deux milles de l’église de Civray sur Esves, et non loin de celle de Bournan. Son corps fut ultérieurement transféré dans le cimetière de Sepmes ».

Cette proposition doit être mise en perspective avec trois autres références:

  • Le Cartulaire de Noyers, dans sa charte DCLXII (non datée, mais vraisemblablement du début du XII ième siècle), signale que le corps de Saint Gratien (ainsi que celui d’un enfant qui l’accompagnait) auraient été retrouvés « au lieu qu’on appelle « le pré de Sepmes »
  • Carré de Busserolle (1878) écrit: « Une chapelle abrite les reliques qui furent transférées à Loches en 1562 et partagées en 1654 entre Sepmes et Loches »
  • Bernard Danquigny dans « La bataille de Sainte Maure de Touraine » (Fig 3 ) précise « l’endroit de la sépulture doit être recherché aux alentours du hameau la Tour-Sybille ».

Alors, peut-on imaginer identifier, aujourd’hui, le lieu exact de la mort de Saint Gratien, « aux abords de la Riolle »?

Faut-il chercher entre la Tour Sybille et la Riolle? Faut-il chercher sur la pente de Bagneux vers la Riolle? Faut-il fouiller les rochers creusés entre le bas Pimbault et le Grand Bagneux? (Fig 5 )

Dans un prochain post nous reviendrons sur les éléments historiques ou légendaires qui ont fait de Saint Gratien un martyr vénéré à Sepmes, Bournan, Loches, et bien sûr l’abbaye de Noyers.

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