Basilique et abbayes: au coeur de la Riolle

On connait l’importance des abbayes dans l’histoire de notre pays et de toute l’Europe.

En 372 à Marmoutier sur la rive droite de la Loire, près de Tours, Saint Martin, avait créé une des toutes premières communautés de moines. Après des siècles d’édification progressive, entrecoupés de périodes de destructions importantes (Vikings), l’abbaye est restaurée en 982 et atteint une immense notoriété. Au point que le Pape Urbain II y consacre en personne, en 1096, ce qui sera la nouvelle et grandiose église de l’abbaye bénédictine de Saint Martin de Tours. Cette abbaye était propriétaire de nombreux domaines dans toute l’Europe, mais aussi en Touraine.

A partir de 470, à Chateauneuf, un peu en aval de Tours, sur la rive gauche de la Loire, une basilique avait été créée pour abriter le cercueil de Saint Martin et sa relique. Cette basilique richement dotée (en particulier par les rois de France) était servie par des chanoines qui ne s’inscrivaient pas dans la règle de Saint Benoit.

En 791, le moine Ithier issu de l’abbaye de Marmoutier fonde un monastère à Cormery. Ce monastère est élevé au rang d’abbaye de Cormery (règle de Saint Benoit) en 800, par Charlemagne. Elle est confiée à Alcuin et rattachée à l’abbaye de Saint Martin de Tours. L’abbaye de Cormery était propriétaire de domaines dans la vallée de la Riolle.

En 1030, l’abbaye de Noyers est fondée par un groupe de moines venus de l’abbaye de Saint Martin de Tours, après que le roi de France Robert le Pieux eût donné son assentiment pour cette fondation. Là encore des nobles et autres donataires enrichirent l’abbaye au point qu’elle devint propriétaire des domaines qui s’étendirent jusqu’à la Riolle.

Tous les actes significatifs de ces abbayes étaient notés dans les chartes écrites méthodiquement par leurs moines pour les évènements qui les concernaient. Ce travail de documentation et de mémoire s’est poursuivi depuis la fondation des abbayes jusqu’à la révolution, et la fermeture des abbayes en 1791. Plus de 1000 ans d’histoire pour certaines d’entre elles!  Ces recueils de chartes sont dénommés « cartulaires ». Ils constituent une source irremplaçable pour reconstituer l’histoire de chaque région. Quand ils n’ont pas disparu lors des différentes violences qui se sont abattues sur notre pays.

Avant d’évoquer dans de prochains posts des détails de la vie quotidienne de la Riolle telle qu’elle peut apparaître dans les cartulaires de Noyers ou de Cormery, essayons de lister les pouvoirs, domaines et propriétés que possédaient ces abbayes dans les quatre communes de notre vallée.

Bournan

«  Le territoire de Bournan fut donné par Charlemagne au monastère de Saint Martin de Tours, et, vers 791, l’abbé Ithier le céda à l’abbaye de Cormery »….   « En 1139 le pape Innocent II confirme les possessions des religieux de Cormery parmi lesquelles figure Saint Martin de Bournan »… » « En 1180 le pape Alexandre III certifie que les moines de Cormery possédaient outre l’église, le bourg et le droit de dîme dans la paroisse…»  « Le prieuré de Bournan appartenait à l’abbaye de Cormery…Le titulaire de la cure était à la présentation de l’abbé de Cormery ». (1)

L’introduction au cartulaire de l’abbaye de Cormery apporte d’autres informations: « Le revenu temporel de l’abbaye de Cormery en 1662 comportait (entre autres sources): le château et la seigneurie des Etangs, avec les prieurés de Bossée et  Bournan » qui produisaient des revenus annuels estimés  à1800 livres . Il s’agissait, de loin du plus gros revenu de l’abbaye de Cormery.

On notre par ailleurs: « Les châtellenies qui dépendent de Cormery, tant directement qu’indirectement, sont: Bossée, Bournan, Louans, Tauxigny, Montbazon, Azay le Rideau, Parthenay, Vontes, Bagneux, Grillemont, Esvres…  Parmi 31 prieurés dépendants de Cormery figurent Saint Martin de Bournan et Saint Laurent de Bossée » (2)

La Chapelle Blanche Saint Martin

«  Le curé était nommé par le chapitre de la Collégiale Saint Martin » (1)

Civray sur Esves

« Aux IX et X ième siècles le territoire de Civray était possédé par les chanoines de Saint Martin de Tours. Plus tard il forma un fief… » (1)

Sepmes

Le cartulaire de l’abbaye de Noyers (3) mentionne à plusieurs reprises des interventions entre l’abbaye et la commune ou l’église de Sepmes. La charte 72, datée de 1078, signale:  « Un homme noble de Sainte Maure, nommé Goscelin, a donné à Dieu et à la Bienheureuse Marie, et aux moines de Noyers, tout ce qu’il possède en l’église de Sepmes…». La charte 160, datée de 1088 décrit en détail un don fait par Oggisius à l’abbaye de Noyers au sujet d’une dîme « …qu’il avait autour de la Roche de Geoffroy Péloquin… ». La Roche Péloquin est aujourd’hui dénommée La Roche Ploquin. La charte 248, datée de 1101 mentionne: «  …Moi Goscelme de Sepmes, je donne à Dieu et à Sainte Marie de Noyers tout ce que j’ai en l’église de Sepmes… » (3)

Nous reviendrons dans de prochains posts sur certains éléments évoqués ci dessus.

Références:

(1) Carré de Busserolle J.X. Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre et Loire. 1878

(2) Abbé J.J Bourassé.  Cartulaire de Cormery et histoire de l’abbaye et de la ville de Cormery BSAT

(3) Paul Letort, Bernard Danquigny Traduction du cartulaire de l’abbaye Notre Dame de Noyers

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