Autrefois, je veux dire au XVIIIe siècle, les petits bourgs de campagne ne disposaient pratiquement jamais de commerces. Le pain, aliment de base, était en général cuit dans les fours qu’on trouvait dans certains hameaux, ou au « four banal » mis à la disposition des habitants par le seigneur de l’endroit. Ici, dans la vallée de la Riolle, les fours des hameaux étaient plus ou moins enchâssés entre les divers petits bâtiments. Ils faisaient une saillie plus ou moins arrondie et on peut encore voir ce genre de particularisme architectural à la Ménaudière (la Chapelle-Blanche Saint-Martin), ou à l’Ouverdière sur Bournan ou à bien d’autres endroits des commues de la Riolle. La technique utilisée était celle de la chauffe directe : la même surface, la sole, était utilisée pour la chauffe du four et la cuisson des aliments, après avoir enlevé la cendre. Les dimensions de la sole sont variables, selon l’usage du four, individuel ou communautaire. La sole est surmontée par une voûte hémisphérique en briques, qui restitue lors de la cuisson la chaleur emmagasinée pendant la chauffe. La voûte est bâtie en encorbellement, les briques formant un motif rayonnant, et recouverte de terre argileuse et/ou de sable pour l’isolation. (Fig 1 à 5) Cliquer sur les images pour les agrandir. Cliquer sur la croix en haut à droite pour les refermer.
Et puis il y avait aussi de véritables « boulangeries », des petits bâtiments autonomes, organisés sur le même modèle : la pièce principale permettait de travailler à l’abri, devant la gueule du four dont l’avaloir était surmonté d’une cheminée. Du bois pouvait y être stocké et un petit espace à l’étage était accessible par une échelle extérieure. C’est petites boulangeries sont superbes : par leur proportions, leurs matériaux, leur intégration dans les paysages. Il y en avait beaucoup dans la vallée de la Riolle. Sur la rive droite il y en avait au moins à Géron, aux Termelleries, aux Bergeonnières… Celles de Géron et des Bergeonnières ont dû être construites à la même époque, par les mêmes équipes. (Fig 6 à 8) On peut imaginer que nombre d’entre-elles ont pu être détruites ou transformées en lieux de stockage, voir de logement pour des journaliers. Ces belles boulangeries datent sans doute du XIXe siècle, peut être de la fin du XVIIIe pour les plus anciennes .
Au XXe siècle se multiplient les commerces de boulangerie dans les bourgs, accompagnant un mouvement de population qui voit les hameaux perdre des habitants au profit des bourgs. A la Chapelle Blanche il y eu 2 boulangeries. En 1924 ne restait que le boulanger Penneret, dans le bas bourg. A Sepmes il y a un siècle, Mr. Viau et Mr.Vernier étaient le boulangers. A Civray sur Esves il y avait la boulangerie de Mr. Pernin.
La boulangerie de Civray ferma la première, les habitants étant ravitaillés pour le boulanger de Bournan. La boulangerie de Bournan disparut au détour du siècle. La boulangerie de Sepmes a fermé fin janvier 2025. La dernière boulangerie de la Riolle est donc celle de la Chapelle-Blanche Saint-Martin. (Fig 9 à 13) Mais il y a aussi un distributeur automatique de baguettes à Civray sur Esves.
La mobilité de la population, l’éloignement des lieux de travail, la multiplication des grandes surfaces, et le recul du pain dans l’alimentation ont contribué à limiter la nécessité des boulangeries dans chaque commune, alors qu’elles constituaient le commerce le plus important encore quelques décennies plus tôt. Les distributeurs automatisés de pains, comme on en trouve à Civray (ou à Mouzay) sont-ils l’avenir de la boulangerie en campagne ? L’avenir de tous les commerces de campagne ? (Fig14)
Merci!
Pourquoi les anciennes boulangeries ont la même forme, avec une plus petite partie accolée à la plus grande structure ? réserve de farine, d’autre chose ?
Le four proprement dit est à l’arrière, la cheminée étant au dessus de l’avaloir. La pièce devant, plus grande, permet le travail et le stockage.
Merci pour cet aperçu historique des boulangeries à la campagne. La description et les photos des anciens fours sont très intéressantes.
Continuons autant que possible de faire nos courses dans ces commerces menacés par le mode de la vie actuelle!
Article très intéressant comme d’habitude! Par ailleurs le pain du nouveau boulanger de La Chapelle Blanche est très bon! Merci à ce jeune couple « de s’être lancé » dans cet emplacement!