Les commerces à Civray sur Esves

Civray est le plus petit bourg de la Riolle. Il compte aujourd’hui environ 200 habitants et plus aucun commerce de subsistance. Il faut cependant signaler un distributeur automatique de baguettes de pains installé sur le parking du centre bourg. Mais c’est pour l’anecdote. Sur internet on trouve un tableau qui signale les distances pour trouver, depuis Civray les principaux commerces (Fig1 et 2)

L’objectif de ce post n’est pas de se lamenter ni de rabâcher que « c’était mieux avant ». Nous voulons simplement faire un état des lieux et donner des informations sur l’évolution du commerce à Civray.

L’annuaire du Département d’Indre et Loire de 1928, il y a un siècle environ ( Fig 3, 4 et 5), précise qu’il y avait alors 362 habitants sur la commune, qu’un moulin était en activité, ainsi que bon nombre de commerces (regroupant parfois plusieurs activités au même endroit comme c’était la coutume autrefois).

Si l’on en juge par les noms et les activités on peut imaginer à Civray sur Esves, il y a un siècle:

  • 2 ou 3 restaurateurs et débitants de boissons: Gangneux Arthur, Perrotin Marcel et Mr Guillon. Plus un débitant à Prouray: Mr Réau. Prouray est loin du bourg, à mi-chemin de Marcé sur Esves.
  • 1 ou 2 boucheries-charcuteries, ouvertes selon les jours de la semaine: Mr Baron le Mardi (faisant également charcuterie) et Mrs Coursault et Tournier le samedi. Le jeudi Mr Cerisier proposait aussi une la charcuterie.
  • 1 boulangerie « coopérative » avec Mrs Alexandre Boué et Matignon
  • 3 épiceries: Bergeault, Driancourt (également marchand de grains) et Marcel Perrotin, sans doute dans le même local que son débit de boissons.
  • 1 débit de tabac: Louis Bergeault, sans doute dans son épicerie
  • 1 magasin orienté autour du cuir: chapeaux, chaussures, sabots: Mr. Réau; qui devait aussi faire dépôt de journaux.
  • 1 bourrelier: Mr Chartier
  • 3 marchands de tissu (rouennerie): Mrs Bergeault et Marcel Perrotin, ainsi que Mr. Driancourt au lieu-dit Prouray.

Il y avait aussi des couturières et lingères qui travaillaient chez elles ou chez les clients: Mmes Blanchet, Giron, Petit, Réau-Rampion, et la veuve Dubois.

Il est vraisemblable que Prudent Réau, coiffeur, travaillait aussi chez ses clients.

Civray comptait aussi quelques artisans dont certains cumulaient sans doute leur activité avec un petit commerce:

  • 1 Charpentier – couvreur: Mr Petit, qui animait aussi la scierie mécanique et peut être la tonnellerie avec Mr Réau.
  • 2 maréchaux ferrants: Gangneux Armand (qui s’occupait aussi des cycles) et Blanchet à Prouray
  • 1 meunier au Moulin de Fescheaux: Mr. Barillier
  • Mr. Perrodin était laitier, et Mr Boué à Prouray, pressait les pommes pour faire le cidre

Que restait -il de ces commerces après le seconde guerre mondiale, dans les années 50-60 (315 habitants en 1954) ? Nous avons interrogé des habitants de Civray et leur mémoire permet de retracer la disparition finale des commerces du bourg.

Dans les années 50-60 la plupart des activités se faisaient sur le coté est de la rue principale à Civray:

  • Le chapelier qui était au 1 de la rue principale a fermé très vite après la guerre. Il vendait aussi du tissu et s’occupait des chaussures.
  • Au 3 de la rue, Mr. Petit était encore charpentier-couvreur. Son activité fut reprise par Mr Cornet.
  • Mme Guillon tenait le café au 11 rue principale. Etait-elle l’épouse du Mr Guillon qui est signalé en 1928? Elle organisait aussi des banquets et cuisinait chaque semaine des pigeons (qui envahissaient l’église). Madame Millet, sa fille, a pris sa suite et tenait aussi l’épicerie dans un local contigu. Outre un restaurant ouvrier, elle s’occupait aussi du tabac, des journaux et du gaz. C’est le dernier commerce qui a subsisté. Il a fermé à la fin des années 80.
  • Au 13  de la rue principale, il y avait encore un maréchal ferrant en 1950
  • Mr Demay était boulanger au 15 rue principale et fournissait aussi Bournan. Il a fermé à la fin des années 70.
  • Au 21 ou 23 de la rue principale Marcel Perrotin, à l’angle de la route de Cussay, face à l’école,  tenait une épicerie et un débit de boissons.
  • La femme du maçon Perrotin était couturière à domicile, derrière l’église, à coté d’un petit bar.
  • Madame Mallet, sous l’escalier dans l’ancien presbytère, tenait la cabine téléphonique (dernier curé: Mr. Buchoul)
  • Mr Boisgard, cantonnier était aussi fossoyeur et croque-mort.
  • A Prouray jusque dans les années 60 Mr Blanchet avait une forge, et l’épicerie était tenue par Mme Driancourt.
  • Dans les années 60 l’épicier de Bournan, très corpulent et surnommé « Totor » faisait une tournée avec sa camionnette, avec arrêt au bourg et à la Pinotière.
  • L’école a fermé en 1985

En un siècle on a vu des zones agricoles, en périphérie des grands centres urbains, se transformer en surfaces commerciales géantes autour de villes nouvelles; et dans le même temps se vider les villages de campagne. La population est partie vers les lieux pouvant proposer du travail en remplacement des métiers liés à l’agriculture. Ce mouvement est-il inéluctable?

Faut-il croire que l’avenir de ville-dortoir, ou de champs d’éoliennes ou de panneaux photovoltaïques est l’horizon de nos territoires?

Faut-il imaginer le recul de l’agriculture elle même, et nos villages désertés, n’entretenir leur vie paisible que pour quelques citadins lassés de la ville et de ses violences?

Faut-il se souvenir que pour des raisons de chaos économique ou militaire, les campagnes peuvent devoir accueillir des populations en mal de sécurité et de nourriture?

Que sera Civray sur Esves dans un siècle?

2 réflexions sur “Les commerces à Civray sur Esves”

  1. Bonjour,
    Me permettez-vous de m’inspirer de intéressant article pour en faire un pour la NR.
    À charge de retour, si vous acceptez.
    Cordialement.
    Michel CHAMAURET
    Correspondant NR

    1. Bonjour,
      ce blog est ouvert à toutes et à tous. Je suis heureux si vous y trouvez un intérêt et ma seule demande est de signaler votre source si vous utilisez les documents que nous mettons en ligne.
      Qu’entendez vous par « à charge de retour »?
      cordialement

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