Le château de Sepmes

A Sepmes, il y a trois châteaux : celui de la Roche-Ploquin, sur les bords de la Manse (dont il est fait mention depuis plus d’un millénaire), celui dit de Sepmes, au coeur du village, qui date du XVIe siècle, et le « château Rabault », actuelle mairie de la commune. Le présent post est consacré au château renaissance, à deux pas de l’église et face à l’école.

Le château de Sepmes a été inscrit en 1930 comme monument historique puis classé en 1977. Dominant le vallon au sud du village, il semble ne rester aujourd’hui qu’un corps de logis principal flanqué de son pavillon à l’ouest. (Fig 1 à 4)

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Histoire du château de Sepmes

Ce bâtiment aurait été construit sur une forteresse plus ancienne (1) (2) dont il ne resterait rien. Carré de Busserolle (3) retrace depuis le XIVe siècle la lignée des personnages importants qui aurait conduit à l’édification du château actuel.

En 1331, la châtellenie de Sepmes appartenait à Guillaume de Baygnan, puis, en 1393 à Gilles de Baygnan. A partir de 1400 c’est la famille Isoré qui était maîtresse des lieux dont une des fille épousa en 1454 Antoine Guenand, chevalier. En 1479 Françoise, fille de  Gaucher d’Aloigny, épousa Jacques de Thais, conseiller et chambellan du roi Louis XI.

Sa sœur Jeanne de Thais, femme de Louis de Menou, eut pour fils Aimery de Thais, chevalier, seigneur de Sepmes. Il est vraisemblablement à l’origine du château actuel. On ne connait pas les plans initiaux et on ne sait pas s’il fut un jour considéré comme achevé. Aimery de Thais épousa Françoise de la Ferté, avec qui il eut deux enfants (Jean et Jeanne). Il est connu pour avoir eu un procès avec le seigneur de Sainte-Maure au sujet d’une décoration funèbre qu’il avait fait peindre dans l’église de Sepmes. Le 14 janvier 1513, il fut par ailleurs condamné à payer 20% de tous les revenus de la terre de Sepmes, à l’occasion du mariage de Françoise de Rohan, et de Louis III de Rohan-Guéméné.

Le fils d’Aimery, Jean de Thais, chevalier de l’ordre du roi et capitaine-gouverneur de Loches, fut le maître d’oeuvre du château. « Panetier de François Ier, capitaine de 50 hommes d’armes, maître de l’artillerie, colonel-général de l’infanterie, maître des eaux et forêts de Loches, Jean de Thais fut tué au siège de Hesdin en 1553 ». (4) François Ier est sur le trône de France au moment de la construction du château de Sepmes, et l’architecture italienne de la renaissance est à l’honneur. Elle influencera directement l’allure générale du château.

En 1553, le château et les terres reviennent à la soeur, Jeanne de Thais, et par extension à Louis Brossin, seigneur de Méré, son mari, qui mourut en 1572. Il fut inhumé dans l’église de Sepmes. La terre de Sepmes fut ensuite possédée par leur fils Jacques Brossin, avant d’être léguée à son oncle, Claude Brossin de Méré. Au mois de mai 1588, la baronnie de Sainte-Maure, dont Sepmes était vassale, fut unie à Montbazon, devenu Duché. Les seigneuries de Sepmes et de Fresnay devinrent propriétés de la famille de Rohan au début du XVIIe siècle. En 1702, ces seigneuries passèrent de la famille de Rohan à la Famille de Voyer de Paulmy d’Argenson. (Fig 5)

En 1789, lors de la révolution, la propriété appartenait à Marie-Marc-Aline de Voyer d’Argenson, dernière dame de Sepmes, et à Jeanne-Marie-Constance de Mailly d’Haucourt. En 1799 divers documents permettent de constater l’état de délabrement du château. Il est vendu en 1863 par le Comte de Murat (époux de Marie Marc-Aline de Paulmy d’Argenson), à Mme Granger Raguin qui y fit des travaux en 1868.

Au XXe siècle, de multiples travaux ou aménagements ont détérioré le château; transformé en poulailler, réserve, espace de stockages divers, et même en prison durant la première guerre mondiale. La destruction de l’édifice a aussi été envisagée, après que l’escalier ait été proposé à la vente et en partie démonté, en 1929, par Mr Chevassu, alors propriétaire. Edmond Rigaud, architecte en chef des monuments historiques, établit un rapport demandant le classement d’urgence, ce qui permit que le château soit inscrit sur l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques le 6 janvier 1930. En 1973, le château a été est acquis par de nouveaux propriétaires qui ont, depuis lors, multiplié les restaurations.

Architecture

Le château se présente comme un corps de logis principal, façade extérieure orientée au sud-est, flanqué à l’ouest d’un pavillon qui semble la partie la plus ancienne des bâtiments. Le texte descriptif ci dessous est repris de Wikipédia (5) (Fig 6 à 8)

« La façade sur cour rend compte de la distribution du château par ses ouvertures, soit un rez-de-chaussée, un premier et un second étage, ce dernier étant aujourd’hui tronqué. La travée de l’escalier est affirmée par les portes jumelles ainsi que par la différence de taille des croisées et les problèmes d’agencement des bandeaux moulurés. Le traitement de la façade est typique des constructions du premier quart du XVIe siècle : d’une part, par son « quadrillage blésois », soit une sorte de quadrillage constitué de «pilastres superposés croisant des doubles corps de moulures horizontaux », forme dont le nom vient de l’aile François Ier, du château de Blois, qui utilise ce procédé ; d’autre part, par ses chapiteaux typiques des années 1515-1520 que l’on retrouve dans les châteaux de Blois, Azay-le-Rideau ou encore Bonnivet. La porte d’entrée, de la même manière que celle du château d’Azay-le-Rideau, ressemble à des arcs de triomphe romains. L’escalier rampe sur rampe, morceau de bravoure du château, est très semblable à celui d’Azay-le-Rideau : mêmes rampes droites séparées par un mur d’échiffre, même couvrement de ces rampes par une double rangée de caissons portés sur arceaux en anse de panier, mêmes mains courantes terminées en crossette, surcreusées dans les murs. Les analogies s’étendent aux paliers couverts de deux travées de voûtes plates dallées portées sur arcs-diaphragmes croisés, retombant sur un pilastre habillant la tranche du mur d’échiffre.

Toutefois, quelques différences sont à noter, comme le décor des caissons, moins varié à Sepmes, l’absence de clefs pendantes sauf sur les paliers et repos, et enfin pas de « loges » à claire-voie aux différents paliers de la façade sur cour. Ces éléments italianisants cohabitent avec des éléments féodaux comme les mâchicoulis ornant la partie supérieure du pavillon, ainsi que par la volonté d’étirer en hauteur l’édifice, typique des constructions françaises. L’intérieur du château fut très mutilé depuis sa construction au XVIe siècle. Néanmoins il est possible d’attribuer une fonction aux différentes pièces encore en place. Le corps de logis possède deux grandes salles superposées, terminées par un niveau sous comble et le pavillon, deux chambres superposées également terminées par un niveau sous comble. Plus aucun mobilier n’est d’origine. L’élément de décor le plus marquant est la fresque peinte de la hotte de la cheminée de la chambre du 2ème étage du pavillon. L’interprétation n’est pas certaine mais il pourrait s’agir d’une interprétation des mythes d’Éole. La devise « CONCORDIA FRATRUM » est inscrite en lettres dorées sur le manteau de la cheminée. Il est probable qu’elle soit en rapport avec la scène figurative au-dessus, montrant un lien de parenté et de proximité entre deux frères ».

A ces éléments d’architecture propres au château lui même, il faut ajouter cette observations désabusée, et toute de regret, d’André Montoux (4): « Dans une propriété voisine, un bâtiment intéressant, dont on ne parle jamais, présente une colonnade qui a été volontairement détruite. Seule une colonne, noircie par la fumée, est miraculeusement intacte. Des huit autres il ne reste plus que les chapiteaux ! »

Ce même André Montoux, introduisit le texte qu’il consacra au château de Sepmes par cette phrase qui reste d’actualité, même si de réels progrès ont été accomplis par les actuels propriétaires: « Dans la liste si longue des chefs-d’oeuvre en péril, Sepmes, sans conteste occupe une place privilégiée ».

Remerciements à Eric Dechêne. 

Bibliographie

1- Rougé J-M. Vieilles demeures tourangelles

2- Ranjard R. La Touraine archéologique. Le Floch éditeur

3- Carré de Busserolle. Dictionnaire géographique, historique et biographique de l’Indre et Loire. 1878.

4- Montoux A. Vieux logis de Touraine, CLD éditeur 1974

5- Wikipédia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teau_de_Sepmes

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4 réflexions sur “Le château de Sepmes”

  1. Evocation historique très intéressante du Château de Sepmes, savamment documentée et joliment illustrée par les vues du début du XXe (en particulier fig. 3 avec les villageois de l’époque) avant les détériorations successives, et le beau dessin du seigneur de Sepmes au début du 18e. Merci de cette recherche et de sa publication!

    1. Merci de votre visite et de votre commentaire positif. C’est une chance en effet de disposer de artes postales anciennes qui illustrent la vie des bourgs d’antan.

    1. Merci de votre information.Il existe à Sepmes un « petit » et un « Grand Relai ». Faut-il mettre ces lieux en relation avec le château? Il y a aussi une légende qui faisait correspondre le château avec le Grand Relai par un souterrain. C’est faux.
      Mais il y a tant de choses que nous ne connaissons pas.

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