La Ligoire, qui reçoit la Riolle, est un affluent de l’Esves. Elle constitue la limite sud de la commune de la Chapelle Blanche Saint-Martin qu’elle délimite de Ligueil. Ce cours d’eau entraînait autrefois de nombreux moulins : à Mouzay, le moulin de Mouzay ; à Vou, le moulin de la Roche de Gennes et le moulin du Verger ; à La Chapelle Blanche, le moulin d’Epiez, puis le moulin de Gruteau ; à Bournan le moulin de Saint-Paul. En 2025, le moulin de Gruteau n’est plus sur la Ligoire, dont le lit a vraisemblablement été détourné, et rien ne montre que les bâtiments restants soient ceux d’un moulin. On peut observer la disparition du moulin en comparant le cadastre de 1832, et les images fournies par Géoportail (IGN) ou Google earth. (Fig 1 à 4) (cliquer sur les images pour les agrandir)
Dans le Ligueillois, il existe 3 moulins portant le nom de Gruteau : un à Ligueil, un autre Marcé-sur-Esves et celui de la Chapelle-Blanche, établi sur la Ligoire.
En 1855 un arrêté préfectoral fixa un règlement pour l’exploitation de la Ligoire par les moulins qui y étaient installés. (Fig 5 et 6)
Les documents conservés dans les archives départementales ou par les archives notariées ont permis à Henri Detroussel de retracer l’histoire du moulin de Gruteau depuis les années précédant la Révolution.
En 1781 le moulin appartenait à René François Constance Dange d’Orsay, maréchal des camps et armées du Roi en la ville de Loches et mort en 1795. A cette date, c’est Louise Brault, veuve de Louis Heroux, meunier, qui demeurait au moulin. (A.D. 37. Série 3 E 26 liasse 705)
– Le 28 décembre 1785, le moulin est alloué par bail au sieur Leroux. L’acte est dressé en l’étude de Maître Touchard, notaire à la Chapelle-Blanche. (A.D. 37 Série 1 Q 171)
– Avec la révolution, le comte Dange d’Orsay ayant émigré, tous ses biens sont séquestrés par le District de Loches et vendus. (A.D. 37 Série 1 Q 171)
– En 1830, Guillaume Bruno Lamy, propriétaire, et Anne Catherine Blondelle demeuraient dans ce moulin. (A.D. 37 Série 3 E26 liasse 132)
– En 1836, François Moreau, propriétaire meunier et Marie Lusseau exploitaient le moulin Gruteau. Ils avaient 4 enfants. (A.D.37 Série 3 E 36 liasse 139)
– En 1841, 11 personnes demeuraient au moulin de Gruteau : François Moreau, Propriétaire meunier, Marie Lusseau, son épouse et leur fils Pierre, Jean Gaudry, meunier et Catherine Moreau, deux autres enfants Moreau, ainsi qu’Antoine Millet, Louis Claveau, Jean Dechêne et Louis Chevreau, tous quatre domestiques.
– En 1846, 9 personnes habitaient au moulin de Gruteau. François Moreau et Marie Lusseau et leurs 2 enfants Pierre et Rosalie exploitaient toujours le moulin.
– Au recensement de 1851, 8 personnes sont encore au moulin, avec les mêmes exploitants. Le moulin appartient alors à la veuve Rouget. Le 6 novembre 1855 elle vend le moulin à Pierre Roy, meunier et Lisette Flambart et leur fils Albert. (A.D. 37 Série S 5554)
– En 1856, le moulin est exploité par le fils de François Moreau : Pierre, marié à Anne Allouard dont il a eu 2 enfants : Octave et Henri. Demeurent avec eux : Louis Chaumont, Pierre Destouches et Joséphine Caraty tous les trois domestiques.
– En 1861, le recensement indique que les propriétaires sont toujours Pierre Roy et Lisette Flambart. Ils sont épaulés par Louis Moreau, Pierre Billault et Marie Beverin tous les trois domestiques.
– En 1881 Pierre Roy et Marie Flambart exploitent toujours le moulin avec Charles Menou, meunier.
– En 1901, Pierre Roy est qualifié de propriétaire rentier. C’est son fils Albert qui continue l’exploitation du moulin.
– En 1911, Pierre Camain et son épouse Désirée Claveau et leurs 2 enfants (Andrée et Alexandre) exploitent le moulin.
– En 1921, Pierre Guerin, fermier et Léontine Pouvreau avec leurs 3 enfants (Anatole, Louis et Léa) demeurent au moulin. Cette famille était encore là au recensement de 1931.
La suite de l’histoire du moulin de Gruteau ne nous est pas connue. Etait-il encore en activité lors de la seconde guerre mondiale ? Nos lecteurs ont-ils des informations à ce sujet ? Nous serions heureux de nous en faire l’écho par les commentaires reçus. Remerciements à Henri Detroussel.
Merci, et pourquoi la Ligoire a été détournée ?
Max ! Les propriétaires actuels et d’hier peuvent peut-être répondre à certaines questions, ainsi que des voisins habitant La Chapelle ou Bournan !
Recherches très intéressantes ! Merci.
Merci pour cet article intéressant ! 👍 Je vais me renseigner sur les raisons du détournement du cours d’eau.
Il faudrait trouver le notaire qui possède les minutes de la commune, et dans ces minutes figurent les baux concernant le moulin.
C’est ainsi que j’ai retrouvé le bail du moulin de la roche de CIRAN datant de 1900.
LE notaire était Me FRAPAT de Loches dont l’étude à été reprise par sa fille… tous les espoirs sont permis.
Je ne connais pas la fille mais le père était(est?) un personnage que l’on n’oubliait pas 🙂
La ligoire détournée, ne cherchez pas plus loin que le remembrement cette merveilleuse catastrophe
Merci de vos commentaires. Pour Daniel D. je ne peux que confirmer que les informations les plus fiables sont à rechercher dans les archives notariées. C’est ce qu’à fait Henri Detroussel, que nous remercions encore, dont nous avons repris les informations au sujet du moulin depuis 1781 jusqu’à 1921. Les archives des notaires sont disponibles aux archives départementales du département et constituent une mine irremplaçable d’informations.
Mais après 1921, comment s’est passé la « fin » du moulin ? Un de nos lecteurs nous propose ces informations et nous les reproduirons ici avec, avec son autorisation.
A bientôt donc
Grand merci pour cet article, je suis née en 1961 au moulin de gruteau, ainsi que mes 6 freres et soeurs… mes parents Moise Vernat et Eliane vernat née Ondet était propriétaire de ce moulin. Merci
Merci pour tous ces renseignements intéressants. Ou comment mieux connaître notre petite région du sud Touraine !
Merci à la fille de Moïse et Eliane Vernat de nous avoir donné ces informations. Grâce aux informations complémentaires transmises par Geneviève Vernat, sa soeur qui a habité au moulin de Gruteau, nous avons pu retrouver la suite des informations qui permettent de connaître les propriétaires de ce moulin après 1931.
C’est le père de Moïse Vernat (né le 21 mars 1915), Eugène Vernat, qui a acheté le moulin de Gruteau dans les années 1930, à Pierre Guérin. Dès cette époque la notion de moulin était tombée en désuétude : les meules ne broyaient plus les grains de blé ; on ne faisait plus de farine au moulin. Mais la Ligoire avait conservé son cours et le bief du moulin jouxtait toujours les bâtiments. Le moulin de Gruteau était devenu une exploitation agricole comme une autres, orientée vers la production de fromages de chèvres.
Moïse Vernat et son épouse (à partir de 1945) ont poursuivi cette activité. reprise ensuite par leur fille Geneviève, épouse Gervais, bien connue sur les marchés de la région pour la qualité de ses fromages de Sainte-Maure.
A noter qu’un des frères de Moïse Vernat était Théophile Eugène Vernat qui oeuvra à la laiterie de Ligueil et en devint le Directeur.
Tous nos remerciements pour ces informations qui complètent l’histoire du moulin de Gruteau.
Je suis moi même née au moulin de grûteau comme ma sœur Patricia Vernat citée ci dessus, en 1955. J’ai connu le bief, les vannes et le gué qui alimentait la liguoire par un grand fossé et le bief passait au ras de la maison.
Aujourd’hui on compte 5 générations de la même famille au moulin de grûteau.
Après mes grands parents paternels , mes parents, ma sœur aînée, son fils aînée et maintenant son fils, avec un élevage de chèvres. C’est une grande fierté que cette propriété reste dans notre famille.
Nadege ANSAULT née VERNAT