L’école de Bournan

Le texte que nous consacrons à l’école de Bournan doit beaucoup à Michel Lhéritier qui avait déjà évoqué cette école sur le site de Bournan, mais aussi à Josiane Schoenstein, auteur de deux livres sur le canton de Ligueil, et aux Nouvelles Editions Sutton. Nous les remercions pour les informations mises à notre disposition.

L’actuelle école de Bournan, construite en 1905, à l’apogée de la troisième République, est à cet égard un modèle architectural fascinant: symétrie absolue entre espaces garçons et filles, sans mixité, centralité des locaux des enseignants, grandes verrières, cour de récréation spacieuse 

Pourtant on doit raisonnablement penser qu’une formation était dispensée à quelques enfants du village, en général par le curé, avant qu’une école en tant que telle soit identifiée à Bournan. C’est vraisemblablement dans le presbytère (noté 1 sur la Fig 1) que devaient se tenir ces enseignements durant l’Ancien régime.

En 1811, la métairie du XV° siècle, voisine du presbytère, dont le propriétaire était Mr Gallas résidant au château de Bagneux, fut vendue au clergé pour devenir le nouveau presbytère (noté 2 sur la Fig 1). C’est dans ce nouveau presbytère que s’installa l’école au début du XIX° siècle (entrée coté sud) et y resta jusqu’en 1856. (Fig 2)

Rappelons les dates qui ont marqué la mise en place de l’instruction obligatoire dans notre pays. En 1792 Condorcet recommandait un système d’enseignement laïc, ainsi que l’égalité entre filles et garçons. Il faut cependant attendre le 28 juin 1833 pour que François Guizot, fasse voter la loi qui prévoit la scolarisation des garçons, et l’obligation pour les communes de plus de 500 habitants d’avoir une école primaire, ou de se regrouper pour les plus petites. Il est prévu que l’enseignement soit gratuit pour les élèves des familles pauvres (1/3 des enfants). Victor Duruy, par la loi du 10 avril 1867, oblige les communes de plus de 500 habitants à se doter d’une école publique pour filles, et permet d’établir la gratuité absolue de l’enseignement primaire en les autorisant à lever un impôt communal. La « loi du 28 mars 1882 sur l’enseignement primaire obligatoire », de Jules Ferry a pour but de rendre l’instruction obligatoire, gratuite et laïque. Elle vise les enfants des deux sexes, âgés de six ans révolus à treize ans révolus. En campagne, les parents sont désormais obligés d’envoyer les enfants à l’école primaire, au lieu de les faire participer aux tâches ménagères ou au travaux des champs.

En 1855 ou 56 la commune de Bournan (Monsieur Marchais étant maire) achète au 1 de la rue principale la maison que Mr. Stanislas Nonet avait fait construire une dizaine d’années pas tôt. (noté en 3 sur la Fig 1) A cette époque de gros travaux furent effectués pour créer une classe de filles (coté cour) et une classe de garçons (coté rue). Une estrade au pied d’une cloison à mi-hauteur permettait au Maître de surveiller simultanément les deux classes sans que celles-ci se voient mutuellement. Les deux classes étaient d’une superficie de 43m2 et pouvaient accueillir 44 élèves au total. Un logement fut aménagé pour le premier instituteur en rehaussant le bâtiment et en aménageant l’étage. (Fig 3)

Outre l’achat et les aménagements des locaux la commune dut acheter divers matériels: un poêle à bois, une pendule, des tableaux peints en noir (1,40 m X 0,95 cm), un tableau des poids et mesures métriques, une mappemonde, une carte d’Europe, de France, et du Département. Ainsi qu’une collection de tableaux de lecture et de modèles d’écriture; et un crucifix.

Le succès de l’école obligatoire pour les filles et les garçons fit qu’à partir dans les années 1895-1900, par manque de places, l’école de filles fut transférée dans le petit bâtiment à coté de l’épicerie (Fig 4), noté 4 sur la Fig 1, et que la construction d’une école plus adaptée fut décidée (l’ancienne école fut alors reprise par un atelier de réparation de machines agricoles). La construction de la nouvelle école (notée en 5 sur la Fig 1), toujours en fonctionnement, fut réalisée en 1905 (année de la loi sur la séparation des Eglises et de l’Etat) et inaugurée en 1906. (Fig 5) Les garçons et les filles étaient séparés en deux classes du coté ouest; la cantine fut placée à l’est.

Le logement central avant d’être strictement réservé aux instituteurs a servi de Mairie pendant quelques années. Jusqu’en 1936 cette école fut servie par 2 instituteurs, souvent des couples mariés. On voit sur les archives de la commune qu’il avait pu y avoir plus de 60 élèves dans l’école à ses débuts. (Fig 6)

L’exode rural et la baisse de démographie ont failli conduire à la fermeture de cette belle école dont la cour de récréation donne sur un des très beaux paysages de la Riolle. (Fig 7 et 8)

Une organisation intercommunale a permis (au prix de bien des déplacements pour certaines familles) de maintenir pour l’année scolaire 21-22 une école de 39 élèves ( niveau complémentaire) à Bournan, une autre à La Chapelle Blanche (avec 39 élèves de niveau élémentaire) et une maternelle à Bossée avec 27 enfants. Mais l’école de Civray sur Esves est fermée depuis les années 80.

Si, aux difficultés déjà signalées menaçant la survie des écoles des villages, on ajoute les impasses économiques et financières du pays, n’y a-t-il pas fort à parier que la magnifique et emblématique école de Bournan, ne sera plus qu’un souvenir d’ici quelques décennies?

L’enseignement n’est-il plus le trésor que nous pensions?

(les Fig 9,10 et 11 sont extraites du livre de J. Schoenstein sur le canton de Ligueil; avec l’autorisation des novelles éditions Sutton)

3 réflexions sur “L’école de Bournan”

  1. Merci pour tous ces articles que je viens de découvrir.
    Une partie de ma famille a ses racines à Bournan. Mon grand-père m’a raconté il y a bien longtemps que son propre grand-père Gatien Pouvreau avait construit l’école de Bournan. Je pense que cela est v3rifiable dans les archives de la Mairie.

    1. Merci Madame de cette information. Je vais tenter de retrouver des informations sur votre ancêtre Gatien Pouvreau et vous les apporterai en commentaire de ce post.
      Cordialement

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