Le bulletin municipal 2021 de la commune de la Chapelle Blanche Saint Martin a publié un article très intéressant au sujet des cloches d’airain de l’église du village. Nous reprenons ici certains éléments de cet article que nous complétons par des informations issues des registres des Conseils de Fabrique de la paroisse (travail de conservation mené par Madame Marcelle Saulquin et d’autres personnes de la commune), et de données bibliographiques reprises de l’ouvrage de Carré de Busserolle. (1)
Rappelons que selon cet auteur « les seigneurs de Grillemont étaient patrons et fondateurs de l’église de la Chapelle Blanche et qu’à ce titre ils étaient tenus de faire les réparations au clocher et au choeur ».
Actuellement au nombre de trois, les cloches portent chacune un nom propre et une décoration particulière. Ces cloches, installées successivement en 1896, 1902 et 1910, visaient à remplacer les cloches qui avaient été démontées ou endommagées par les ans ou la Révolution de 1789 qui avait voulu limiter le rôle de l’Eglise dans la vie communale.
Les 3 cloches actuelles ont été fondues par l’entreprise Bollée d’Orléans, et sont montées sur jougs pivotants à roulements à billes ou paliers de bronze. Depuis 1989, les cloches étant lourdes à manoeuvrer, le mécanisme de balancement a été électrifié.
La référence la plus ancienne en matière de cloche à la Chapelle Blanche remonte au 26 Février 1645 avec la bénédiction d’une cloche « Louise » dont le parrain fut Monsieur Louis de la Hillière, seigneur de Grillemont de 1630 à 1686, et la marraine, Dame Marie Georgin, femme de Jean Villiers.
Un texte repris du registre de la Fabrique évoquant l’année 1690 précise: « Le 16 juin 1690; 2 cloches. Première « Louis » parrain et marraine Louis Vouillé seigneur de Grillemont et Marie Boutard femme d’Espiard. La petite cloche parrain Claude d’Espiard, seigneur de Grillemont, et Marie Guérin ». Au regard des informations disponibles au sujet de Grillemont, on peut penser que des erreurs de recopie ont pu se produire. En effet, la chronologie des cessions successives de Grillemont laisse à penser qu’entre 1690 et 1697 Louis Reuillé de la Chesnay, et Charles Mathieu Espiard auraient été propriétaires conjoints de Grillemont. Par ailleurs, Charles-Mathieu Espiard était marié à Marie Thérèse Boullard. A la lumière de ces informations, le texte de la Fabrique pourrait être rectifié de la façon suivante: « 16 juin 1690: 2 cloches. La première cloche, « Louis », dont le parrain est Louis Reuillé de la Chesnay, seigneur de Grillemont et la marraine Marie Thérèse Boullard, femme d’Espiard. Pour la seconde, plus petite, le parrain est Claude-Mathieu Espiard, seigneur de Grillemont, et la marraine Marie Guérin ».
Le 17 Septembre 1750 il y eu la bénédiction de la cloche « François » dont le parrain fut François-Balthazar Dangé d’Orsay, conseiller et secrétaire du roi Louis XV et fermier général, seigneur de Grillemont de 1739 à 1777.
Le 23 Mai 1776. Bénédiction d’une cloche « Françoise ». Mr Clou, curé de Ligueil de 1770 à 1791, puis curé constitutionnel de 1793 à 1802, fit la cérémonie en présence de tous les curés voisins. Le parrain fut François-Balthazar Dangé d’Orsay, représenté par Claude Charles Bonhomme. La marraine fut Dame Louise Madeleine Charpentier épouse de René-François Constance Dangé d’Orsay représentée par Mme Louise Garnier épouse de Louis Dupont, des Jumeaux.
Le 8 Juillet 1786, bénédiction d’une cloche « Catherine Balthazar Marie ». Parrain René-François Constance Dangé d’Orsay, seigneur de Grillemont de 1777 à 1795, représenté par Nicolas Gabriel Ducastel, receveur de Grillemont. La marraine fut Mademoiselle Marie Madeleine Ducastel, nièce de Marigny.
Il est probable que les cloches subsistant dans l’église aient été fondues au moment de la Révolution qui recherchait les métaux utilisables pour la fabrication de canons.
Mars 1804 bénédiction de « Caroline » de 740 Livres. Parrain François Collineau propriétaire de Grillemont (depuis 1796), marraine Françoise Rose Charlotte Olivier de Montaguère son épouse, Leclerc étant curé (de 1803 à 1820), Berthault Maire (de 1804 à 1807) et Touchard Notaire. Cette cloche a été enterrée à une date imprécise (1877 ?).
Des cloches actuellement installées dans le clocher, la plus ancienne se nomme « Henriette Louise », pèse environ 240kg (diamètre 0,72m) et est accordé au Do. Elle a été bénie en 1896, Alphonse Marcault étant curé de la paroisse; Louis Lecointre et Henriette Delamarre-Lecointre, propriétaires de Grillemont, sont parrain et marraine de cette cloche.
La plus petite, nommée « Julie Pauline Théodora » pèse environ 130kg (diamètre 0,59m) et est accordée au Ré#. Elle aurait été offerte par le Curé Marcault et a été bénie en 1902. Le registre de la Fabrique relève que: « cette cloche a été offerte à la Fabrique en souvenir des abbés Saulquin, Verna, Trochon et feu Gentilhomme, et nommée pour cela « Julia, Victoria, Pauline et Théodora » (Le nom de Victoria ne figure pas sur la cloche elle même). « Cette Cloche a sonné la première fois le 29 Mai 1902 pour la première messe de l’abbé Jules Saulquin, natif de la commune, et dont les éminentes qualités lui permirent d’exercer les plus hautes responsabilités dans le diocèse de Tours.
La plus grosse cloche (405 Kg, diamètre 0,86m) , accordée au La, se nomme « Valentine » et a été bénie le 31 Mars1910, A. Marcault étant toujours curé du village.
Les cloches, par leur implication forte dans la vie des commues et par leur permanence dans les siècles passés constituent des marqueurs très riches de notre histoire, permettant des recoupements sur le long terme.
Nous consacrerons ultérieurement un post à ce Curé Marcault si controversé mais qui a contribué de façon notable à la notoriété de l’église de la commue.
(1) Carré de Busserolle, J.X. Dictionnaire géographique, historique et biographique d’Indre et Loire. 1880