Les croix stationnales et le calvaire de Sepmes

Comme les autres communes de la Riolle le village de Sepmes conserve quelques croix le long des routes ou à leurs croisements; ainsi qu’un grand calvaire. Et il faut observer que tous ces monuments sont en pierre ou en métal alors qu’à la Chapelle Blanche Saint Martin, par exemple, les croix sont plus volontiers en bois.

Rappelons qu’on désigne en général par « croix » un monument qui ne comporte pas de personnage. Un crucifix est une croix sur laquelle est représenté Jésus crucifié. Un calvaire est une croix – ou plus souvent plusieurs croix associées – décorées d’un ou plusieurs personnages; sur les croix elles mêmes ou à leur proximité immédiate. Mais ces distinctions ne sont pas catégoriques au regard des différentes définitions proposées par les dictionnaires.

On utilise plusieurs vocables, qui peuvent se recouper ou se compléter, pour caractériser ces monuments:

– Les croix des chemins, implantées le long des routes (ou parfois aux carrefours), elles se sont développées après 1095 pour christianiser un lieu, avec un double rôle de guide et de protection.

– Les croix stationnales, doivent leur nom au terme de « station » qui était le lieu de rassemblement des fidèles qui se réunissaient chaque année au jour anniversaire de la mort d’un martyr (depuis l’époque carolingienne). Elles sont censées représenter toute la paroisse. Elles seraient par définition fixées au sol, par opposition aux croix processionnelles, qui accompagnent les processions de fidèles.

– Les croix d’offrande, placées sur les routes de pèlerinages pour y déposer une offrande. La route de Compostelle passait par Sepmes.

– Les croix de processions et en particulier de « rogations ». Les rogations sont des prières en processions accomplies, trois jours avant l’Ascension. Les rogations ont été instituées vers 474 par saint Mamert, Les fidèles priaient pour obtenir un climat favorable à l’agriculture et imploraient protection contre les calamités naturelles.

– Les calvaires ou croix de missions sont des monuments érigés en souvenir d’une mission, en particulier après la révolution, pour favoriser la reprise de la pratique religieuse. Beaucoup datent du xixe siècle ou du xxe siècle. En général on y trouve une inscription (le prédicateur) et la date de cette mission.

– Les croix hosannières, ainsi dénommées parce qu’on y bénissait les rameaux en chantant l’Hosanna, et en général placées au centre des cimetières.

– Les croix mémoriales placées sur des monuments commémoratifs d’atrocités souvent liées à la guerre.

– Les croix votives, exécutées ou offertes pour acquitter un vœu

Voyons en détail, et si possible de façon exhaustive, les calvaires et croix qui restent visibles à Sepmes et celles dont on garde des traces. Nous en avons trouvé 10. (Fig1) Mais toute information complémentaire serait la bienvenue; en particulier par les commentaires à ajouter en bas de ce post.

Les illustrations peuvent agrandies en cliquant dessus. Les réduire en cliquant sur la croix.

1 La croix de saint Jacques est du XVII siècle. Hauteur 2,20m. Ce calvaire rappelle que Sepmes se trouvait sur l’un des principaux itinéraires empruntés en Touraine pour se rendre à saint Jacques de Compostelle. C’est ainsi que des fermes du voisinage portent des noms caractéristiques: Ferme des Galice, le petit Relais, le grand Relais. Ce chemin empruntait l’ancienne voie romaine. (Fig 2 et 3)

2 La croix rouge au nord du bourg sur la route de la Roche Ploquin. Datant du XV° siècle. Sa hauteur est de 1,90m. Elle a été réparée après avoir été fracturée (vraisemblablement abattue). Elle fait partie des croix dites de rogations vers lesquelles on venait prier en procession pour attirer les bénédictions du ciel sur les récoltes. Bras sont bifides et disposés autour d’un anneau. (Fig 4) Elle est aussi notée par une croix rouge sur la fig 12.

3 La croix cassée, route de Bossée, au nord de Sepmes, au carrefour de la D91 et de la Rue des Saulniers. L’évènement à l’origine de la fracture du bras n’est pas connu, pas plus que la date de la cassure. (Fig 5)

4 Le calvaire des pleureuses est visible sur un tertre le long de la route de Bournan, au lieu-dit « La croix » au sud-est du bourg. Il date de 1891 . Ce calvaire a été érigé par l’abbé Louis Martin retour d’un pèlerinage à Jérusalem, à l’intention de ses paroissiens. Les deux statues (Marthe et Marie Madeleine) sont un don de Mr Edmond Julienne pour la naissance de sa fille, sa femme étant malade. Ce calvaire a été bâti sur un terrain appartenant à l’arrière grand père de Camille Daguet. (Fig 6 et 7)

5 La Croix des Prussiens située au carrefour de la route de Sainte-Maure à Loches et la route vers la Roche Ploquin. Erigée par les châtelains de la Roche Ploquin pour marquer la fin de la guerre de 1870 (Fig 8)

6 La croix hosannière du cimetière. Vraisemblablement assez ancienne. (Fig 9)

7 La croix de mission 1894, à l’intersection de la route du stade et de la rue des Saulniers. Cette croix n’a plus ses branches latérales. On y voit en position haute une vierge portant l’enfant, et en bas, au pied de la croix, un ange à droite et à gauche un enfant. Elle porte sur son socle la mention Poserunt me custorem (Ils me posèrent en gardiens). (Fig 10 et 11)

8 La croix verte, figure sur le cadastre 1832. Elle se situait en remontant des Berthelots, au carrefour avec l’ancienne route de Sainte Maure. (Fig 12)

9 Une croix de la Peignière figure au cadastre 1832 à la pointe nord de la commune, à son point de jonction avec les communes de Sainte Maure et de Bossée, tout proche du lieu-dit actuel de la Pénière sur Bossée. Cette croix était sur le chemin de Sainte Maure (route de la chapelle) qui rejoignait le chemin de Bossée à Sainte Catherine de Fierbois. (Fig 13)

10 Une croix Thomassière est aussi évoquée aussi sur ce premier cadastre, au sud de la commune. (Fig 14)

Toutes ces croix font partie de notre petit patrimoine local et sont représentatives des efforts séculaires accomplis par nos ancêtres pour valoriser notre territoire. Leur disparition, progressive ou brutale (comme ce fut le cas lors de la révolution), indépendamment de leur valeur symbolique ou religieuse, ne constitue-t-elle pas une atteinte à l’histoire de nos communes?

Bon nombre des informations concernant les croix de Sepmes sont dues au travail de mémoire de Mme Eliane Fontaine. Qu’elle en soit remerciée.

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