Sous le pont de St Nazaire coule la Riolle

La Loire, ce mince filet d’eau qui jaillit au mont Gerbier des Joncs, n’est bien sûr pas capable d’atteindre l’océan. Sous les arches du viaduc de Saint-Nazaire, le fleuve majestueux qui gagne la mer est, sans conteste, riche des eaux de la Riolle. Que serait ce plus grand fleuve de France s’il ne recueillait pas les eaux du massif central et de tout le coeur de la France royale, de Bourges au Mans, en passant par Orléans, la Touraine, l’Anjou et le pays nantais ? Comme l’eau de la Riolle fait l’eau de la Loire (après avoir nourri la Ligoire, l’Esves, la Creuse, et la Vienne), l’histoire de notre beau pays et de sa grande civilisation est faite des millions de vies qui ont enrichi le terreau de sa campagne. Pas de Loire sans la Riolle et ses soeurs. Pas de France sans la Chapelle-Blanche, Bournan, Civray et Sepmes.

C’est en attachant la plus grande attention aux minuscules ruisseaux comme aux personnes les plus modestes que l’image de notre pays se dessine, s’illumine et resplendit. Les merveilles architecturales qui jalonnent la Loire peuvent facilement masquer la richesse des patrimoines qui peuplent les arrière-pays. Comme l’éblouissement de Paris peut conduire à sous-estimer toutes les villes magnifiques de notre pays exceptionnel. Mais, rien, non rien ne doit faire oublier que tous les trésors français viennent de la richesse de sa géographie et de sa base humaine. Le travail, le courage, l’intelligence de centaines de générations ont permis que se concentrent, à Paris ou sur les bords de la Loire, des emblèmes qu’on ne peut effacer. Chenonceau et Notre-Dame, comme le pont canal de Briare et la tour Eiffel, et tant d’autres merveilles, ont été portées, élaborées et financées grâce au génie de ce petit pays, de ses petites gens et de ses petits villages. C’est une fierté que rien ne doit atténuer ni masquer. Le coeur pour distribuer du sang de bonne qualité a besoin que les microscopiques alvéoles pulmonaires l’enrichissent d’oxygène à chaque instant. La France et l’Europe n’arrivent plus à rien si nos alvéoles, aussi minuscules que vitales, sont étouffées, stérilisées, déniées, vandalisées.

C’était l’objet de ce blog que d’essayer d’observer et de décrire, dans un tout petit territoire, la source de tant de beauté maintenue depuis si longtemps ; et de célébrer, autour de la Riolle, tous ces microcosmes qui font l’Europe et son histoire. Pour essayer, aussi, de comprendre comment la mondialisation a transformé, localement, les héros en parias, les vies difficiles en vies trop souvent malheureuses, les territoires, intériorisés et maîtrisés, en une table de casino, et une ruche bourdonnante, pleine d’enfants, en un désert humain sous la coupe des PLU, COM-COM et autre UE.

Après 250 posts il est temps de mettre un terme à ce blog. Non pas que le but ait été atteint, ni que l’infinie source d’observations soit tarie : il y a encore tant à dire sur la vallée de la Riolle et ses quatre communes. D’autres le feront peut-être.

Avant que ce blog disparaisse d’internet, je tiens absolument à remercier toutes les femmes et tous les hommes d’ici ou d’ailleurs (dont une fidèle lectrice d’Australie) qui m’ont fait confiance, qui ont partagé avec moi leur amour de notre petit paradis, qui m’ont autorisé à parler d’eux, et à utiliser leurs documents pour décrire ce qu’ils construisent ou maintiennent au jour le jour. Je remercie aussi toutes les personnes qui ont publié, anonymement ou sous leur nom, des commentaires souvent favorables.

Nous sommes fiers d’avoir pu maintenir l’engagement de refuser toute trace de publicité sur le blog. Par ailleurs, nous maintenons notre option de liberté de droit : chacun est libre de copier les textes ou les illustrations de l’ensemble des posts publiés (en signalant la source).

Je forme le voeu que la vallée de la Riolle soit encore longtemps, pour ses amoureux et tous les amateurs de campagne, une source inépuisable de beauté heureuse et paisible. Merci.

14 réflexions sur “Sous le pont de St Nazaire coule la Riolle”

  1. Un très grand MERCI à toi, François, pour nous avoir fait (re) découvrir les trésors de cette charmante petite vallée.
    Mais ce blog fort bien documenté et fort bien illustré va nous manquer!
    Un grand MERCI également aux personnes ressources qui t’ont accompagné !

  2. Ce blog va incontestablement me manquer. C’était une source de connaissances locales souvent données sous une forme amenant du rêve et du respect pour ces valeurs du passé dans nos campagnes.
    Encore merci à toi François!
    Bonne route.

    Michel

  3. J’ai toujours apprécié vos textes qui m’ont fait découvrir cette petite vallée si pittoresque. Je regrette beaucoup que vous arrêtiez…. mais quelqu’un prendra peut-être la relève… Encore merci. BD

  4. Quel texte merveilleux comme terme à ce blog très apprécié, nous apprenant tant de choses non limitées à la géographie du coin, mais s’ouvrant à des horizons universels et des qualités humaines. Merci infiniment!

  5. Mille mercis pour ces moments d’évasion qui ponctuaient le début de ma semaine.
    Ces découvertes vont me manquer, j’ai tant appris sur cette région dans laquelle je vis depuis peu.
    Je reconnais bien ta patte sur ce dernier post, tout en finesse et élégance.

  6. Leguillette Laurent

    Merci sincèrement pour ces récits passionnés et passionnants.
    Ils ont été très enrichissants.
    Je te suis reconnaissant d’avoir partagé ces histoires à propos de notre sublime vallée.

  7. Merci à toi et toutes les personnes qui ont contribué à faire naître et animer ce blog ; vous avez ouvert les yeux de certains, appris à regarder autrement pour d’autres, voire révéler des coins et recoins secrets d’un si joli petit territoire.

  8. Danquigny Bernard

    Merci, François, pour la richesse des informations que tu as eu la générosité de nous transmettre.
    La diversité des sujets abordés témoigne d’un territoire inépuisable, et surtout d’un regard curieux, toujours en éveil, que tu poses sur cette région que tu sembles si bien connaître et aimer.
    Je mesure pleinement l’ampleur du travail et de la rigueur qui sous-tendent chacun de tes partages.
    Puisses-tu continuer à savourer le cours du temps, sereinement, car je reste convaincu que la flamme est loin d’être éteinte.
    Et peut-être verrons-nous, un jour, renaître sur la toile cette belle évocation qu’était « La Vallée de la Riolle ».
    Reçois, en attendant, mes pensées les plus amicales.

  9. Vos remerciements et commentaires me touchent et me feraient presque regretter ma décision. J’ai encore des archives, des photos et des documents anciens qui pourraient nourrir 200 posts. Je trouve toujours satisfaisant ma manière de me promener ici en regardant chaque chose ou chaque personne pour en faire l’objet d’un post. Il y a ici tellement de choses ou de gens à évoquer ou souligner ou rencontrer. Mais non, il y a un moment où il faut prendre acte de la nécessité de mettre un terme à son travail. La vie continue, nos forces diminuent, et il faut consacrer celles qui restent à l’essentiel. Ce que je vais faire.
    Ces 4 années de publications hebdomadaires ont enrichi ma vie et permis de faire des tas de rencontres très positives. Ce fut une chance pour moi et je tiens une fois encore à remercier toutes celles et tous ceux, qui, d’une façon ou d’une autre, ont interagi avec ce blog et ont légitimé ainsi l’interêt qu’on peut porter à un tout petit bout de territoire comme la vallée de la Riolle.

  10. François, je découvre avec surprise et tristesse ce post qui annonce la fin des publications. J’aime bien recevoir la newsletter avec les nouveaux billets.
    Puis-je te demander, je crois que tes lecteurs seront curieux à tout le moins de le savoir, la raison (ou les raisons) pour laquelle tu arrêtes le blog ?
    Tu peux par ailleurs le laisser en ligne, c’est un contenu qui en vaut la peine, il n’y a pas besoin de le supprimer. Comptes-tu ouvrir un autre blog, sur un autre sujet ?
    merci en tout cas pour toutes ces découvertes, et ces belles évocations de la campagne et des gens de Touraine.

  11. Merci de ton commentaire. J’arrête par ce que je manque de temps et que la rédaction de ce blog demande environ une journée par semaine.
    Le laisser en ligne ? Je n’ai rien contre et je vais voir ce que cela coûterait.

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