Allettes, Aslette, Alet, Aleth, Allet…

Entre les premiers documents qui font état du domaine, la carte de Cassini, les cadastres des différentes époques, les documents privés et Géoportail, le nom d’Alet est affublé de biens des orthographes différentes. Le château d’Alet- de dimensions relativement modestes pour un terroir qui compte Bagneux, Grillemont ou la Roche Ploquin – est pourtant une bien belle demeure de la commune de Civray sur Esves. Il est bâti à flanc du doux coteau de la rive gauche de l’Esves, à près d’ 1 km de la rivière. Orienté est-ouest, sa façade nord donne du coté de la rivière dont il est séparé par la D99. (Fig1)

Propriété privée, donc peu demandeuse de visites intempestives, elle est nichée dans un bouquet de beaux arbres au bout d’un chemin qui monte depuis le « pont d’Alet » installé sur l’Esves.

Même si quelques cartes postales ou photographies anciennes donnent une idée de la beauté classique de ce bâtiment, les documents récents manquent, tant pour l’extérieur que les intérieurs ou les jardins. Le respect des propriétaires interdit bien sûr de se lancer dans la collecte d’images de l’actualité du château, mais on regrette de ne pas pouvoir illustrer ses caractéristiques architecturales. Son histoire assez riche a été évoquée tant par Carré de Busserolle (1), que Jacques Marie Rougé – qui écrit Aleth- (2) ou André Montoux (3). (Fig 2, 3 et 4)

C’est en 1639 qu’on trouve la première mention du « fief d’Allettes ». En 1662 on parle d’Antoine de Mons « seigneur d’Allet ». En 1696 « la terre d’Alet » aurait été saisie au profit du maréchal d’Estrées, petit fils d’Henri IV. C’est là qu’il possédait sa plus belle chasse. En 1703 Allet est acheté par Côme de Marsay (Seigneur de la Blanche Epine à Sepmes) que ses descendants conserveront jusqu’en 1811. Ce sont eux qui reconstruisirent le château sous sa forme classique, remarquable du XVIII siècle. Il aurait été construit en 1715, année de la mort de Louis XIV, et modifié en 1870. L’intérieur aurait été réaménagé en s’inspirant de l’hôtel Meurice de Paris. La cave voûtée en moellons qui aboutit à un caveau perpendiculaire devait être l’ancienne entrée, vestige du château primitif, selon André Montoux.

La façade nord (Fig 5), sur ses deux niveaux séparés par un cordon courant à la base des allèges en pierres de taille, comporte 7 fenêtres dont 3 dans une partie médiane limitée par des pilastres à bossage également en pierres de taille, d’un beau tuffeau blanc. Dans le toit une grande lucarne, accostée de part et d’autre d’une balustrade, marque clairement le centre du bâtiment qui s’équilibre par une lucarne plus petite, de part et d’autre. Au rez-de-chaussée un perron entouré d’une balustrade en pierre et sept degrés donnent accès au jardin.

La façade sud (Fig 6) du bâtiment quadrangulaire présente des ouvertures différentes mais tout aussi régulières et symétriques: 5 fenêtres par étage, dont une seule dans la partie médiane. Cette partie a d’ailleurs été surélevé par un troisième niveau dont la fenêtre répond à la grande lucarne de la façade nord. Cette fenêtre est couronnée d’un tympan triangulaire qui semble avoir été réalisé après 1836 puisqu’il porte le blason du marquis de la Ferté Sénectère propriétaire à partir de cette date. Deux lucarnes sont installées de part et d’autre de la travée médiane, exactement à l’aplomb des fenêtres de la façade sud.

A l’époque de la Révolution Côsme Claude François de Marsay, capitaine au régiment du Dauphin dragons, comparut en personne, en 1789, à l’assemblée électorale de la noblesse de Touraine, en tant que « seigneur d’Allet ». En 1793 il fut incarcéré avec sa femme et leurs trois filles au château de Loches, au prétexte d’avoir favorisé l’émigration de membres de sa famille. Ils furent libérés en 1795. Ils vendirent le château en 1811 à René-Louis Ambroise de la Pouëre qui le céda dès 1836 à Monsieur Augustin-Marie-Faustin Thibault de la Carte, marquis de la Ferté Sénectère. Son arrière petit fils, à la suite du legs en sa faveur de sa tante la baronne de Witte, décédée au château en 1979, en était propriétaire au moment de la rédaction de l’ouvrage d’André Montoux consacré aux « Vieux logis de Touraine ».

On ne peut évoquer ce Chateau d’Alet sans rappeler que de 1900 à 1979 un bélier hydraulique remarquable, installé par la société Bollée du Mans, fut utilisé pour remonter l’eau du Ruisseau de la Roche (avant sa confluence avec l’Esves), à partir du Moulin de Ménard  jusqu’au Château d’Alet distant de 2 km et perché près de 40 mètres plus haut que le bélier! (voir sur Fig 1)

Bibliographie

1- Carré de Busserolles J.X. Dictionnaire d’Indre et Loire 1876

2- Rougé Jacques Marie. Vieilles demeures tourangelles

3- Montoux André. Vieux logis de Touraine

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