Faune de la Riolle: les ragondins

« Le magazine de la Touraine » d’octobre 1982 publia un dossier sur la commune de La Chapelle Blanche Saint Martin. Par hasard le sommaire du même numéro proposa un portrait de Bernard Ménoret, piégeur de ragondins, photo de couverture à l’appui. (Fig 1)

Le piégeur indiquait que le ragondin n’était apparu que vers la fin des années 60 dans notre contrée, et qu’il « est lourdaud et pas vraiment futé, jamais agressif. On se lierait presque d’amitié avec lui s’il n’était pas nuisible aux cultures, aux digues et aux routes ».

Le Ragondin – nom que l’on a orthographié rat gondin jusqu’en 1869 – est un gros rongeur, originaire d’Amérique du sud, ressemblant au castor, vivant naturellement sur les berges des lacs et des cours d’eau des régions tempérées. Il possède un corps massif, une tête large, ornée de petites oreilles rondes et de vibrisses, de courtes pattes (pattes arrières semi-palmées) et une longue queue ronde et dénudée.

Les ragondins mesurent entre 40 et 60 centimètres de longueur, queue comprise, et pèsent en moyenne 5 à 7 kgs. Leur espérance de vie est de l’ordre de 4 à 5 ans (en moyenne). Diurnes, ils passent la plupart de leurs journées dans l’eau. Ce sont de bons nageurs, des narines obturables, placées sur le haut de la tête, leur permettant de nager et respirer en se dissimulant. De plus, ils peuvent rester plusieurs minutes en apnée sous l’eau. Ils possèdent 20 dents, dont 4 longues et larges incisives caractéristiques, de couleur orangée. (Fig 2 et 3)

Pour communiquer il utilise différents sons tels que des cris stridents, des babillements, des sifflements ou bien encore des gémissements, chacun ayant une signification bien particulière. Son pelage, épais et fourni, est brun rouge.

Les ragondins se nourrissent de végétaux aquatiques (roseaux, joncs…) mais aussi de racines, d’herbe, d’écorce. Compte tenu de la faible teneur en nutriments des végétaux qu’il absorbe, le ragondin qui pratique la double digestion est obligé, pour éviter les carences, de consommer les caecotrophes (sortes de crottes humides et luisantes se présentant en grappes) issues de la première phase de digestion. Notons cependant le grand intérêt des ragondins pour les cultures de maïs dans lesquelles il peuvent occasionner des dégâts.

Ils ne supportent pas les grands froids qui font geler leur queue, qui se gangrène ensuite, et finit par entraîner la mort de l’animal.

Le long des berges, les ragondins creusent des terriers de 6 à 7 m qui possède plusieurs entrées. Ces terriers fragilisent les berges, et la terre évacuée des galeries, repoussée dans l’eau accélère le comblement des voies d’eau et gêne le bon fonctionnement hydraulique. Les ragondins vivent seuls ou forment des petits groupes familiaux qui se dissolvent souvent. La femelle, plus petite que le mâle, peut avoir deux portées de deux à huit petits par an (au printemps et à l’automne), après plus de quatre mois de gestation. Cachés dans les terriers, les jeunes seront allaités durant deux mois (période après laquelle ils sont autonomes). Cette femelle possède des mamelles situées non pas sur son ventre mais légèrement décalées vers ses flancs. Ainsi la mère ragondin allaitante peut continuer à nourrir sa progéniture tout en se déplaçant dans l’eau. (Fig 4, 5 et 6)

Le ragondin a été introduit en Europe vers 1880, pour sa fourrure. L’élevage s’est accru depuis les années 1980. On fait varier artificiellement les couleurs de sa fourrure pour les besoins du marché de la pelleterie. Leur peau imperméable fournit aussi un cuir utilisé en maroquinerie. Le piégeur Bernard Ménoret indiquait en 1982 qu’il piégeait 900 ragondins par an, qu’il dépeçait pour revendre les peaux à la foire de Poitiers (20 francs pour une belle peau à cette époque). La viande du ragondin, savoureuse paraît-il, serait appréciée en terrine.

Le ragondin est inscrit officiellement sur la liste des animaux susceptibles d’être classés nuisibles, non seulement à cause des dégâts qu’il peut causer aux cours d’eau et aux cultures, mais aussi comme porteur de maladies transmissibles à l’homme: leptospirose ou douve du foie.

Quelle est votre expérience des ragondins dans notre vallée?

Classification:

  • Ordre : Rodentia (Rodentiens = anciennement Rongeurs)
  • Sous-ordre : Hystricognatha
  • Infra-ordre : Hystricognathi
  • Famille : Myocastoridae
  • Sous-famille : Myocastorinae
  • Genre : Myocastor
  • Espèce: Myocastor coypus- Ragondin (Molina 1792)

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