Il y a un peu plus d’un siècle, les communes s’endettaient pour construire les écoles rendues obligatoires, gratuites et laïques par la IIIe République. Sepmes, La Chapelle-Blanche, Bournan mais aussi Civray sur Esves, ont édifié au détour des années 1900, des écoles toutes neuves pour accueillir les enfants, nombreux, qui peuplaient leurs bourgs et campagnes.
Mais il y eu la guerre de 14-18, la chute de la natalité, la mécanisation de l’agriculture et l’exode rural. Il y avait 400 habitants à Civray en 1900, 167 en 1982, et à peine plus de 200 actuellement. Là où un couple d’instituteur avait un grand mérite à pouvoir instruire leurs classes très nombreuses au début du XXe siècle, il faut aujourd’hui des regroupements de 3 ou 4 communes, voire plus, pour parvenir à offrir à un instituteur un effectif, souvent bien faible, et constituer une classe. Rien ne sert de se lamenter, mais on peut se souvenir, avec nostalgie, des cohortes des petits élèves en tablier gris qui partageaient leur temps entre la présence scolaire et l’aide qu’ils apportaient dans les travaux de leurs parents, auprès des bêtes ou dans les champs. Nous avions célébré dans ce blog la création de la magnifique, et si symbolique, école de Bournan. Nous voulons maintenant décrire ce que nous avons pu apprendre de la fermeture de l’école de Civray en 1985.
L’école de Civray était constituée d’un petit bâtiment comportant un rez de chaussée surmonté d’un étage, au coin de la Rue principale et de la Rue Solange Grégoire (la route de Cussay). Cette école était entourée d’un enclos qui délimitait un petit jardin privé devant le logement des instituteurs (entre les 2 portails au sud), une petite cour de récréation à l’ouest et un jardin plus grand (avec des balançoires) à l’est. Le logement des instituteurs qui représentait la partie sud du bâtiment correspondait directement avec la classe qui donnait sur la cour de récréation. (Fig 1,2,3,4,5)
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On se souvient encore, dans les années des 30 glorieuses, de Madame Fougnie, puis de Mr et Mme Tesseire qui tenaient une double classe. Il y eu ensuite Mr Rogaume, puis Mme Marquet. Cette institutrice enseigna de 1977 à 1982, à une classe unique. (Monsieur Millet était le maire à cette époque) Au départ de Mme Marquet, c’est Mme Runambot qui vint faire l’année scolaire 1983-84. Puis ensuite, Mr Gentilhomme, originaire de Perusson, qui dès sa sortie de l’école normale, prit en charge l’année scolaire 1984-85. (Fig 6,7,8,9,10)
Mais si l’on se reporte aux compte-rendus du conseil municipal de l’époque (Monsieur Grateau étant Maire), les choses ne sont pas aussi simples :
- Le 4 octobre 1983 : on lit qu’un « regroupement scolaire avec la Chapelle-Blanche évoqué, avec le besoin de 2 passages du car scolaire pour ramasser les élèves les plus éloignés ».
- Le 4 juillet 1984 : le texte du conseil précise : « Une indemnité est votée pour le logement de Mr Patrice Gentilhomme. Il est remplaçant titulaire de Mme Runambot. L’installation du téléphone se fera dans la classe, car Mr Gentilhomme n’occupe pas le logement. L’abonnement téléphonique sera payé par la commune.
- Le 29 avril 1985 : « Le conseil municipal cherche des dispositions qui pourraient être prises en vue de la fermeture de l’école… Il a fallu se rendre à l’évidence que seuls les enfants Nau et les enfants de Marie-Josèphe Lhéritier seraient inscrits à la rentrée prochaine et que le nombre de 9 ne serait pas atteint. » Il n’y aura donc plus de rentrée scolaire à Civray sur Esves.
La suite n’est que l’ensemble des efforts de la commune pour tenter de conserver une vie au bâtiment scolaire dont elle est propriétaire.
- 16 septembre 1985 : … « considérant que la classe est fermée, une convention d’utilisation est acceptée pour l’association KAYEN »
- 8 août 1986 : L’association doit libérer la salle pour le 31 août 1986. Le logement de l’école sera loué à des particuliers 900 francs par mois.
- 31 octobre 1986 : réparation de la porte du garage de l’école.
- 2 décembre 1987 : réparation de la cheminée de l’école.
- 07 février 1992 : Le conseil décide de verser 1200,00 Francs par enfant de la commune qui fréquente l’école Louis Lefé de Descartes
- 07 mai 1993 : « Surconsommation de gaz par la chaudière de l’école »
- 8 décembre1995 : « Le conseil municipal prononce la désaffectation de l’école primaire de Civray sur Esves suite à la demande de la Préfecture d’Indre et Loire »
- 26 mai 1996 : Décision d’acheter une nouvelle chaudière dans le logement de l’ancienne école.
Finalement, le 28 juillet 2017, Mr Mercier étant Maire, « le conseil municipal autorise la vente du bâtiment de l’ancienne école et de son terrain (1337 m2) pour la somme de 65 000 euros.
Le motif donné est que » le maintien en bon état de fonctionnement de l’ancienne école, sis 1 rue Solange Grégoire, nécessiterait de grands frais. Le seul moyen pour la commune d’en tirer parti est de l’aliéner ».
Souvenons-nous que cette école de Civray sur Esves eut comme instituteur Pierre Petit, le père de Marcel Petit, grand résistant, que nous avons évoqué dans ce blog. Qui peut définir le progrès ?
Remerciements à Monsieur Lhéritier, Madame Marquet, Madame Odile Ménard, aux Editions Allan Sutton et à la Mairie de Civray sur Esves qui nous ont permis de collecter les différents éléments présentés dans ce post.