Grandes manoeuvres dans la Riolle

La Riolle et sa région constituent une zone de grand passage depuis le néolithique et trop souvent de grands combats y ont eut lieu ou s’y sont achevés. A Vouillé en 507 Clovis bat les Wisigoths qui tenaient la ville de Tours. En 732 à Poitiers (en réalité dans la région de Sainte Maure) Charles Martel bat les Sarrasins. Jeanne d’Arc passa à Sainte Catherine de Fierbois fin février ou début mars 1429 ; Henri de Navarre, futur Henri IV, en 1589 guerroya dans la région contre le duc de Mayenne. Plus tard, Tours et Sainte Maure constituèrent les limites d’occupation de la France par les armées étrangères: les prussiens en 1815 et 1870, les allemands en 1940 avec la ligne de démarcation impliquant les communes de la Riolle.

Rien d’étonnant donc à ce que notre belle région, vallonnée et bénéficiant de multiples cours d’eau, soit choisie par les militaires pour y déployer leurs grandes manoeuvres, après la défaite de 1870 et préparer « la revanche ».

Dans les documents municipaux de la Chapelle Blanche St Martin on découvre que des grandes manoeuvres furent engagées dès 1880: « Au cours du printemps de grandes manoeuvres de troupes se font dans la région et le village de la Chapelle Blanche fut pris et repris à plusieurs reprises. 40 quintaux de pailles ont été fournis par la commune ». Pour les manoeuvres de 1883, Ligueil semble plus ciblée mais l’état major et 30 officiers sont logés à Grillemont. 10 ans plus tard, en septembre 1893, c’est un escadron du 2 ième Hussards qui fut logé à Grillemont. En 1901, le général Fayet, de la 35 ième brigade de Chatellerault, informe la municipalité que les troupes cantonneront le 9 septembre à la Chapelle Blanche pour les manoeuvres d’automne: 2470 sous-officiers, caporaux et soldats, 84 officiers, 60 chevaux; ainsi que l’état major de la 6 ième batterie du 33 ième d’Infanterie, soit 10 officiers, 80 sous-officiers et canonniers et 57 chevaux. Il est demandé aux commerçants du village de fournir 950 kgs de pain de 6 livres rassis, et 700 kgs d’avoine.

En 1903 la Chapelle Blanche est encore sollicitée pour les manoeuvres les 8 et 9 août. Le colonel Appert demande de prévoir pour chacun de ces deux jours 370 kgs de viande de boeuf de première qualité, 900 kgs de pain, 250 kgs d’avoine, 130 kgs de foin et du bois pour faire cuire les aliments.

Paradoxalement, les plus grandes manoeuvres, celles de 1908 à 1912 ne semblent pas concerner la Chapelle Blanche St Martin mais une large zone, depuis la rive gauche de la Vienne, le canton de Descartes et celui de Sainte Maure, jusqu’à Sepmes et Bournan. A cette époque le contexte géopolitique s’alourdit car l’Allemagne se lance dans une politique expansionniste. L’armée française se doit de montrer sa puissance et de moderniser matériels et stratégies. Jusqu’au plus haut sommet de l’Etat ces manoeuvres vont faire l’objet d’une attention particulière et nous disposons de nombreuses illustrations qui montrent en avant première ce que seront les troupes qui iront se faire massacrer deux ans plus tard.

En 1912, les manoeuvres, qui se déroulèrent jusqu’au 17 septembre, mettant aux prises 110.000 hommes, dans un affrontement entre une armée bleue du général Galliéni, et une armée rouge du général Marion. C’est le général Joffre qui était le responsable global de ces manoeuvres.

Un grand nombre d’officiers supérieurs de pays étrangers les observèrent ou y participèrent et en particulier le Grand Duc Nicolas de Russie dont le quartier général fut fixé au château de Bagneux à Bournan.

Ces manœuvres furent l’occasion de mettre en situation bien des matériels nouveaux, depuis la bicyclette, jusqu’aux camions ateliers ou ambulances, en passant par les mitrailleuses, les canons de 75, et toute l’artillerie. Le clou de l’innovation fut bien sûr l’aviation qui participait pour la première fois à des grandes manoeuvres.

De plus, le 6 ième Génie lança un pont provisoire sur la Vienne entre Marcilly et Noyers au moyen de 18 bateaux.

50000 visiteurs vinrent admirer ces manoeuvres et 3000 automobiles stationnèrent dans la zone de manoeuvres (en 1912 il n’y avait qu’une seule automobile à Sepmes, celle de Mr. Joubert le marchand de vin). Ces manoeuvres furent l’occasion d’une visite du Président de la République Armand Fallières à Sepmes, accompagné de Raymond Poincaré Président du Conseil, d’Alexandre Millerand ministre de la guerre, de Louis Klotz ministre des finances ainsi que du Grand Duc de Russie. Les officiels logèrent à Sepmes à l’hôtel de la Croix Blanche et bien des chambres furent louées chez les habitants pour des officiers. Un grand banquet avait réuni à Sainte Maure tous les officiers ayant participé à ces journées capitales pour l’armée française.

Bibliographie

Janvier R. Textes publiés dans les bulletins municipaux de la Chapelle Blanche.

Brumelot M. Nouvelle République du 10 novembre 1977

Danquigny B. Blog Noyers- Nouâtre.   https://www.noyers-nouatre.fr/noyers-les-manoeuvres-de-1912/

Henry J. Scemla J.Tremblier M Sainte Maure de Touraine et son canton. Allan Sutton éditions.

Ménard O. Descartes et son canton. Allan Sutton éditions.

 

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