Le château du Fay

Un fay est un endroit boisé de hêtres. De là sans doute le nom du domaine du Fay, à cheval sur les communes de la Chapelle Blanche et de Bossée, dont l’histoire a fait une dépendance du château de Grillemont, après avoir été un fief relevant de l’abbaye de Cormery et possédant les droits de haute, moyenne et basse justice. (Fig 1 et 2)

Fig 2: Sur Géoportail les plans actuels du Fay et de ses douves.

De l’ancienne maison seigneuriale (château du Fay) il ne reste que très peu de choses, au milieu de douves pratiquement asséchées, auxquelles on accède en passant entre deux pavillons bas disposés en équerre, dont l’un appartenait à l’ensemble primitif. (Fig 3 à 6)

Le Fay est relié à Grillemont par une grande et belle allée forestière rectiligne plantée sous l’ancien régime. (Fig 7)

Les travaux d’Henri Detroussel (2) à partir d’informations notariées permettent de suivre les différents propriétaires et fermiers du domaine du Fay depuis l’époque de Louis XIV.

  • En 1712, François Millouet, marchand, et son épouse Marie Delhommais, étaient  fermiers de la terre et seigneurie du Fay. (ADIL série 3 E 26  liasse 673)
  • Le 8 mai 1723, dame Françoise Yvonne de la Vogardie, veuve de Messire Charles Solu de Moulineaux, brigadier des armées du Roy, gouverneur des ville et citadelle d’Orléans, vend à messire François Balthazar Dangé d’Orsay, conseiller du Roy le château, fief et seigneurie du Fée (Fay). L’acte est reçu en l’étude de Mes Tessier et Bourseire, notaires au Chatelet de Paris. (ADIL série 3 E 26 liasse 681 folio 84) 

La terre et Seigneurie du Fay appartenaient donc à Messire François Balthazar Dangé et Anne Jarry dès 1723.

  • Le 31 août 1724, dame Louise Boullay veuve de François Dangé agissant pour le compte de François Balthazar Dangé, baille à titre de moitié pour 9 ans la métairie de la Cour de la seigneurie de Fay à André Bertin, laboureur et Marie Pouvreau. (ADIL série 3 E 26 liasse 682 folio 127)
  • Le 6 juin 1729, Anne Jarry épouse de Messire François Balthazar Dangé, absent, baille à titre de ferme la métairie de la Cour de la Seigneurie de Fay à François Bertrand, laboureur et Marie Granger. (ADIL série 3 E 26 liasse 687)
  • Le 13 février 1739 François Balthazar Dangé d’Orsay, conseiller, secrétaire du roi maison et couronne de France, et fermier général, achète le domaine de Grillemont.
  • En juin 1741, François Balthazar Dangé, le fils du fermier général, meurt à 19 ans au château du Fay (3)
  • En 1742, la justice du Fay fut réunie à celle de Grillemont, année même de la création de la grande allée forestière qui réunit en ligne droite les deux châteaux et qu’on peut toujours admirer. Faut-il voir un lien entre les deux évènements? (Fig8)
  • En 1745, Thomas Preau, héritier de feu Urbain Preau, est receveur général de la terre et seigneurie de Fay. (ADIL Série 3 E 26 liasse 73 G 708)
  • En 1757, Jean Charles Flosseau était receveur général de la terre et seigneurie du Fay. (ADIL série 3 E 26 liasse 698)

Au XVIII ème siècle, le domaine du Fay, rattaché au château de Grillemont, était la propriété la famille Dangé d’Orsay qui le conservera jusqu’en 1798.

  • Le 17 mai 1798 François-Balthazar Dangé d’Orsay et son épouse vendirent le domaine de Grillemont (y compris le domaine du Fay) à Joseph-Hippolyte Collineau, armateur à Nantes et dame Françoise-Charlotte-Rose Olivier Montagnerre, son épouse, suivant contrat passé devant Me Larcher, notaire à Paris, moyennant la somme de 300 000 livres. (ADIL Série 3 E 26 liasse 152)
  • Le même jour, Joseph-Hippolyte Collineau vend à Louis-Philippe Goubault, propriétaire demeurant à Loches, le domaine du Fay moyennant la somme de 30 000 francs suivant acte passé devant Me Larcher, notaire à Paris. (ADIL Série 3 E 26 liasse 152)
  • Le 22 octobre 1806, Mr Goubault revend le domaine du Fay à Mme Collineau, alors séparée de biens de son mari, pour 40 000 francs. L’acte est reçu en l’étude de Me Touchard à Manthelan. (ADIL Série 3 E 26 liasse 152)
  • Le 27 juin 1808, Joseph-Hippolyte Colllineau vend le domaine de Grillemont et toutes les dépendances à Louis-Auguste Pilté (ou Pillé), négociant et dame Anne-Catherine Grenet, demeurant tous deux à Orléans. Le contrat est reçu en l’étude de Me Chartrain à Orléans moyennant le prix de 464 200 francs. (ADIL Série 3 E 26 liasse 152)
  • Le 9 septembre 1808, Mr Pilté (ou Pillé), le nouveau châtelain de Grillemont acquiert de Mme Collineau le domaine du Fay.

Les domaines du Fay et de Grillemont n’auront donc été disjoints que pendant dix ans.

  • Le 14 avril 1827, aux termes d’un contrat reçu par Me Courtois notaire à Orléans, Joseph-Hippolyte Pilté-Grenet (ou Pillé-Grenet), devenu veuf et agissant tant pour lui que pour ses enfants, vend les terres de Grillemont, du Fay, de Bagneux et toutes les dépendances à Marie-Françoise-Joseph-Eugène Goujon, comte de Gasville, ancien préfet de Pont-L’Evêque, ancien Maître des requêtes et Officier de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur et dame Louise-Françoise-Eugénie de Frenel son épouse pour la somme de 825 000 francs. (ADIL Série 3 E 26 liasse 152)
  • Le 19 août 1830, le comte de Gasville baille à titre de ferme pour 12 ans la métairie du Fay à Jean François Quéron, propriétaire et maître des requêtes et à Marie-Elisabeth Seguier, son épouse. (ADIL Série 3 E 26 liasse 132)
  • Le 27 février 1841, le comte de Gasville baille à titre de ferme le domaine du château de Fay à Pierre Gourrault, cultivateur et Clémentine Gaultier. (ADIL série 3 E 26 liasse 148)
  • En 1844 le domaine du château de Fay se composait de bâtiments et cours (16 ares 19 ca), jardin (7 ares 22 ca), vignes (50 ares 57 ca), et de terres labourables (49 ha 73 ares 98 ca), prés (3 ha 78 ares 51 ca), pâtures (1 ha 37 ares 35 ca), pour un total de 55 hectares 63 ares et 82 centiares. (ADIL série 3 E 26 liasse 925)
  • Dans les documents de Madame Janvier (4) relatifs à la vie de la commune de la Chapelle Blanche, on note à l’année 1846: « Les de Gasville sont partis ruinés. Dès 1842 de Gasville ne participait plus à la vie communale ». Bien des histoires circulent quant aux déboires agricoles que le comte de Gasville aurait connus dans son domaine et en particulier au Fay. En réalité il semble qu’il ait été en faillite après avoir entrepris la culture de la betterave à sucre au Fay. Il aurait également mis en place un transport entre le Fay et le nord de la France pour y conduire les betteraves récoltées et ramener en Touraine le charbon produit par les mines du Nord. Le comte de Gasville qui fut membre du conseil général d’Indre et Loire en 1846, demanda sans succès l’installation d’une ferme régionale d’agriculture sur son domaine en 1848.(5) Le château de Grillemont fut mis en vente dès 1847.

  • André Montoux (6), signale qu’en septembre 1850, « à la suite d’une folle enchère sur et contre le comte de Gasville » qui restait redevable de sommes importantes consécutives à l’échange de propriétés qu’il fit pour acquérir le domaine de Grillemont, c’est Mr. Gabriel, François Gérasime Lecointre, banquier à Poitiers, qui le reprit, y compris le Fay toujours partie prenante. (Fig 9)

Cette situation perdure jusqu’à nos jours. Mais le château du Fay ne s’est pas relevé de sa ruine.

Tous nos remerciements aux fidèles lecteurs de ce blogs qui nous ont transmis la plupart des informations contenues dans ce post.

Sources

ADIL: Archives départementales d’Indre et Loire

1- De Saint Seine C. Photographies du château du Fay au XIX siècle.

2- Detroussel H. Travaux de recherche dans les archives départementales d’Indre et Loire

3- Saulquin M. Communication personnelle.

4- Janvier R. Documents sur la vie communale de la Chapelle Blanche Saint Martin.

5- Blog de l’agriculture.  https://histoire-agriculture-touraine.over-blog.com/

6- Montoux A. Vieux Logis de Touraine 4° série page 96

5 réflexions sur “Le château du Fay”

    1. Merci de votre vigilance! J’ai rectifié cette erreur.
      Il arrive régulièrement que des coquilles ou de véritables fautes d’orthographe échappent à nos relectures. Veuillez nous en excusez et soyez sûrs que vos demandes de rectification seront toujours les bienvenues.

  1. Merci beaucoup pour ce nouvel article fort intéressant. Même si mon papa est né à la ferme du Bois du Fay, j’ignorais totalement l’histoire du château.

  2. Bonjour,
    Le registre paroissial de Bossée (ADIL) porte la mention suivante : « Le vingt-septième jour de juin 1730, j’ai, curé soussigné, (fait) la bénédiction d’une chapelle située dans l’enceinte du château du Fay, dépendant de cette paroisse de Bossée (…) sous l’invocation des bienheureux saint François d’Assise et sainte Anne, patrons de messire François Balthazar Dangé, conseiller du Roi, receveur des tailles de l’élection de Loches, et intéressé dans les faveurs de Sa Majesté, et de Dame Anne (…) son épouse, seigneurs dudit château du Fay ». Je ne connais aucun autre renseignement sur cette chapelle, qui ne figure pas sur la carte de Cassini. Le cadastre napoléonien représente toutefois quelques bâtiments dans l’enceinte du château, dont l’un est marqué d’une croix. Il est impossible de dire si cette chapelle, bénite en 1730, constituait un bâtiment autonome, ou si elle se situait dans l’un des bâtiments du château. Je n’en ai retrouvé aucune autre mention par la suite.
    Bien cordialement
    Frantz Schoenstein

    1. Merci pour ce commentaire qui ouvre des horizons: une chapelle au Fay en 1730. Si je trouve quelque information sur ce point je le ferai figurer sur ce blog. Et si d’autres lecteurs ont des informations à ce sujet ils sont les bienvenus.

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