Le Moulin de Feschaux à Civray sur Esves

Le moulin de Feschaux est certainement le plus emblématique de ceux qui ont travaillé sur les cours d’eau des 4 communes de la Riolle. S’il n’était pas sur la Riolle, il était quasiment à son confluent avec la Ligoire; elle même impliquée par son propre confluent avec l’Esves où était installé le moulin de Feschaux. Il est à remarquer que cette zone est limitrophe de 3 communes: Civray, Bournan et Sepmes. Ce moulin est vraisemblablement le plus ancien de nos communes et celui qui a produit de la farine le plus longtemps. (Fig 1 à 4)

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Dénommé parfois Fescheaux, ou Fescheau, ce moulin aurait été bâti sur la rivière Esves au 14e siècle. L’origine du nom correspond au latin « fiscalis »: domaine appartenant au prince ou au roi. Moulin banal dont le rapport  était évident pour le trésor du clergé de l’époque (1). Selon Carré de Busserolle, en 1336, ce moulin dépendait du fief de Maulay. (2)Le moulin est ensuite la propriété de la famille de Berland. En 1769, Pierre Archambault était le meunier exploitant.

– A la fin du 18e siècle, le moulin est la propriété de Messire François-Balthazar Dangé d’Orsay, seigneur de Bagneux. Le 2 juillet 1772, une conférence intervient pour le paiement de 12 boisseaux de froment et 3 sols à Messire René de Berland, chevalier, seigneur de la Louère par François-Balthazar Dangé d’Orsay, seigneur de Bagneux.  L’acte est dressé en l’étude de M° Touchard à Manthelan. (ADIL  Série G 779) (3)

– Le 29 Floréal An VII (18 mai 1799), Joseph-Hippolyte Collineau, demeurant à Nantes et propriétaire du château de Bagneux, baille le moulin à Antoine Joubert suivant acte dressé en l’étude de M° Touchard. (ADIL Série 3 E 26  liasse 155)

– Le 2 Prairial An VII suivant (21 mai 1799) Joseph-Hippolyte Collineau demeurant à Nantes vend à titre de rente foncière le moulin de Féscheau à Louis Chartier, cultivateur et Madeleine Povret demeurant à Bagneux. L’acte est dressé en l’étude de M° Touchard. Cette vente à titre de rente foncière, annuelle de 452 francs, 12  anguilles, 8 canards pour un capital de 9 220 francs. Le moulin de Fescheau est composé de plusieurs corps de bâtiments, cour, jardin, bief, terres labourables, prés, pâcages, etc… (ADIL Série 3 E 26 liasse 155)

Au 19e siècle, ce moulin appartenait à la famille de Chastenet de Puysegur, propriétaire du château de la Louère à Marcé-sur-Esves et qui demeurait en leur château de Beugny à Saint-Benoît-la-Forêt. Le régisseur de ce château de la Louère était le sieur Antoine Driancourt lequel gérait également les dépendances telles que le moulin de Fescheau..

– L’ordonnance royale du 7 juillet 1824 prévoit un nouveau règlement de l’ensemble des moulins situés sur l’Esves et ses affluents.

– 1832: Le cadastre Napoléon illustre le situation du moulin de Fescheau par rapport aux cours d’eau de l’endroit: Esves, Ligoire et Riolle

– En 1841, le moulin était exploité par Jean Leblanc, meunier, Justine Joubert son épouse, avant veuve de Paul Chartier, et leurs 2 filles Justine et Clarisse avec 2 domestiques.

– En 1846, séjournent au moulin Martin Chartier, cultivateur, Jean Leblanc, meunier  et son épouse, Justine, leur fille épouse Chartier, leurs 3 filles Clarisse, Victoire et Joséphine et 3 domestiques, soit 15 personnes.

– L’arrêté préfectoral du 23 juin 1853 vient de remplacer l’ordonnance royale du 7 juillet 1824 sur les moulins. Afin de remplacer l’arrêté du 23 juin 1853, une étude de chaque moulin est lancée. Tout d’abord un plan du moulin et de ses abords est réalisé le 5 mai 1860 par l’ingénieur ordinaire lequel plan est transmis à l’ingénieur en chef du service hydraulique des Pont-et-Chaussées. Ensuite, l’ingénieur  visite chaque moulin afin de vérifier s’il est conforme aux prescriptions du nouvel arrêté. Un rapport est ensuite adressé au service hydraulique des Pont-et-Chaussées. Pour le moulin de Fescheau il est précisé:     

 » Art 56: Le niveau légal est fixé à 1,49 m en contrebas de la base d’un triangle gravé à l’arêtier, en amont du moulin, point pris pour repère provisoire.

Art 57: Le déversoir sera établi sur la rive droite du bief, auprès de l’usine. Il aura 6 m de longueur et sa crête sera arasée au niveau  légal ci-dessus fixé.

Art 58: Le vannage de décharge présentera une surface libre de débouché total sous la retenue de 4 m. A cet effet, sur la demande de l’usinier, les 2 vannes de décharge actuelles seront supprimées et remplacées par un vannage neuf, qui ayant son seuil placé à  1m en contrebas du niveau légal ci-dessus fixé, présente une largeur libre de 4 m. Ce vannage sera construit  sur la rive droite du bief entre le déversoir et l’usine.

Art 59: La buse établie sous le bief à 4 m environ en amont de l’usine pour l’assainissement des prés de la rive gauche, sera entretenue constamment en bon état par les soins de l’usinier.  » (ADIL Série S 555)

Le 21 octobre 1861, un procès verbal de recollement est rédigé par l’ingénieur et informe le propriétaire, Mr Gatillon, qu’il a un délai de 6 mois pour exécuter les travaux demandés.

– 1862: L’inspecteur des Ponts-et-Chaussées de Tours vient inspecter si les travaux préconisés par l’arrêté du 5 septembre 1860 ont bien été réalisés.: «  Tous les travaux sont tels qu’ils ont été constatés au nivellement général. Le déversoir situé sur la rive droite à 97 m de l’usine, a 2m de longueur et sa crête est à 1,481 m en contrebas du repère provisoire. La vanne de décharge située sur la rive droite est à 7 m de l’usine ».  (Fig 5 à 8)

Il fait toutefois remarquer que: « la buse qui traversait l’Esves pour l’assainissement des prés de la rive gauche n’était plus à l’emplacement indiqué sur le procès verbal de recollement du 21 octobre 1861, approuvé le 2 décembre 1861 à 400 m en amont du moulin. Cette buse a été déplacée et se trouve à 304 m en amont de la roue du moulin de Fescheau ». (ADIL Série S 5552)

– 1861 : Martin Vaillant, son épouse Jeanne Gueneteau et leurs 3 enfants Justine, Léon et Baptiste reprennent l’exploitation du moulin.

– 1866 à 1886 De nouveaux meuniers arrivent : François Gatillon, et Marie Chartier et leurs 3 enfants : Emile, Marie et Désiré avec 2 domestiques.

– 1891 : Joseph Damin cultivateur et Henriette Mauduit, son épouse, François Gatillon et ses 2 enfants sont au moulin.

– 1896 François Gatillon, Joseph Roy et Marie-Louise Besnier, son épouse, Pierre Roy et Marie Chartier son épouse

– 1901 : Emile Gatillon (le fils aîné), Désirée, sa sœur, Joseph Proust, Pierre Roy, propriétaire et Marie Chartier.

– 1906 à 1926 : Emile Gatillon, Maria Brion son épouse et leur fille Emilia sont au moulin.

– En 1932, ce moulin appartenait à Emile Gatillon qui fut maire de Civray sur Esves. (Fig 9 à 11)

– En 1938 le moulin de Fescheau appartient à la veuve Bariller.

– Jusqu’à la seconde guerre mondiale, le bief du moulin de Feschaux était un lieu de convivialité pour les familles des propriétaires. ( Fig 12 et 13)

C’est le dernier moulin à avoir conservé sa roue et son mécanisme en parfait état de marche (4) . (Fig 14 à 17)

Cependant, à l’occasion du remembrement de 1967 le lit des cours d’eau qui alimentaient le moulin de Fescheau a été profondément remanié. Au point que l’Esves ne le desserve plus et que le bief ait été comblé. Actuellement le confluent de la Ligoire et de l’Esves se fait au nord des bâtiments de l’ancien moulin dont la roue à aubes, conservée, n’est plus alimentée. (Fig 18)

Bibliographie

(1) Moulins en Touraine. Gabriel Henri Pinet. CEA Le Ripault Edit.

(2) Carré de Busserolle J.X. Dictionnaire géographique, historique et biographique de l’Indre et Loire. 1878

(3) Detroussel H. Collecte documents notariées des archives départementales d’Indre et Loire. L’ensemble des reproductions d’archives départementales de ce post sont dues à Henri Detroussel.

(4) Flohic. Patrimoine des communes d’Indre et Loire

1 réflexion sur “Le Moulin de Feschaux à Civray sur Esves”

  1. Je voudrais apporter une précision concernant la phrase suivante :
    « En 1938 le moulin de Feschaux appartient à la veuve Bariller. »
    La fille d’Émile Gatillon s’est mariée avec l’un de mes grands-oncles Bariller.
    Il s’appelait Joseph, né en 1896, marié en 1925 mais décédé en 1932…

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