Le mois de Messidor (du latin messis, « moisson », et du grec ancien dỗron, « dix »), était le dixième mois du calendrier révolutionnaire. Il couvrait la période du 19 juin au 18 juillet classiquement consacrée aux moissons. On imagine, dans la vallée de la Riolle comme partout ailleurs, les centaines de moissonneurs qui devaient peiner au soleil pendant de longues semaines pour faire à la main la récolte de l’année, dont les rendements n’avaient rien à voir avec ce qui est obtenu aujourd’hui. Avant hier et hier (7 juillet), le temps était optimal pour moissonner les céréales à maturité, à peine endommagées par la récente grêle, et ayant surmonté la sécheresse du printemps. Les céréaliers en ont profité pour mettre de coté le fruit de leur travail. Sur les pentes de la vallée, dans 3 parcelles différentes à quelques centaines de mètres les unes des autres, dans le ronflement de leurs diesels et le nuage de poussière et de balle qui les accompagne, 3 énormes moissonneuses ont grignoté régulièrement, inexorablement, comme des robots, par rangs de 6 ou 8 mètres, les centaines d’hectares d’orge ou de blé. Travail impressionnant de précision où s’affiche toute la qualité des agriculteurs, tant pour le produit récolté que dans la manière d’obtenir cette production: une seule personne pour conduire la moissonneuse et une seule autre pour conduire la remorque chargée de grains.
Que sont devenus les centaines de moissonneurs d’antan? Que fait-on des énormes surplus de production par rapport à l’époque du Messidor de 1795? Même si la mécanisation de l’agriculture a permis à ceux qui se maintiennent dans cette activité majeure de notre pays de moins « souffrir » physiquement du métier lui même, elle est loin de pouvoir assurer à elle seule la survie du secteur agricole. Une bonne année, avec de bons rendements, n’est en rien une garantie de revenus puisque les prix des céréales récoltées dépendent autant de leur cotation à la bourse de Chicago que du blocus du port d’Odessa.
Le prix du blé récolté dans la vallée de la Riolle est-il calculable pour lui même? Certainement pas. Et cette incertitude peut miner le moral de n’importe quel exploitant, comme elle n’assurait jamais nos paysans de l’an 2 de sortir de la misère.
Mais au moins avons nous de bonnes terres, léguées par nos ancêtres; et de bons professionnels qui savent exploiter ces terres; et des matériels de plus en plus sophistiqués pour produire les céréales qu’attendent près de 8 milliards d’humains…
Mais, sans pétrole, sans engrais, sans produits phytosanitaires…?
Allez, il fait beau sur la Riolle, le grain rentre dans les silos; il faut imaginer une agriculture heureuse et en regarder la beauté. Ci dessous quelques images de messidor 2022.
Le blog « Vallée de la Riolle » fera une pause jusque début septembre. Bonnes vacances à ceux qui en prennent.
Que c’est bien écrit et que de belles photos ! Merci !