Thierry Vivier, avec la participation de Jack Vivier, a publié en 2013 un livre fort bien documenté : « Touraine, années terribles » dont le sous-titre: « 1870-1871 / 1940-1944 Châtelains et paysans en résistances » précise bien l’ambition de l’ouvrage.
Après avoir observé que, lors de deux des trois derniers conflits européens, les troupes prussiennes (70-71) puis les troupes allemandes (1940) se sont arrêtées au sud de la Touraine (les prussiens occupaient les communes de la Riolle quand les nazis y firent passer leur ligne de démarcation), des formes particulières de résistance furent observées dans notre région.
D’un coté Tours, capitale d’occasion ou de circonstance, en 1870 et en 1940. De l’autre coté des campagnes dont le poids économique et social restait prépondérant à bien des égards dans le pays.
Alors qu’on aurait pu penser que cette France rurale et conservatrice, menée par des châtelains et prêtres aurait pu basculer dans le défaitisme et adhérer à une politique de collaboration, il faut au contraire souligner que ces mêmes châtelains, prêtres et instituteurs du sud Touraine ont été des acteurs bien réels de résistances diverses qui se sont manifestées tant en 1870 que dans les années 1940-45. Et nombre d’entre-eux l’ont payé de leur vie.
Bien entendu ces résistances n’auraient pu se développer sans les innombrables réseaux clandestins constitués par les paysans et autres habitants des petites communes qui ont rapidement évolué d’un pacifisme prudent (l’ennemi est sur place et occupe exploitations bâtiments) à une opposition patriotique discrète mais bien réelle.
Le livre de Thierry Vivier, après avoir retracé les étranges coïncidences des situations tourangelles en 1870 et 1940, montre qu’il serait faux de considérer que Tours serait capitale de la résistance face à des campagnes résignées ou atones.
Puis, s’appuyant sur des exemples concrets et documentés, Thierry Vivier explore ces « résistances » de nos campagnes alors qu’on les croyait acquises à la collaboration muette et au marché noir. Pétain n’avait-il pas glorifié ces campagnes en proclamant « la terre, elle, ne ment pas »?
Des exemples de châtelains à Azay-le-rideau en 1870, ou au château de Vaux en 1944, ou à Montrésor, Ballan Miré ou Souvigné sont édifiants.
Mais plus près de nous, dans le petit territoire qui nous concerne, le livre de Thierry Vivier cite la résistance à la Chapelle Blanche Saint Martin où le curé du village et le châtelain ont eu un rôle reconnu à coté des « passeurs ». Mr Lecointre, propriétaire de Grillemont, membre du réseau Buckmaster-Hector, était en relation étroite avec l’abbé Dupont. Le passage de la ligne de démarcation à Vou, était très emprunté. La famille Maurice a été déportée.
De la même façon à Sepmes, où tant de villageois furent impliqués dans les réseaux qui permettaient de gagner la zone libre, il faut rappeler les implications de la secrétaire de mairie Andrée Babin, de l’abbé Pivet et la châtelaine de la Roche Ploquin, Marie Thérèse de Poix (réseau Turma-Vengeance) qui étaient aux avant postes de la résistance aux nazis. Le Marquis de Lussac du château de Sainte Catherine de Fierbois, pas plus que l’abbé Péan de Draché ne sauraient être oubliés, eux qui ont payé de leur vie, comme tant d’autres, leur patriotisme.
Le livre de Thierry Vivier est à conseiller à tous les amoureux de la Riolle, et tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Touraine. La campagne est terre de courage.
Nous reviendrons dans de prochains posts sur les informations qu’il apporte quant aux rôles joués par les uns et les autres dans nos communes de la Riolle lors des années terribles de la Touraine.
Touraine, années terribles. 1870-1871 / 1940-1944 Châtelains et paysans en résistances
Thierry Vivier. 335 Pages
Avec la participation de Jack Vivier. Préface de François Brizay. Anovi Editeur
N’oublions pas ! N’oublions pas ! Et si les jeunes générations étaient plus impliquées…