La Pierre, à Civray sur Esves

La Pierre (qui n’est pas directement dans la vallée de la Riolle) surplombe sur son dôme rocheux le confluent du Ruisseau de la Roche et d’un bras de l’Esves. Mais comme ce domaine se situe sur la commune de Civray sur Esves, une des quatre communes qui ont la Riolle en commun, La Pierre a toute sa place dans ce blog. (Fig1)

Carré de Busserolle en 1883 présente La Pierre comme un hameau de 21 habitants, près du ruisseau des Fontaines Blanches. Il précise « qu’en 1505 ce fief appartenait à Christophe de Mons, chapelain de la chapelle saint Julien de Crissé ». (1) Un château y fut construit en 1508.

Le cadastre de Napoléon, de 1832, donne une idée de ce que fut ce domaine de La Pierre qui comportait encore à cette date une partie d’un grand mur d’enclos, au sud ouest, flanqué de 3 tours. Il n’y en avait plus de trace en 1990, en dehors de restes de muraille sur une vingtaine de mètres. (Fig 2 et 3)

André Montoux dans son ouvrage « Les vieux logis de Touraine » (2) considère que le nom du lieu doit être mis en relation avec sa proximité (500m) de la Pierre Levée, monument mégalithique qui dominait depuis des siècles (ou des millénaires) la croupe rocheuse en vis à vis sur la rive droite de l’Esves. De ces deux endroits la vue sur la vallée et les paysages environnants sont superbes.

Cet auteur qui fait une description détaillée de l’architecture résiduelle de La Pierre, considère que ces vestiges méritent attention. En particulier un colombier datant du début du XVI sème siècle dont il ne restent que deux murs en partie effondrés: « sur les deux murs encore debout existent trois travées de cinq rangées de boulins, une quatrième est incomplète, chacune séparée par un cordon d’appui. Au total sans doute plus de 1500 niches prouvant l’importance du domaine » Compte tenu du nombre de ces boulins on évalue à 750 hectares la surface de ce fief. (Fig 4, 5 et 6)

On est là sous le règne de François Premier, et l’activité de La Pierre dans ces années est attestée par le fait que diverses pièces de l’époque y ont récemment été retrouvées, en particulier un jeton de la Chambre des comptes du roi. Cette chambre se vantait d’être la plus vieille juridiction du royaume, avant le Parlement. (Fig 7 et 8)

Le bâtiment à l’ouest est bien décrit par A. Montoux: « Tout le côté occidental est bordé d’une longue construction dont les parois sont en alignement sur la cour, mais forment un décrochement très marqué à l’arrière. L’élément le plus étroit constitue le logis d’habitation. Son mur de façade (Fig 9), très épais témoigne d’une technique soignée…La porte d’entrée, en plein cintre avec clef en saillie (Fig 10), donne sur un escalier à volées rectilignes très inégales : celles accédant à l’étage ont 10 et 4 marches, et ces dernières sont des poutres de bois. La date de 1679 gravée sur une pierre après le palier atteste de l’ancienneté de la demeure (Fig 11). »

« L’étage est éclairé par trois ouvertures de dimensions réduites dont le linteau ne comporte que trois pierres, celle du centre formant clé (Fig 9). On remarquera enfin une grande arcature en anse de panier appareillée, en grande partie aveuglée, et à l’opposé les jambages d’un portail condamné sous un arc de petites pierres plates reposant sur une pièce de bois. N’y aurait-il pas eu là un porche supprimé pour agrandir la surface habitable ? »

Une descendante de Christophe de Mons, Françoise Elisabeth de Mons, épousa le 8 février 1675 Cosme de Marsay qui se remaria ensuite (1699) avec Françoise Theurault qui lui donna 7 enfants dont Françoise-Catherine. Ses propres descendants – elle avait épousé François-Charles-Constant de Pierres de Fontenailles en 1725- portèrent le titre de seigneurs de La Pierre. Parmi ceux ci, François-Augustin-Henri de Pierres (né en 1767 à Loches) eut une fille Louise-Geneviève qui épousa Achille Leviel de la Marsonnière dont le petit fils Charles-Louis-Albert-Simon de la Mortière hérita de La Pierre. Il mourut en 1911 et sa femme et leur enfants revendirent la propriété en 1922 à Henri-Marie-Martin-Joseph Thibault de la Carte, comte de la Ferté Sénectère, à son frère Martin-Marie-Joseph et à sa soeur Josèphe-Marie Madeleine. Cette dernière, devenue baronne de Witte, mourut à Aleth en 1979. Son neveu Stanislas Thibault de la Carte, marquis de la Ferté Sénectère héritier de La Pierre y engagea quelques travaux.

Aujourd’hui une maison d’hôte est proposée à La Pierre par la nouvelle propriétaire, « manoir ancien devenu au fils des ans maison paysanne dont le caractère original d’un grand intérêt mérite d’être sauvegardé » C’est la conclusion d’André Montoux à son chapitre consacré à ce domaine.

Le lieu est à voir tant il est représentatif de cette belle Touraine du sud.

Bibliographie

1- Carré de Busserolles J.X. Dictionnaire d’Indre et Loire. 1883

2- Montoux,  André. Vieux logis de Touraine 8° Série. 1990

3- Flohic  Le Patrimoine des Communes d`Indre-et-Loire. 2001

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