Les lévriers de  Grillemont (1):  La sélection

Depuis la fin du XIX siècle, l’élevage et la sélection de diverses races de volailles, carpes, chèvres ou chiens a été une des grandes affaires de Grillemont, mais ce ne fut pas la seule. Nous avons déjà évoqué le rôle éminent de Colette de Saint-Seine, châtelaine de Grillemont, dans la renaissance de élevage caprin en France. Nous devons aussi signalé la place qu’elle prit, après sa propre mère, dans la sélection de lévriers et dans le développement de courses de chiens à Grillemont.

Il était fréquent, dans les années 2000/2010, sur les routes qui aboutissent au château de Grillemont, de croiser une petite dame, marchant vivement malgré son âge, entourée de plusieurs petits lévriers. Et si vous avez pris le temps de vous arrêter pour saluer cette promeneuse, vous avez certainement été frappés par l’acuité de son regard, et sa sérénité imposante.

Colette de Saint-Seine était née, Lecointre en 1920. Son père Georges Lecointre était un géologue réputé, et sa mère Solange de Mangou, déjà très impliquée dans la sélection de volailles et de lapins. A partir des années 30, Solange Lecointre a considéré que pour un château féodal comme Grillemont il fallait des lévriers. Elle créa donc un élevage de lévriers, à partir de Greyhouds blancs et noirs, originaires de Normandie: « de l’Irminière ».

Tous les lévriers sont issus de races très anciennes, essentiellement sélectionnés pour la chasse (poursuite à vue), et considérés parfois comme le premier type de chien spécialisé que l’homme ait obtenu . Son nom vient du « lièvre » qui constitue sa proie favorite qu’il peut facilement rattraper à la course. En France, la chasse avec des lévriers a été interdite en 1844, mais elle demeure autorisée en Espagne. Ce sont par ailleurs d’excellents chiens de compagnie, très attachés aux personnes avec lesquelles ils vivent. Il existe différentes races de lévriers (qui peuvent être de très grands à plutôt petits) précisément classées par la  Fédération cynologique internationale. Les Greyhounds, comme les lévriers afghans sont de grands chiens.

Au 19° siècle des courses de lévriers ont commencé à être organisées. Il existe deux types de courses de lévriers :

  • la première, appelée poursuite à vue sur leurre, est une simulation de chasse au lièvre. Ce type de poursuite se fait à Grillemont dans une grande prairie dédiée au bas du château.
  • la seconde, appelée course sur cynodrome est une course de vitesse où le premier lévrier franchissant la ligne d’arrivée est déclaré gagnant. Dans un prochain post nous présenterons une telle course sur le cynodrome de Grillemont.

En France la première course de poursuite à vue se déroula à Bagatelle en 1879, et la première course sur piste eut lieu en 1934.

Les Lecointre avaient dès 1907 pris l’affixe « de Grillemont » ce qui permettait d’identifier les animaux issus de leurs élevages (cet affixe pourrait bien être le plus vieil affixe français). Dès lors les lévriers issus de l’élevage de Solange Lecointre porteraient leur noms suivis de « de Grillemont ». C’est en 1934 que les premiers Greyhounds « de Grillemont » ont été présentés en exposition.

Colette Lecointre, fille unique de Solange, a donc connu dès sa plus tendre enfance la compagnie des lévriers: « lorsque j’étais en vacances, j’entraînais les 5 ou 6 Greyhounds de ma mère, et je l’accompagnais aux courses; j’adorais ça… Pour mes 10 ans j’ai eu ma première chienne à moi. Elle m’a initié à la chasse…Quand j’ai eu âge requis j’ai tenu le fusil. Nous chassions aussi les lièvres et les lapins avec les Greyhounds… A cette époque, le whippet était pratiquement inconnu et il n’y en avait que 2 à l’exposition de Paris où le premier whippet de ma mère à fait son premier championnat ».

Après son mariage en 1943 avec le comte Christian de Saint-Seine, Colette et son mari s’installent au château de Grillemont, et c’est vers le milieu des années 50 que l’élevage s’oriente vers les whippets; chiens plus petits mais tout aussi capables de participer à des expositions ou à des courses. Faire courir ses chiens a été pour Colette de Saint-Seine une activité très prenante : « on n’envoie jamais en course un chien non entraîné. J’entraînais mes chiens moi-même, c’était 6 km des marche à pied chaque jour ». Et l’on sait toute l’énergie qu’elle mit dans l’exploitation agricole de son domaine, la sélection des races caprines, ou l’obtention de carpes royales dont les alevins étaient diffusés dans tout l’ouest de la France.

Citons Colette de Saint-Seine pour conclure ce premier post sur les lévriers de Grillemont: « J’ai cherché où il y avait des chiens plus rapides qu’en France: en Allemagne et en Angleterre. Ils ont, eux mêmes et leur descendants, remplis mes aspirations. J’ai jugé mais j’aimais mieux les courses. Finalement, mes chiens, entre Greyhounds et Whippets, ont gagnés des courses dans 15 pays différents: sans eux je n’aurais jamais visité de belles villes, des sites magnifiques, rencontré tant de personnes de toutes langues, milieux et genres de vie, avec un intérêt commun, celui de tout éleveur: créer de la vie! »

Et nous, nous n’aurions jamais eu la chance de croiser sous la magnifique voûte des feuillages des grands chênes qui surplombent la route de Bossée menant à Grillemont, la « Dame aux Lévriers », toute menue, entourée de ses whippets trottinants.

3 réflexions sur “Les lévriers de  Grillemont (1):  La sélection”

  1. Nous sommes joignants de Grillemont par nos terres et bois et avons bien connu madame et monsieur de Saint Seine et leurs chiens.
    Nous avons fait découvrir les courses dans le parc et sur le cynodrome, à de nombreux amis.
    (Pour information, je suis correspondant de la NR sur Bournan, Cussay, Civray sur Esves, Draché, Marcé sur Esves, La Celle Saint Avant et Sepmes.)

    1. Bonjour et merci de votre commentaire. Peut être disposez vous de documents que nous pourrions mettre en ligne au sujet de ces léviers? Cordialement

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