Les prussiens et la Riolle (2) L’occupation et la rançon

La défaite militaire infligée par les prussiens et le siège de Paris ont abouti à la signature d’une convention d’armistice pour 21 jours, le 30 Janvier 1871. Pendant ces 3 semaines les négociateurs avaient pour objectif de définir les conditions définitives de la paix; c’est à dire l’ampleur des sacrifices demandés à la France. Mais pendant ces 3 semaines l’occupation prussienne se maintenait. Finalement, dans notre sud Touraine, les prussiens restèrent au delà du 19 février; jusqu’au 7 Mars

Uhlan prussien

Le 7 février 1871 un escadron de cuirassiers blancs, dits « de la Reine » (6 officiers, 135 soldats et 160 Chevaux) prend position à Sainte Maure. A sa tête le Lieutenant Von Kirschbac, qui s’installe chez le Notaire Maître Viau, Place du marché. Ses troupes devaient contrôler la Chapelle Blanche (Mr Jasnin Maire), Bournan (Mr Marchais Maire), Ligueil, Saint Epain, Sainte Catherine de Fierbois, Noyant, Pouzay de Neuil et Bossée.

Le 11 février l’administration prussienne exige du Département d’Indre et Loire la somme de 7 millions comme « contribution de guerre ».

Dès le lendemain les Maires des communes ci dessus (4), reçoivent une convocation à Sainte Maure pour connaître les conditions d’approvisionnement et les rations à fournir aux soldats. Le choc a été très brutal pour la population car notre région n’avait plus connu d’occupation par des soldats étrangers depuis des siècles. Même en 1815 les armées coalisées anti-napoléoniennes s’étaient arrêtées à Tours!

Madame Raymonde Janvier écrit dans le bulletin communal de la Chapelle Blanche en 1988 (1): « Du 28 février au 7 Mars, nous ne savons pas combien il y eu de prussiens dans le village même, tout ce que l’on sait c’est qu’ils ont fait en peu de temps une dépense de 845,54 Frs en pain, viande, fourrage, avoine, paille, sans compter ceux logés au château de Grillemont: 16 hommes et 18 chevaux qui ont coûté 212 Frs pour les hommes et 270 Frs pour les chevaux, soit au total 1427 Frs (quand le budget annuel de la commune tournait autour de 6000 Frs ».

Ce à quoi il faut ajouter une « indemnité de guerre » dévolue à la commune de la Chapelle Blanche soit 2839,50 Frs. Sepmes fut sollicitée pour 2765 Frs, et Sainte Maure pour 9718 Frs.

A la Chapelle Blanche « la commune décida de vendre un terrain communal de 4 ha, soit 2087,50 Frs auxquels s’ajouteront 240 Frs de concessions au cimetière. Quant à « l’indemnité d’occupation » 4 personnes se sont offertes de prêter la somme à 5%: Mr Brunet: 2000 Frs; Mr Lecointre: 1000 Frs; Le curé Brissard: 600 Frs, Mr Berthault: 300 Frs; soit 3900 Frs.

On imagine bien que la situation fut difficile aussi à Bournan. A Sepmes Le conseiller Alfred Rabault, viticulteur, proposa de prêter 2765 Frs à 6%. Le comte Ludovic de Poix paya une partie. « Cette somme a été versée aux avant-postes prussiens de Sainte Maure » (2)

Bien que les préliminaires de paix aient été ratifiés le 26 février, l’emprise militaire augmenta avec le remplacement de l’escadron de Von Kirschbac par « l’installation d’un Bataillon du 57 ème de ligne, deux escadrons de uhlans et d’une batterie d’artillerie formant un effectif de 51 officiers, 1067 hommes et 303 Chevaux ». (3) Ces troupes occupèrent les mêmes communes et le compte de l’hébergement des troupes prussiennes s’élève alors à 35387,20 Frs; surtout pour des frais de « journées d’officiers » ou « journées d’hommes » ou « journées de chevaux »…

La paix étant finalement signée le 1° Mars, le Prince Frédéric-Charles quitte la ville de Tours le 6, suivi le lendemain par le comte de Koenigsmarck et les armées prussiennes.

Dans les années qui suivirent le gouvernement a pu rembourser progressivement les sommes engagées, soit pour la constitution de l’armée de la Loire, soit pour les indemnités d’hébergement soit pour les indemnités de guerre, grâce aux emprunts qu’il fera et qui seront très facilement couverts. Rappelons que l’indemnité de 5 milliards or réclamée par Bismarck a été  couverte en 6 heures par un appel à l’emprunt le 27 juin 1871! Rappelons aussi qu’une « aide substantielle de 1700 Frs a été offerte à la commune de Sainte Maure par la ville de Boston pour soulager les misères occasionnées par l’occupation prussienne » (2).

Le 15 janvier 1875 tout était enfin réglé définitivement et le produit des 20 centimes additionnels votés en 1872 « pour le paiement des dépenses prussiennes » devenait sans emploi.

Mais l’Alsace et la Lorraine étaient devenues provinces de l’Empire allemand proclamé le 18 janvier 1871 par le Kaiser dans la galerie des glaces du château de Versailles. Tout est en place pour la fin de l’Europe.

Bibliographie

1- Janvier R. Bulletin de la Chapelle Blanche Saint Martin n°11. 1988

2- Pontonnier J. Sainte maure pendant la guerre de 1870-71. Société archéologique de Touraine.

3- Martin Tiffeneau. M. Sainte Maure de Touraine des origines à 1900

4- Bournan. Site internet de la commune.

2 réflexions sur “Les prussiens et la Riolle (2) L’occupation et la rançon”

    1. Merci à vous pour votre lecture fidèle et attentive. C’est une joie de penser que les informations de notre petite vallée intéressent une lectrice australienne…même si elle se souvient de ses racines bournanaise. Amitiés du bout du monde.

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